Date de sortie 31 décembre 2014
Réalisé par Patrice Leconte
Avec Christian Clavier, Carole Bouquet, Valérie Bonneton,
Rossy de Palma, Stéphane De Groodt, Sébastien Castro,
Arnaud Henriet, Christian Charmetant
Genre Comédie
Production Française
Scénario, adaptation, dialogues de Florian Zeller
À l'origine, Une heure de tranquillité est une pièce de Florian Zeller qui l’avait mise en scène en 2013 au Théâtre Antoine avec Fabrice Lucchini dans le rôle de Michel. La pièce fut un succès tant critique que public.
Synopsis
Michel Leproux (Christian Clavier), passionné de jazz, vient de dénicher un album rare qu’il rêve d’écouter tranquillement dans son salon. Mais le monde entier semble s’être ligué contre lui.
Nathalie, (Carole Bouquet) sa femme choisit justement ce moment pour lui faire une révélation inopportune.
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Son fils Sébastien (Sébastien Castro) débarque à l’improviste. Son voisin inondé frappe à la porte, et Maria (Rossy de Palma) sa bonne espagnole ne cesse de le harceler…Quant à Elsa, (Valérie Bonneton) sa maîtresse, elle menace de révéler à sa femme leur liaison.
Sans parler du fait qu’il s’agit ce jour-là de la fameuse Fête des Voisins…
Manipulateur, menteur, Michel est prêt à tout pour avoir la paix. Est-il encore possible, aujourd’hui, de disposer d’une petite heure de tranquillité ?
Entretien avec le réalisateur. Patrice Leconte
Racontez-nous la genèse du film.
Marc Missonnier et Olivier Delbosc, les producteurs d’Une promesse, mon dernier long-métrage, étaient convaincus que la pièce de Florian Zeller pouvait donner matière à un film. Je suis allé la voir jouer au théâtre Antoine et, quoique conscient de la nécessité d’un gros travail d’adaptation, je suis aussitôt tombé d’accord avec eux.
Qu’est-ce qui vous séduisait dans ce projet ?
Il me touchait. Très égoïstement, je m’y suis retrouvé. Hyperactif depuis tant et tant d’années et faisant délibérément un tourbillon de chacune de mes journées, j’aspire à me poser, comme en rêve le personnage principal joué par Christian Clavier : ne rien faire durant une heure; prendre le temps de rêvasser, fumer une cigarette et regarder passer les nuages... Nos vies, spécialement dans les grandes villes, sont frénétiques.
Une heure de tranquillité brosse le portrait d’un formidable égoïste… Peu lui importent les révélations que sa femme souhaite lui faire, les états d’âme de sa maîtresse ou ceux de son voisin. Il n’a qu’une idée en tête : écouter cet album de jazz, Me, Myself and I – soit dit en passant, un titre formidable - d’un certain Neil Youart qu’il recherchait depuis des années…
Il m’évoque le personnage d’une pièce de Françoise Dorin qu’interprétait Paul Meurisse de manière épatante; un portrait très brillant, tout à fait dans la tradition de Molière. En revisitant ce thème et sans plagier qui que ce soit, Florian Zeller brosse celui d’un autre égoïste – idéal, réjouissant et sensationnel - qui peut nous servir à tous de paratonnerre : ce type cristallise tous nos défauts. On peut se moquer de lui : on ne s’en sent pas moins secrètement montré du doigt et on se réjouit d’autant plus de ses ennuis qu’il est odieux. S’il était gentil, cela ne nous ferait pas rire.
Avec ses grands yeux sombres, la petite Philippine qui l’observe durant tout le film est un peu notre conscience à tous…
C’est un personnage très important : elle est la seule à lui tendre un miroir pour qu’il se voie vraiment. C’est grâce à elle et à son regard qu’il a finalement l’idée d’aller écouter son disque avec son père qui l’a initié au jazz lorsqu’il était enfant. Cette démarche sentimentale le rachète de tout ce qu’il a pu exprimer de détestable.
Vous dites souvent ne pas chercher à rendre votre époque à l’écran. Au-delà de la comédie, Une heure de tranquillité reflète pourtant l’air du temps : le rite de la Fête des Voisins, l’ouvrier portugais qui se fait passer pour polonais…
J’ai souvent, c’est vrai, la volonté d’échapper à la réalité du moment. Mais il arrive qu’elle me rattrape : sous couvert de comédie, Viens chez moi, j’habite chez une copine et, plus tard, Une époque formidable, de Gérard Jugnot, étaient des comédies témoins de leur temps. À sa manière, Une heure de tranquillité l’est également. Et ça ne me déplaît nullement.
Fabrice Luchini, qui interprétait le rôle de Michel dans la pièce, a fait un tabac au théâtre. On aurait pu s’attendre à ce qu’il reprenne son rôle…
En écrivant l’adaptation, Florian Zeller était convaincu qu’il adorerait le projet et, de mon côté, je me régalais à l’idée de le retrouver. Nous avions tourné un film ensemble Confidences trop intimes – avec Sandrine Bonnaire – et nous nous étions très bien entendus. Mais Fabrice a finalement préféré renoncer au film – il trouvait qu’il avait déjà passé trop de temps avec ce personnage. Lorsqu’il a déclaré forfait, nous avons immédiatement pensé à Christian Clavier, avec qui je rêvais de retravailler depuis Les Bronzés 3. Christian a adoré l’écriture de Florian Zeller et nous a aussitôt donné son accord. En posant une condition : il ne voulait pas que le film soit un show Clavier et tenait à l’idée d’un film de groupe. J’ai aimé sa démarche : il y a quelque chose d’étincelant dans le personnage qu’il interprète et qui reste le personnage central mais les acteurs qui l’entourent, Carole Bouquet, Valérie Bonneton, Rossy de Palma, Stéphane De Groodt…, ne sont pas des clowns blancs.
Le film est très différent de la pièce…
La trame est évidemment la même mais ce qui n’existait qu’en filigrane dans le spectacle a été considérablement développé. Certains personnages, comme celui du fils, joué par Sébastien Castro, ont foncièrement changé, tout comme la famille de Philippins, l’ouvrier portugais, la femme de ménage, la fête des voisins... Et puis, au lieu de se passer dans un salon, le film se déroule dans un appartement, avec des chambres, des couloirs, des paliers, des escaliers, un ascenseur... C’est une formidable aire de jeu pour un réalisateur. On n’est plus du tout au théâtre.
Une heure de tranquillité renoue avec Les Fâcheux de Molière et l’esprit des comédies de Feydeau. Mais le film a aussi un côté très british…
Je prends cela comme un compliment magnifique. Sans renier la tradition de la comédie française, sentimentalement et artistiquement, je me sens plus proche de l’humour anglo-saxon.
Valérie Bonneton
Revenons aux "fâcheux" du film, tous "affreux", tous coupables de trahison, mais finalement tous très attachants.
Ils sont tous un peu bord cadre mais je ne vois pas qui, parmi eux, on pourrait détester. J’ai toujours été incapable de mettre en scène des gens que je n’aimais pas. Je suis ému par Nathalie, le personnage de Carole Bouquet, confondu de tendresse pour Elsa, celui de Valérie Bonneton, complètement larguée à force d’aimer un type qui se fiche d’elle. Je me sens, moi aussi, prêt à dépanner Pierre, que joue Christian Charmetant, un raté fini mais vraiment attendrissant. Et même Pavel, qu’interprète Stéphane De Groodt, qui organise la Fête des Voisins et qui est un fâcheux effarant, me touche. C’est Séraphin Lampion dans les albums de Tintin; un emmerdeur de première, mais avec une telle puissance de conviction, un tel enthousiasme !
Vous le rendez presque méconnaissable.
Je trouvais qu’on l’avait beaucoup vu récemment et j’avais envie qu’il change de tête. Ce n’est pas grand-chose : une paire de lunettes avec une monture sécurité sociale qui lui fait un drôle de regard, de la gomina dans les cheveux… C’est merveilleux lorsque les comédiens acceptent de jouer le jeu.
Avec Christian Clavier, Carole Bouquet, Valérie Bonneton, Rossy de Palma dans la distribution, on retrouve votre penchant pour les acteurs populaires.
J’adore les acteurs ! Et c’est tellement confortable de travailler avec ceux qui sont connus : ils vous font gagner un temps fou sur le scénario. Lorsqu’une porte s’ouvre et que vous voyez entrer Carole Bouquet, vous n’avez aucun besoin de raconter qui elle est ni d’où elle vient : elle est le personnage. Tout va très vite. C’est beaucoup plus difficile avec un comédien inconnu.
Parlant de rythme, le film a un tempo incroyable.
Je cadre toujours moi-même mes films. Même si je n’ai plus tout à fait 25 ans, j’ai décidé de tourner celui-ci entièrement caméra à l’épaule. Je voulais que la caméra soit un des personnages du film, qu’on ne s’installe pas dans le confort d’un tournage bourgeois – même si on filmait des bourgeois – que ça bouge, que ça aille à toute berzingue, qu’on ait presque le sentiment d’un « reportage ».
Pour éviter que chaque plan nécessite des heures d’installation, avec mon chef opérateur, Jean-Marie Dreujou, nous avons pré-équipé tout l’appartement, qui avait été reconstitué en studio. Lorsque nous tournions dans la salle de bains, nous appuyions sur un bouton et, selon l’axe dans lequel nous étions, nous engagions telle ou telle lumière. Lorsque nous tournions dans une autre pièce, pareil.
Et J’avais exigé des acteurs qu’ils sachent leur texte au rasoir. Il nous est arrivé de tourner cinquante-deux plans dans une seule journée ; trois prises, on en refait une petite, et hop !, on passe au plan suivant. On a réalisé le film en cinq semaines et j’ai adoré cette énergie incroyable même si, au final, j’en suis sorti sur les rotules.
Comment réussir à aller à 250 à l’heure sans perdre de vue les enjeux humains, émotionnels et sentimentaux qui animent de façon très palpable les scènes et les personnages ?
C’est précisément ce qui est intéressant : si l’on va trop vite en besogne, les personnages deviennent des marionnettes et je ne trouverais aucun intérêt à en tirer les fils. Ce qui m’anime, en dépit des contraintes du rythme et du genre – ici la comédie –, c’est de continuer à filmer les gens ; des personnages de fiction, certes, mais dans lesquels on peut toujours se reconnaître; dotés d’une vraie humanité. S’ils s’agitent en vain devant nous sans qu’on puisse s’identifier à eux, c’est raté. Rossy de Palma, qui interprète la femme de ménage espagnole, est extravagante, elle est baroque et surréaliste ; on pourrait la croire sortie d’un film de Pedro Almodóvar et, malgré tout, elle est vraie. Je ne pourrais pas mettre en scène un film qui serait déconnecté de la vraie vie.
Revenons à la vitesse à laquelle file le film. Les personnages sont tellement pris par les événements qu’ils n’ont pas le temps de s’apitoyer sur eux-mêmes… Et encore moins sur les autres.
Oui, grâce à elle, on reste toujours à la lisière des émotions. Sans me comparer à eux, ce qui serait d’une prétention folle, Cukor et Capra étaient des cracks en la matière. Capra chronométrait ses prises. Si elles duraient quinze secondes, il demandait à ses comédiens d’essayer de les jouer en douze. Ceux-ci s’exécutaient tout en restant dans le sentiment de la scène, et cela confère à ses films un rythme incroyablement enlevé. Les émotions des héros, leur brièveté, font contrepoint aux moments de pure comédie et donnent du fond et de la profondeur au propos.
La musique, signée d’Eric Neveux, est très présente.
Ce n’était pas facile d’en imaginer une pour ce film et, du reste, tout le monde était persuadé qu’il y en aurait très peu. Eric, avec qui je travaille pour la première fois, et moi, étions, au contraire, convaincus qu’elle pouvait renforcer le rythme, déjà musical, de l’histoire. Je ne peux pas imaginer faire des films sans musique, celui-ci en est une preuve de plus.
Un mot sur le montage ?
Je monte toujours mes films assez vite. Joëlle Hache, la monteuse avec qui je travaille depuis des années, et moi, montons en parallèle du tournage. La difficulté, dans le cas d’Une heure de tranquillité, était la peur de manquer de recul une fois le film terminé. Nous avions peu de temps.
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Sources :
http://medias.unifrance.org
Mon opinion
Pour ce film de commande, inspiré de la pièce éponyme de Florian Zeller, Patrice Lecomte se cogne aux murs de l'appartement dans lequel se situe pratiquement toute la durée de ce "court" long-métrage.
À peine 1h20, largement suffisant, pour constater qu'à aucun moment le réalisateur ne trouve le rythme indispensable afin de ne pas verser dans le vide total. Les portes qui claquent vous empêcheront peut-être de sombrer dans un profond sommeil.
Les talents de Fabrice Luchini, Christiane Millet et Chloé Lambert qui excellaient au théâtre ne trouvent aucun écho dans le très pâle reflet de ce que voudrait être le film.
Seul, Stephane de Groodt réussit le tour de force d'arracher de rares sourires.
Grosse déception pour ce dernier film que je vois en 2014. Là où je pensais m'amuser, l'ennui m'a envahi.
Date de sortie 19 novembre 2014
Réalisé par Patrick Wang
Avec Sebastian Banes, Patrick Wang, Trevor St. John,
Lisa Altomare, Susan Kellermann, Conan McCarty,
Harriett D. Foy, Georgie DeNoto, Juliette Angelo
Genre Drame
Production Américaine
C’est après sa rencontre avec Evan Wolfson, un avocat des droits civiques d'exception, que Patrick Wang a commencé la préparation de son film. L’avocat, ne comprenant pas pourquoi un mariage entre deux personnes du même sexe pouvait attirer autant de réfractaires, expliqua au réalisateur que ce malaise ne devait pas être imputable seulement à une regrettable étroitesse d'esprit : "Ces mêmes personnes qui ne sont pas à l'aise avec le sujet ont aussi en eux quelque chose qui sert ce pays depuis longtemps : le désir sincère d'être équitable, de se montrer juste. Si l'on raconte une histoire qui montre que les choses telles qu'elles sont aujourd'hui blessent des familles, éprouvent des gens qui s'efforcent de vivre dans la dignité, ce désir d'équité peut prendre le pas sur le malaise initial. C'est parfois par ce biais que les changements se font. Cet esprit d'optimisme et de générosité a été l'un des déclencheurs pour écrire le film", explique Patrick Wang, à la fois réalisateur, producteur, scénariste et acteur.
Un tout premier film qui arrive miraculeusement sur nos écrans.
Une bombe de douceur dans le cinéma d’auteur américain.
Terminé en 2011, In the Family aura mis trois ans à nous parvenir et, sans la curiosité de son distributeur français, il aurait pu rester sur les étagères d’un petit DVD store new-yorkais encore longtemps. Il n’est même pas officiellement sorti aux États-Unis, si ce n’est au coup par coup, dans quelques salles défricheuses des grandes métropoles.
Disons-le, In the Family est un coup de tonnerre dans le ciel un peu trop bleu du cinéma indépendant américain.
Extraits de propos relevés sur : http://www.lesinrocks.com. Pour lire l'article dans son intégralité, cliquez ICI !
Patrick Wang, Sebastian Banes et Trevor St. John
Synopsis
À Martin, dans le Tennessee, Chip Hines (Sebastian Banes), un jeune garçon précoce de 6 ans, ne connaît que la vie avec ses deux papas, Cody (Trevor St. John) et Joey (Patrick Wang).
Et dans un quotidien à la fois tendre et complètement banal d’une famille homoparentale, c'est une belle vie !
Quand Cody, le père biologique, meurt brutalement dans un accident, c'est avec force que Chip et son père adoptif réagissent afin de surmonter cette perte et continuer la vie qu'ils avaient commencée à construire à trois.
Mais Eileen la sœur de Cody révèle à Joey qu'un vieux testament établi à la naissance de Chip, peu avant qu'il ne fasse partie de la famille, la désigne comme tutrice de l'enfant. Au début, celle-ci promet que l'enfant sera toujours en contact avec Joey mais finit par changer d'avis.
Les années d'intégration de Joey dans la famille s'effritent peu à peu alors que Chip lui est enlevé. Joey, légalement, n'est rien pour l'enfant. Tous les avocats refusent donc de le défendre. Sauf un, qui se propose de porter un autre regard...
À l'incompréhension succède la colère et l'impossibilité pour Joey de trouver une solution.
La loi n'est pas de son côté. Il peut compter sur le soutien de ses amis, tous acquis à sa cause... Fort de leur soutien et des souvenirs avec Cody, il cherchera un chemin vers la paix avec cette famille qu'il considérait comme la sienne avant le drame, et essayera ainsi de se rapprocher de son fils.
Le réalisateur Patrick Wang n’avait, à l’origine, pas vraiment l’intention de jouer dans son film. Il précise : "C'est mon producteur qui m'a suggéré de jouer Joey. Il avait produit des courts métrages dans lesquels j'avais joué, et quand je lui ai parlé du projet, il a eu le sentiment que je pouvais jouer ce rôle, qu'au lieu de passer du temps à trouver un acteur et à lui expliquer le personnage, je devrais le faire. J'ai mis un moment à même accepter d'y songer puis, pendant plusieurs semaines, je me suis auditionné moi-même histoire de vérifier que je ne courais pas droit à la catastrophe."
In the Family est un drame sensible et subtil qui, après une tumultueuse carrière aux Etats-Unis, arrive à point nommé sur nos écrans pour redéfinir ce qui forme une famille.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter l’histoire d’In the Family ? Y a-t-il eu un point de départ particulier ?
Ce fut moins un unique point de départ qu’une série de plusieurs petites étincelles. Il y a quand même une image d'où tout est parti : deux pères qui jouent au football avec leur enfant. C’est une scène à laquelle je n’ai pas assisté mais qui m’est venue à l’esprit, et j’avais envie de savoir ce qu’il pouvait y avoir derrière, comme histoire. C’est ce qui m'intéresse le plus : susciter la curiosité et la satisfaire, partir d’une image pleine de potentiel et développer... C’est une origine très modeste ! Mais cette image très simple, je l’ai filmée telle qu’elle, on la voit au tout début du film.
Aux États-Unis, le film a eu du mal à trouver sa place dans les festivals et a finalement eu une carrière inattendue, puisque vous avez décidé de l’auto-distribuer, c’est bien cela ?
C’est vrai que beaucoup de festivals l’ont rejeté, aux États-Unis comme en Europe, y compris à Cannes. La plupart des rejets sont d’ailleurs venus de festivals LGBT, et ça a presque fini par me convaincre que j’avais fait une terrible erreur. Parmi tous ceux qui le voyaient, personne ne l’aimait, et je me suis sérieusement demandé d’où venait le problème. Ça m’a presque rendu fou. J’ai donc décidé de le distribuer par moi-même : j’ai loué une salle à New York pendant une semaine, j’ai invité des critiques, mais je voulais surtout voir si le public, lui, allait venir. Il devait bien exister un public pour ce film ! Et effectivement, le phénomène s’est inversé. Le public est venu est c’est lui qui a lancé la carrière du film. Pourquoi cela s’est fait comme ça ? Je l’ignore. Peut-être que les professionnels ont eu peur que le film soit difficilement rentable ?
Par la suite, j’ai fait le tour des États-Unis avec mon film sous le bras, jusqu’au Canada, j’ai été dans des villes dont je ne savais rien, et où aujourd’hui j’ai des amis. J’ai beaucoup appris sur ces endroits, rien que par la manière dont les spectateurs ont réagi au film. Certains réalisateurs n’aiment par voir leurs propres films et assister à des projections publiques, moi j’adore ! J’aime l’expérience en salle, j’aime sentir les réactions du public en direct, qu’elles soient positives ou négatives. Et ce sont ces projections qui font qu’aujourd’hui le film sort de manière plus officielle. Si aujourd’hui Ed Distribution distribue mon film, c’est parce qu’à la base, quelqu’un l’a vu à l’une de ces projections, on n’est pas passé par un vendeur international ou un gros festival. Et quelque part, ça correspond bien au côté artisanal du film.
Patrick Wang et Sebastian Banes
On pourrait presque faire un parallèle entre le rôle actif que vous avez dû prendre pour faire circuler In the Family, et le fait que le film demande à son tour au spectateur un visionnage qui ne soit pas passif. Si le spectateur sait porter attention au détail et se fond dans le rythme du film, sa patience est récompensée.
Il y a effectivement un parallèle à faire, ne serait-ce que parce que dans ce cas, c’est un procédé qui prend du temps ! Dans le film, Joey a des amis qui le supportent, mais ils ne lui apportent pas de réponse toute faite à ses problèmes. J’ai eu beaucoup de déceptions et désillusions dans le parcours de ce film, mais je me suis fait de nombreux amis qui, même s’ils n’ont pas résolu directement les problèmes, m’ont porté vers la situation où je suis aujourd’hui.
Était-ce votre intention dès le départ de délibérément éviter toute scène attendue et un peu cliché, telles que les crises de larmes ou les engueulades ?
Je pense notamment à la manière dont vous filmez la scène d’annonce du décès depuis une certaine distance, presque depuis une autre pièce, et on ne distingue plus les visages des personnages. Comment avez-vous travaillé cet équilibre entre ce que vous désiriez montrer et cacher ?
Oui, et je suis très content que vous employiez le terme d’équilibre, parce qu’il ne s’agit pas d’une règle absolue du style "il ne fait jamais filmer tel ou tel truc" mais il y a un mouvement de va et vient à trouver entre ces deux manières de faire : montrer ou ne pas montrer. Si, dans mon film, je ne vais pas vers les choses évidentes, c’est précisément parce qu’elles sont déjà évidentes ! Vous n’avez pas besoin de moi pour savoir que la mort c’est triste. On n’a pas besoin qu’on vienne nous dire ce que c’est que d’être humain, parce que nous le ressentons tous déjà. Ces choses-là, je préfère les sous-entendre que les montrer. Il faut aussi laisser de la place pour le spectateur : si je filme le visage d’un acteur en gros plan, cela limite ce que le spectateur va ressentir, imaginer et penser, cela le met sur une piste trop étroite. Pour la scène dont vous parlez, j’ai voulu filmer depuis l'extérieur de la pièce parce que je voulais nuancer, laisser entrer d’autres éléments et sentiments. Cela permettait de rendre tout son poids à cette terrible nouvelle, bien plus que si j’avais filmé des larmes. Aller directement à l’essentiel c’est aussi s’empêcher de regarder ailleurs, or c’est souvent en regardant ailleurs qu’on trouve les choses les plus intéressantes.
Sebastian Banes et Patrick Wang
C’est pour cela que vous n’utilisez ici presque jamais de gros plan ?
Exactement. On pourrait croire que le protagoniste aurait droit à plus de gros plans que les autres, mais son ressenti face à ce qu’il traverse est déjà clair. Les gros plans trouvent un usage plus intéressant vers la fin, lorsque ses sentiments deviennent beaucoup plus complexes.
L’une des singularités du film, c’est aussi la longueur de certaines scènes, qui continuent à vivre et surprendre au-delà de leurs simples enjeux informatifs et narratifs. Le fait que vous jouiez le rôle principal en même temps que vous assuriez la mise en scène a-t-il eu des conséquences sur la durée et le flux des scènes ?
On pense toujours qu’un réalisateur impose à son film un rythme ou une longueur. Pourtant, si j’avais suivi mon premier instinct, les scènes auraient été courtes, parce que Joey réagit le plus souvent de manière assez simple et directe, il réagit rapidement. Et les autres personnages, non. La longueur des scènes vient donc le plus souvent des autres personnages. Lors du tournage, je demandais à chaque fois à ma scripte la durée de la scène qu’on venait de terminer, et elle me donnait à chaque fois un chiffre bien supérieur à ce que j’imaginais, souvent deux fois plus long ! L’explication était simple : dans le scénario j’avais écrit des lignes de dialogues qui s’enchainent, mais au moment de les jouer, les acteurs ont à leur tour écrit des pensées intérieures entre ces lignes, et c’est très bien. Depuis, quand dans un film je vois une scène de dialogue qui a visiblement été remontée, je me demande ce que cela aurait donné si le réalisateur avait conservé les blancs inévitables entre les répliques…
Susan Kellermann et Zoe Winters
J’ai cru comprendre que vous avez tourné beaucoup de scènes en prise unique ?
Parfois. Il n’y a pas de récompense pour celui qui arrive à tourner la scène la plus longue, et il n’y a en n’a pas non plus pour celui qui arrive à faire le moins de prise, donc ce n’était pas un but. La scène où Joey et son fils reviennent chez eux après l’accident et que le fils offre une bière à son père, c’était la première prise, il n’y avait pas besoin de la retourner. Pour d’autres scènes, il a fallu faire vingt prises. Tout dépend de ce qui sied à la scène. C’est la même chose pour le style de mise en scène, des fois il est très conventionnel, et des fois beaucoup plus étrange.
Au moment de l’écriture, comment avez-vous appréhendé la scène-clé du film, celle de la déposition en groupe avec les avocats ? L’avez-vous tout de suite envisagée comme le cœur du film, la plus forte en terme de ressenti ?
Elle se détache des autres scènes parce qu’elle est filmée en temps réel. Quand j’ai commencé à imaginer cette histoire, une fois que l’image de la famille jouant au foot s’est transformée en récit, je me suis dit que ça allait forcément finir avec un procès et un jugement. On s’attend à ce que ça ne puise se régler qu’au tribunal. Mais je voulais éviter de faire intervenir quelqu’un d’extérieur à cette famille, et que cette personne endosse le rôle du méchant.
Si cette scène est puissante, c’est aussi parce qu’à mon sens, elle fonctionne comme une métaphore du coming-out. Pendant tout le film, Joey souffre en silence, on attend qu’il trouve la force de se battre, et enfin il finit par dire son histoire, sans violence ni agressivité. Il dit enfin qui il est.
Dans la vie il y a des gens que l’on connait très bien depuis longtemps, qui nous sont très proches, et on se rend compte qu’ils n’abordent jamais certains sujets, par exemple leurs parents ou leur absence… On n’a pas toujours l’occasion de parler des choses qui ont été si fondamentales dans notre construction, et on peut avoir peur de leur demander pourquoi. Tout ça pour dire que parler de soi, ce n’est pas toujours si commun qu’on ne le croit. Je crois que c’est pour ça que cette scène fonctionne.
Il y a en plusieurs scènes où les personnages discutent, parlent par dessus les autres à tel point qu’on ne distingue parfois pas forcément l’intégralité des dialogues. Ce qui arrive dans la vraie vie mais rarement au cinéma. D’une certaine mesure, on perd alors un peu du sens, mais le film y gagne beaucoup, jusqu’à atteindre un sentiment d’intimité rare. Dans quelle mesure ce sentiment est-il justement renforcé par votre travail autour du son ? C’est un aspect que vous avez particulièrement travaillé ?
Tout à fait. Ce à quoi l’on n’a pas accès, tout ce qu’on ne voit pas, c’est une part très importante de nos relations avec les gens. Tout ce qu’on ne connait pas sur le gens les rend plus intéressants. Si le son est toujours parfait, vous n’avez aucun boulot à faire en tant que spectateur. Je suis content que vous ayez remarqué que cela provenait aussi du son.
Un certain détail a beaucoup été remarqué à propos du film : les mots "gay", "homosexuel" ou"mariage" n’y sont jamais prononcés. C’était intentionnel dès le départ ?
Au début non. Je m’en suis rendu compte à mi-chemin de l’écriture du scénario, et j’ai trouvé ça intéressant, j’ai donc continué. Ces mot sont des mots très forts pour parler d’identité, et de par leur potentiel politique, ils peuvent faire peur à certains et les mettre directement sur la défensive. Or je voulais que le film soit accueillant, et parfois il faut savoir omettre certains termes sur lesquels les gens se focalisent, alors que si on montre un couple homo sans rien dire, la plupart du temps cela passe. Les personnages ne se présentent pas en disant "nous sommes gay", et par conséquent le spectateur a envie de leur demander "qui êtes vous ?" et s’intéresser à eux (rire).
Envisagez-vous In the Family comme un film potentiellement éducatif, dans le meilleur sens du terme ?
Oui, mais la question que je me suis posé n’est pas "qu’est ce que je pourrais enseigner aux gens" mais "qu’est ce que je peux personnellement retirer de ce film ?". Je connais dans ma vie des gens tels que Joey, et je les considère comme des héros. Avec ce film, j’ai essayé de me mettre à leur place, pour comprendre quelles étaient leurs vies. Et j’ai énormément appris, sur moi-même et les autres.
Entretien réalisé par Gregory Coutaut le 4 novembre 2014 avec Patrick Wang
Pour filmdeculte.com
Le père de Patrick Wang est décédé deux semaines après la fin du tournage. Le réalisateur a tenu à lui rendre hommage, et à lui donner une place dans son film : "Le personnage de Joey, même s'il n'est pas mon père à proprement parler, partage son état d'esprit. Mon père était un immigrant, j'ai pensé à lui pour les scènes où Joey se perd dans des méandres juridiques. Il est propulsé en territoire inconnu, dépendant de la bonté d'âme d'étrangers, mais avec un peu de chance et beaucoup de travail, il finit par trouver son chemin."
Sources:
http://www.allocine.fr
Date de sortie 24 décembre 2014
Réalisé par Ridley Scott
Avec Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro,
Aaron Paul, Ben Mendelsohn, Sigourney Weaver,
María Valverde, Tara Fitzgerald, Golshifteh Farahani, Hiam Abbass
Genre Péplum
Production Américaine, Britannique, Espagnole
Quatorze ans après avoir ressuscité la Rome des péplums avec Gladiator, Le réalisateur Ridley Scott déterre les dix commandements avec Exodus: Gods And Kings
Synopsis
Moïse (Christian Bale), un notable de la cour d'Égypte, est uni par une amitié fraternelle, teintée de rivalité, au futur pharaon Ramses (Joel Edgerton). Ils ont été élevés ensemble alors que Moïse n'est pas du sang du roi Sethi (John Turturro).
Joel Edgerton et Christian Bale
Sethi a toujours préféré Moïse un jeune homme pondéré et sage. À la mort de Sethi le trône revient au volcanique Ramses. Les dissenssions éclatent vite entre les deux hommes très différents.
Moïse, athée convaincu, apprend qu'il est d'origine juive, sauvé des eaux par une princesse et élevé par sa sœur, la servante Miriam (Tara Fitzgerald). En plein doute sur ses origines, il finit par être démasqué par Ramsés, qui sur les conseils de sa mère Tuya (Sigourney Weaver), le fait emprisonner.
Chassé dans le désert, Moïse se réfugie chez des bédouins où il prend pour femme Sephora (María Valverde) et devient berger. Après l'épisode du buisson ardent, par lequel Dieu l'appelle, il décide de retrouver le peuple hébreu, esclave des Égyptiens, pour le guider vers la Terre promise.
María Valverde
Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.
Ridley Scott avance le nom de Ramses II (en réalité, les exégètes et spécialistes de la Bible hésitent quant au nom du pharaon).
Raconter dans son intégralité l'épopée de Moïse, personnage clé dans les trois religions monothéistes, aurait donné un film de quinze heures, notait récemment le réalisateur britannique, de passage à Paris.
"Moïse est devenu un symbole de salut et de révolution. C'était un libérateur. De l'archétype du collaborateur au sein d'un empire, il se transforme en victime puis en guide de son peuple", a déclaré Christian Bale, qui incarne le prophète, lors d'une conférence de presse à Paris.
"C'est un personnage très humain, complexe et parfois contradictoire. C'est pour cela que (cette) histoire nous touche tous", a-t-il ajouté. Dans des entretiens à la presse américaine, l'acteur estimait que Moïse était "probablement schizophrène et l'un des personnages les plus barbares qu'(il) ait jamais rencontrés dans (ses) lectures".
Christian Bale a dit avoir vu, avant de tourner, Les dix commandements, le péplum réalisé en 1955 par Cecil B. DeMille, avec Charlton Heston dans le rôle de Moïse. Un acteur qu'il a trouvé "imposant" dans ce film. "J'ai pensé que je ne pouvais pas faire ça", a indiqué en riant le Britannique.
Il a avoué avoir surtout regardé La vie de Brian des Monty Python réalisé en 1979, une satire religieuse, et La folle histoire du monde, une comédie de Mel Brooks réalisée en 1981, une manière, selon l'acteur, de respirer un peu face à un personnage aussi dense que Moïse.
Joel Edgerton, parle de son rôle de Ramsès. "J'ai dû apprendre de nouveaux trucs d’acteur comme la calvitie", rigole l'acteur, crâne rasé comme le demande son rôle. "Et gérer des serpents. Ramsès adore les serpents. J'ai grandi avec les reptiles, donc pas de souci. Aucun problème pour se mettre des cobras autour du cou. Ils ne sont pas venimeux mais ils sont super lourds et peuvent vous étrangler." Pour son premier vrai blockbuster, Joel Edgerton a conscience que le film reste un pari. "Les gros films sont toujours des risques. Les gens viendront le voir parce qu'il sera tellement énorme. J'ai dit à Ridley : tu as ressuscité le genre avec Gladiator , tu vas l'enterrer avec Exodus: Gods And Kings."
Joel Edgerton
15 000 personnes ont passé un casting pour faire partie de la figuration d'Exodus : Gods And Kings. Au final, environ 4 000 figurants ont été sélectionnés. Si autant de personnes se sont présentées, c'est principalement dû au fort taux de chômage en Espagne. La production donnait une indemnité journalière de 107 dollars pour chaque figurant. Afin de représenter le multiculturalisme présent en Égypte au temps de Moïse, la production a recruté des acteurs venus des quatre coins du monde. Ainsi, parmi les personnages secondaires et les figurants, ont compte des Iraniens, des Espagnols et des Arabes. Le réalisateur explique : "Comme c’est encore le cas aujourd’hui, l’Égypte est au carrefour de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Europe. Ce pays brasse un grand nombre de cultures. (...) De nombreuses théories s’affrontent sur l’ethnicité du peuple égyptien et nous en avons nous-mêmes beaucoup débattu."
Dans le désert d'Almeria, le décor planté par 120 personnes de la production a nécessité 3 mois d'intense travail. Par ailleurs, la Legión Española fournit 150 soldats pour jouer les figurants et aider à la logistique. "C’est bien, ils ne sont jamais en retard", plaisante un producteur.
Si l'époque de Ramsès II (-1304/-1213) est bien documentée grâce aux trouvailles archéologiques et aux travaux des historiens, la chef costumière Janty Yates confie pourtant s'être aussi inspirée d'Andreï Roublev d'Andrei Tarkovsky notamment pour les armures et les casques.
Pour les Nubiens, les photographies de la tribu des Noubas de Kau du Soudan, prises dans les années 1970 par Leni Riefenstahl, servirent de référence.
Janty Yates et Stefano de Nardis, costumiers sur le plateau d'Exodus : Gods and Kings, se sont retrouvés face à une multitude de costumes à créer, tant pour les personnages principaux que pour les figurants. Afin de finir dans les temps, ils ont monté une usine à Ouarzazate au Maroc, où travaillaient des tailleurs, couturières, brodeuses, ouvriers métallurgistes, cordonniers et bijoutiers.
Pour faire transparaître à l'écran l'importance de la femme à l'époque égyptienne, des costumes riches et imposants ont été créés pour Sigourney Weaver, qui joue la mère de Ramsès. La costumière Janty Yates explique : "Les tenues qu’elle porte, ses coiffures et ses sublimes bijoux soulignent les grandes ambitions qu’elle nourrit pour son fils."
Pour construire les décors d'Exodus : Gods And Kings, Arthur Max s’est rendu au British Museum et au Musée du Caire pour étudier les matériaux utilisés à l'époque de l'Ancienne Egypte. Le chef décorateur est aussi bluffé que Sylvestre Picard de la revue Première par le plateau : 1,5 kilomètre sur 800 mètres. "C’est mon plus gros plateau", dit Arthur Max, qui a pourtant travaillé sur Gladiator et Kingdom of Heaven. "Plus gros que les bureaux de la Fox à LA. En fait, le résultat à l’écran sera encore plus grand que tout ce que les Egyptiens ont construit." C’est dire l'échelle. "Depuis Cecil B. DeMille , on n'a jamais vu ça. À part Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz -mais ça, c'était la vision Las Vegas de l'Egypte." Le gigantisme du premier Dix commandements de Cecil B. DeMille réalisé en 1923 est son mètre étalon. "Ils savaient construire gros, à l'époque. Il n'y avait pas de syndicats." À contrario, la version de 1956 avec Charlton Heston est visuellement un contre-exemple, malgré son ampleur, et illustre "les clichés à éviter".
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Un grand spectacle au programme : "on se doit de construire, de ne pas tout faire en numérique, sinon c’est un cartoon et il n’y a pas d’excentricité à l’oeuvre", continue Arthur Max. "On travaille avec un universitaire sur les rituels, le protocole, l’architecture. Mais on ne fait pas un documentaire. On fait une version romancée de l’Égypte ancienne. Ce qu’on a fait avec Gladiator et la Rome impériale, Kingdom of Heaven et le Moyen-âge… En fait, notre principale inspiration, ce sont les peintres orientalistes du 19ème siècle comme Edward John Poynter. La vision victorienne de l’Antiquité…"
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On fait une version romancée de l’Égypte ancienne. Ce qu’on a fait avec Gladiatorr et la Rome impériale, Kingdom of Heaven et le Moyen-âge… En fait, notre principale inspiration, ce sont les peintres orientalistes du 19ème siècle comme Edward John Poynter. La vision victorienne de l’Antiquité…"
La reconstitution de la bataille de Qadesh a duré cinq jours et n'a pas été de tout repos pour l'équipe de tournage : plusieurs incidents naturels sont venus perturber le déroulement de la scène.
Une violente tempête a d'abord interrompu le tournage, inondant la zone et isolant une partie de l’équipe de la route.
Plus tard, une tempête de sable a balayé la plaine d’Alhamilla, abîmant les décors. La production a tout de même eu des moments plus calmes, comme un merveilleux coucher de soleil qui a été intégré au film.
Les moyens sont immenses. D’après le producteur Mark Huffam, c’est l'énorme carton aux USA en mars 2013 de la mini-série La Bible qui a poussé les studios à faire revivre la Bible au cinéma. "Que vous y croyez ou pas, ce sont de grandes histoire", résume Mark Huffam.
"Toutes les plaies d'Egypte seront là : des sauterelles en numériques, le Nil qui se transforme en sang", raconte le producteur. "Pour la pluie de grenouilles, on a utilisé 400 vrais batraciens. Aucun n'a été blessé" tient à préciser le producteur.
Les dix plaies d'Égypte
- Les eaux du Nil deviennent sang.
- Les grenouilles envahissent l’Égypte.
- Les mouches et les moustiques attaquent la population.
- Les vermines apparaissent.
- Une épidémie de peste attaque le bétail.
- Les habitants attrapent des furoncles (lèpre).
- La grêle détruit les récoltes.
- Les sauterelles dévorent la végétation.
- Les ténèbres règnent pendant trois jours.
- Les premiers-nés (hommes et animaux) égyptiens meurent durant la nuit.
Christian Bale
Sous un soleil de plomb, ceint d’une grande cape blanche, Christian Bale remonte majestueusement la rue à cheval (pas moins de 30 bâtiments) avec son escorte de cavaliers parée d’oriflammes violets. Il va inspecter le chantier de la statue de son demi-frère le pharaon. La vue est à couper le souffle : sur fond de flammes et de fumées noires, 400 figurants taillent des pierres autour de la tête inachevée de la statue de Ramsès, haute de 12 mètres. Moïse trotte devant un garde-chiourme qui fouette le jeune Joshua interprété par Aaron Paul, à moitié nu, le dos ensanglanté.
"C'est Ridley Scott qui ouvre la Mer Rouge", s’éblouit Aaron Paul, qui joue Joshua, ancien esclave devenu chef de guerre aux côtés de Moïse lors de l’Exode. La poursuite des Hébreux par les Égyptiens est le dernier acte du film. L’équipe a planté ses caméras sur la plage de l’île de Fuerteventura. Il souffle un vent biblique sur la deuxième plus grande île des Canaries, un paysage de désert volcanique dominé par des montagnes sombres et immenses. Sur la plage, l’équipe place de faux rochers pour figurer le fond de la Mer rouge. 235 figurants fuient tandis qu'une vingtaine de cavaliers menés par Moïse - avec plus de barbe, mais toujours son épée de prince égyptien - galopent dans le sens opposé, prêts à affronter les Égyptiens. Et toujours ce vent, incessant. "Le vent, la pluie, c’est bien", sourit Ridley Scott. Les yeux verts d'Aaron Paul brillent dans son visage buriné et barbu.
"J'ai fait pousser ma barbe pour le rôle. On me l'a fait raser. C'est un postiche qui demande 2h30 de boulot tous les jours." L’acteur et le réalisateur parlent religion. "J'avoue ne pas avoir été très très attentif en cours sur les religions", admet le réalisateur, dont l’oeuvre est franchement matérialiste et athée. "Fondamentalement, je suis agnostique. Ce qui veut dire "je ne suis pas sûr". Ou plutôt que j'ai le désagréable sentiment que tout ça est vrai…" Aaron Paul ajoute : "La Bible est un sujet sensible pour beaucoup de gens. Ca va faire polémique quoi qu'il arrive. Ca me plaît." Ridley Scott résume : "Moïse s'élève contre les milliers de dieux égyptiens au nom d’un seul Dieu. C'est une idée très moderne."
Mon opinion
Ridley Scott nous livre une nouvelle version de la vie de Moïse en se cantonnant à sa vie d'adulte.
Les points forts du réalisateur et ses mouvements de foule sont ici au summum. Les batailles, celle d'ouverture en particulier, ou la traversée de la mer Rouge pour conclure le démontrent, une fois encore, à grand renfort d'effets spéciaux mêlés à de splendides images. Il en va de même avec les courtes séquences pour illustrer les "dix plaies d'Égypte".
La photographie de Dariusz Wolski est très sombre. La religion, dont il est question dans le film est abordée, en s'appuyant sur la seule certitude que les fous de Dieu sont à craindre, toutes religions confondues. Pâle écho entre hier et aujourd'hui. Rien de nouveau donc.
Des grands noms du cinéma, tels que Golshifteh Farahani , Sigourney Weaver ou Ben Kingsley sont au casting pour une pâle participation qui peut se résumer à une simple figuration. Dommage.
Le "duel" Christian Bale, Joel Edgerton, faute d'être plus fouillé, m'a paru assez peu convaincant.
Bref, une déception au finish.
Sources :
http://www.premiere.fr - Sylvestre Picard
http://www.allocine.fr
http://electroshadow.com
http://www.lepoint.fr - Frédérique PRIS - © 2014 AFP
Date de sortie 17 décembre 2014
Réalisé par Eric Lartigau
Avec Louane Emera, Karin Viard, François Damiens,
Eric Elmosnino, Luca Gelberg, Roxane Duran, Stephan Wojtowicz
Genre Comédie dramatique
Production Française
- Césars 2015 Louane Emera Meilleur espoir féminin
Synopsis
Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula (Louane Emera), 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents (Karin Viard et François Damiens), notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique, Monsieur Thomasson, (Eric Elmosnino) qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte.
Louane Emera, Luca Gelberg, Karin Viard et François Damiens
Extraits d'Entretien avec Eric Lartigau
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
Les producteurs Philippe Rousselet et Eric Jehelmann m’ont envoyé le scénario. J’étais à l’époque au tout début d’un projet que je souhaitais écrire... sur la famille. C’est donc un thème qui me poursuit visiblement... ou que je poursuis. Alors que je ne me sentais pas disponible, j’ai dit un "oui" massif, définitif et immédiat à La Famille Bélier.
Pourquoi vous êtes-vous orienté sur ce projet là ?
De fait, je n’ai pas réfléchi ou négocié. Cette histoire m’a profondément touché. Je pourrais construire a posteriori un discours pour expliquer ce qui m’a plu et pourquoi j’ai choisi de faire ce film plutôt que l’autre, mais la vérité est que mon choix a été absolument impulsif. Sans doute que la famille est un sujet universel qui, d’ailleurs, a déjà été traité mille fois au cinéma. Ce qui me plait et m’intéresse, car il est l’endroit de l’épiderme... de toutes les émotions primaires, animales... J’aime. Le rire et les larmes. L’injustice de l’un confronté à la vérité de l’autre. En tant que metteur en scène, j’aime ne pas à avoir à choisir entre tous ces ressentis. J’aime la comédie comme le drame et j’aime plus que tout mêler les deux, comme dans la vie, quand d’une situation dramatique nait une situation drôle ou absurde...
L’histoire originale était de Victoria Bedos. Après avoir dit oui au projet, à la relecture et d’un commun accord avec elle et avec son coscénariste Stanislas Carré de Malberg, j’ai éprouvé le besoin de m’approprier cette histoire... Seul d’abord, puis avec Thomas Bidegain... mais tout était là. Il fallait juste faire de cette histoire la mienne. Victoria Bedos parle souvent, à propos de son écriture, de sa "petite musique". Restait à trouver la mienne puisque, désormais, j’avais à l’inventer en image.
Qu'est-ce qui vous a intéressé à titre personnel dans ce récit ?
Le thème du départ d’abord... la séparation, vécue comme un déchirement. Est-ce qu’on peut se quitter doucement ? Est-ce qu’on peut s’aimer très fort sans fusionner ? Comment laisser à chacun son espace de liberté ? Que deviennent nos regards sur l’autre qui évolue ? Et ce n’est pas parce qu’on s’aime très fort qu’on s’aime bien. Dans une famille, qu’est-ce qui construit, qu’estce qui porte, qu’est-ce qui étouffe ? Où placer le curseur dans ces choix ? La peur aussi, celle qui empêche, celle qui fige... La fin de l’adolescence est un moment-clé de la vie : cela peut être terrifiant de voir de loin ce monde des adultes dans lequel on va être projeté sans filet : même le corps n’est pas tout à fait fini – c’est un âge vibrant et vacillant qui me touche. Raconter les premiers pas trébuchants de cette jeune fille dont l’horizon s’élargit brusquement m’a passionné. Le chemin de Paula, avant de trouver sa voie et d’assumer ce qui se profile pour elle comme un destin est le nôtre à chacun. Il sera celui de mes enfants et des mes petits-enfants. Trouver sa place. Devenir soi-même. Faut-il forcément trahir un peu les siens, tuer le père, comme on dit ? D’ailleurs, c’est beau de tuer un père quand, tout d’un coup, il se rend compte que cette violence n’est en fait qu’une renaissance. En tant que parent, on tente d’accompagner au mieux ces êtres si "fragiles".
Il y avait aussi la "rencontre" avec la langue des signes ...
Oui, d’autant qu’il s’agit, pour moi, d’une nouvelle langue qui cohabite avec celle de notre pays. On a tous rencontré des sourds ou malentendants, mais on ne se sent pas légitime de les approcher. Enfant, j’avais l’expérience avec ma cousine germaine Mireille Deschenaux – que je cite car la communauté est modeste face à nous les grandes oreilles. Je voyais déjà la difficulté pour elle de communiquer avec les autres. Heureusement, elle a eu une famille très proche, très soudée. Tous les deux, on ne se posait pas la question de cette différence. C’était plus facile enfant, plus radical, surtout qu’on jouait. Ça a d’ailleurs été le cas avec Alexeï Coïca, le professeur sourd qui a enseigné aux acteurs la LSF (Langue des Signes Française), quand il travaillait avec eux il intégrait beaucoup de jeux. C’est brillant de sa part d’enseigner dans le plaisir. C’est plus rapide, et cela permet d’augmenter la mémorisation.
Comme toute adolescente, Paula a envie de mener une vie différente de celle de ses parents, ce qui suscite tensions et incompéhensions ...
On ne sait pas si elle a vraiment envie de mener une vie différente, on ne sait même pas si la
question se pose pour elle. Elle suit un rythme de vie déjà soutenu jusqu’à la révélation de sa voix... et la perspective que lui offre ce don. Son prof de musique lui ouvre une porte, mais toute seule, l’aurait-elle découverte ou même, choisie ? Ce sont plutôt ses parents qui ont envie qu’elle poursuive la route qu’ils ont tracée pour elle. C’est un aspect intéressant de cette histoire : c’est comme si la vie choisissait pour elle. Sera-t-elle à la hauteur de son "destin" ? Sera-t-elle capable de saisir sa chance et le virage qui s’offre à elle par la voix de Thomasson ? J’aime la vie quand elle bouscule, surprend et entraine sur des chemins imprévus, et j’aime voir Paula se débattre, puis se laisser faire et entrer doucement dans ce qui sera sa vie, loin de ce qui était écrit. La rencontre dans toute vie est décisive. Louane est magnifique dans ce nonchoix.
Le film s'amuse à retourner la différence : pour la Famille Bélier, la normalité, c'est d'être sourd.
Ce qui m’amusait dans cette histoire, c’est qu’on peut se demander où situer la normalité. On sait bien que c’est le regard des autres qui détermine ce qui est normal et ce qui ne l’est pas : on a une grande capacité à s’emprisonner dans des idées reçues, et une certaine propension à s’aventurer sur de faux chemins. En travaillant sur ce projet, je me suis rendu compte que les sourds n’ont pas la même conception du rapport aux autres : ils sont extrêmement directs – et si quelque chose ne leur convient pas, ils ne s’embarrassent pas de circonvolutions. Ils vont droit à l’essentiel, et par moments, ça peut être trash. Ceux qui excluent comme ceux qui sont exclus ont besoin d’affirmer leur appartenance. L’instinct grégaire nous touche, c’est un travers que l’on partage tous.
Paula, par le rôle qu'elle joue au sein de sa famille est mêlée de très près à l'intimité de ses parents.
Très jeune, elle est projetée dans la réalité de la vie. C’est une trame dramaturgique très intéressante parce le monde des sourds et des malentendants est mal connu, assez cloisonné, et qu’il ne peut pas se mêler aux autres naturellement. Dans ce contexte, on peut imaginer des situations décalées et pourtant hyper réalistes. Par exemple, la scène chez le gynécologue est très drôle, mais aussi déstabilisante par rapport à nos codes : les parents sont contraints de passer par Paula pour évoquer leur sexualité dans le cabinet du médecin. Sans être impudiques, les Bélier ont le sens de l’instant et un côté très cash dans leur manière de s’exprimer qui leur est propre. Ils ont cette capacité à parler de la sexualité sans tabous. C’est juste comme ça.
On a le sentiment que Paula est coincée entre l'enfance et l'âge adulte ...
Oui, adulte quand il s’agit de faire le lien entre ses parents et la société… Et heureusement, complètement ado dans son rapport aux garçons, à Gabriel qu’elle admire, aux copines, à sa meilleure amie Mathilde. Mais en plus des responsabilités et des obligations qu’elle porte pour ses parents, il y a le poids de la différence et de la honte et, du coup, elle compose. Elle cache à beaucoup de gens que ses parents ne sont pas comme les autres. C’est paradoxal, mais j’ai le sentiment qu’au fond, elle ne veut pas les rendre différents.
Peut-on dire que le choix de Paula de se consacrer à la musique est vécu comme une trahison par sa famille ?
Oui et aussi comme une agression ! Mais il faut dire que la vie est ironique, Paula aurait pu être douée en danse, en calcul ou en ébénisterie – et c’est une voix que la vie lui donne. Quelle frustration pour elle et pour ses parents de ne pas pouvoir partager ça, ou qu’elle puisse offrir à d’autres ce qu’elle ne peut pas leur donner à eux ! C’est terrible comme interdiction. Mais ce n’était pas voulu...
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Mon opinion
Le film et son scénario d'une grande simplicité pourraient faire penser à un téléfilm juste suffisant pour faire pleurer Margot dans sa chaumière.
Oubliez la pauvreté des dialogues et une mise en scène sans aucune inventivité. Les grosses ficelles qui se multiplient. Les chansons de Michel Sardou, également, si vous n'êtes pas un inconditionnel "du Mozart de la variété française". Malgré ces bémols, le film trouve son rythme grâce à deux formidables comédiens.
Louane Emera, qui pour un premier grand rôle au cinéma s'impose avec une déconcertante facilité tout en dégageant une belle et grande émotion. À ses côtés, Eric Elmosnino, en professeur de musique dans ce village "où les habitants pensent que G. Lenorman est Normand" … (fallait oser), est attachant et totalement crédible.
Karin Viard, s'amuse. En fait des tonnes. Peut-être trop. Mais dans quelques passages où son seul talent laisse passer l'émotion, elle reste ce qu'elle est. Une grande actrice. François Damiens et la douce expression de son regard finit toujours par convaincre. Roxane Duran, enfin, toujours la même, tout simplement parfaite.
Bref ce n'est pas un chef d'œuvre. Un petit film choral pour distraire et faire du bien, dans lequel les acteurs sauvent l'ensemble du naufrage.
Je retiens l'ambiance de la salle comble, dans laquelle les rires et manifestations de joie devenaient communicatifs. Ils étaient nombreux à paraître satisfaits. Pour cette seule raison, le pari est réussi.
Sources :
http://www.unifrance.org
"Le bonheur est la chose la plus simple,
mais beaucoup s'échinent à la transformer
en travaux forcés !"
François Truffaut
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