Date de sortie 10 décembre 2014
Réalisé par Ester Martin Bergsmark
Avec Saga Becker, Iggy Malmborg,
Shima Niavarani, Mattias Åhlén, Axel Petersén, Carl-Michael Edenborg
Titre original Någonting måste gå sönder
Genre Drame
Production Suédoise
Ester Martin Bergsmark est formé à l'University College suédois des arts décoratifs et du design. Avec Mark Hammarberg, il réalise Maggie in Wonderland en 2008, qui obtint le prix du meilleur documentaire européen du Doc Award 2009 Alliance, ainsi qu’un prix Gulbagge du meilleur documentaire suédois.
En 2010, il réalise Fruitcake dans le cadre de la suite expérimentale porno féministe Dirty diaries.
Son dernier film Pojktanten, réalisé en 2012 a remporté le Prix du public et de la Meilleure Photo, ainsi que Mention d'honneur pour le meilleur film nordique à Göteborg International Film Festival.
Les projets de Ester Martin Bergsmark sont caractérisés par une volonté d'expérimenter, une motivation esthétique et un talent pour dévoiler de nouvelles images puisées dans la société suédoise actuelle, et qui éclatent les barrières entre le genre du documentaire et du long-métrage de fiction.
Something Must Break est son premier long-métrage .
Synopsis
Stockholm, entre zones industrielles et terrains vagues.
Sebastian (Saga Becker) un garçon à la beauté troublante et androgyne, voudrait qu’on l’appelle Ellie. Née homme, elle se sent plutôt femme, et assume une personnalité à la croisée des genres qui n’est pas du goût de tout le monde.
"Je suis d'ailleurs", affirme Sebastian au début du film.
Alors que tout est à deux doigts de déraper, une énième confrontation violente avec les préjugés lui fait rencontrer Andreas (Iggy Malmborg).
Très attirée par le jeune homme, Sebastian/Ellie se laisse emporter par ses sentiments.
Mais Andreas, qui pensait aimer les femmes au sens le plus classique du terme, refuse de s’engager dans l’histoire d’amour qui s’esquisse.
Il se met à jouer un drôle de jeu, entre l’amitié ambiguë et la passion, qui met Sebastian/Ellie à la torture.
Cette relation intense et soudaine va être des plus électriques...
Iggy Malmborg et Saga Becker
Comment est né Something Must Break ?
Tout est parti du roman de Eli Leven, Nånting måste gå sönder. La poésie de cette langue, le personnage étaient bouleversants. J’avais une image en tête que je ne pouvais enlever de mon esprit : un ralenti extrême de Sebastian se faisant tirer les cheveux, avec son visage qui va de la douleur au plaisir. Pour moi c’est un film sur ça, sur la douleur et le plaisir, et combien ils peuvent être proches l’un de l’autre.
Le personnage de Sebastian/Ellie est unique, c’est un personnage qu’on ne voit nulle part ailleurs. Y a-t-il une dimension politique à raconter une telle histoire ?
Oui bien sûr, c’est politique. Mais ce qui est important c’est que le personnage ne le soit pas. Dans le sens où le récit doit être raconté d’une perspective humaine. Et ça rend le propos encore plus politique.
Saga Becker illumine le film. Comment s’est déroulé le casting ?
C’est Saga qui est venu-e à moi. J’ai cherché parmi des acteurs et des non-acteurs, ça m’a pris deux ans. C’était déprimant. Et Saga a lu un article parlant de l’adaptation de ce livre au cinéma. Saga vivait dans une petite ville, a lu le livre le jour-même, a envoyé un email la nuit suivante : "Je suis Sebastian". Avant de prévenir sa mère : "Je vais jouer ce rôle", avant même l’audition. C’est le destin ! Et c’était presque trop beau pour être vrai. Durant l’audition, j’ai testé ses limites. Avec un visage aussi beau et fort, une telle prestance, il suffit parfois de filmer Saga et tout devient magique.
Vous avez tourné des documentaires auparavant. Something Must Break se situe quelque part entre le pur réalisme et un romantisme total. Le film tire sa force de ce mélange.
Oui, tout à fait. C’est totalement ce que j’ai essayé de faire.
Quels choix fait-on pour traduire à l’image ce double aspect ?
Pour moi le réalisme est déjà une forme de fiction. C’est une approche qui domine le cinéma en Europe du nord. Je voulais pousser cela vers le mélo romantique, qui est parfois plus fidèle à la façon dont nos yeux voient le monde. Sebastian et Andreas sont des personnages romantiques. Je voulais faire un film d’amour avec des personnages qui désirent vivre dans un film d’amour. Mais le réalisme impose quelque chose de différent, comme les choses très concrètes liées au corps. Mais parfois, ils peuvent être dans ce film d’amour et cette rêverie.
Les scènes de sexe sont très belles et assez atypiques.
Il y a différentes scènes de sexe. Ma préférée est la première entre les deux personnages principaux. Il y a une nudité émotionnelle, une innocence. Je voulais faire le film d’amour auquel je croyais. Avec des personnages qui tombent amoureux en même temps qu’ils font l’expérience de leur propre corps. Je voulais qu’on puisse sentir ces corps, les respirer. On savait ce qu’on voulait, quelles étaient les limites. Je laissais mes acteurs sur le sofa en leur chuchotant choses. C’était fun.
Pouvez-vous nous parler de l’importance de la musique ?
Durant l’écriture, on était accompagné par des chansons sur une playlist. Je voulais des chansons pour le film, c’est la playlist de ces deux amoureux. La musique fait partie du script lui-même. J’ai pensé à The Knife, Houwaida, ou à Tami Tamika – c’est comme si sa chanson I Never Loved This Hard This Fast Before avait été écrite pour le film. Ce sont des paroles à la fois pathétiques, explicites, mais vraies et authentiques. Comme le film. Et c’était primordial d’être fidèle à ce personnage adolescent qui saigne.
Le titre international de Something Must Break est aussi celui d’une chanson de Joy Division. Pouvez-vous nous parler de ce choix ?
En fait cela vient d’une phrase suédoise, qui traduite est le même que Joy Division. Ça parle de la destruction en même temps que de la vie, de vivre la vie pleinement.
Sebastian/Ellie n’a pas une identité de genre fixe et définie. Si ce n’est pas trop indiscret, dans quelle mesure vous identifiez-vous à ce personnages ?
A ce jour, je ne sais pas. Je ne peux pas y répondre maintenant.
Comment se construit-on hors du système binaire homme-femme en Suède ?
Il y a quelque chose de très rationnel : les gens sont obsédés par ce système. Les genres dans ce qu’ils ont de plus commun. J’ai reçu un email de l'Académie suédoise, me demandant dans quelle catégorie mettre Saga Becker: acteur ou actrice. J’ai répondu : les deux.
Comment le film a t-il été reçu en Suède ?
Il y a eu de bonnes critiques mais aussi des gens qui n'ont pas compris le film. Lors de la sortie danoise, l'accueil a été beaucoup plus chaleureux. Je pense que la Suède est coincée sur certains aspects. Pour moi Something Must Break est une histoire d'amour pure et honnête, certains ont pensé que c’était plus extrême que ce que j’avais imaginé. Je leur donne quelques années avant d’aimer le film !
On a pu voir apparaître pas mal de nouveaux réalisateurs venus de Suède ces derniers temps comme Axel Petersén, Anna Odell, Lisa Aschan ou Ruben Östlund. Avez-vous le sentiment que quelque chose de neuf se passe en Suède ?
Je ne pensais pas qu’il y avait des gens hors de Suède qui s’intéressaient à ça ! En fait on ne se connait pas tellement entre nous. C'est, je dirai, plus dur de faire des films en Suède aujourd’hui. L’État donne moins d'argent qu'auparavant, et celui-ci va davantage aux blockbusters. C'est difficile de financer un autre cinéma. Mais j'espère que ce renouveau de réalisateurs va continuer.
Quels sont à vos yeux les films qui retranscrivent le mieux et le plus finement des personnages transgenres au cinéma ?
Je n'en ai pas vu tant que ça. A part le mien. Alors voilà le meilleur ! (rires)
Quels sont vos projets ?
J'ai fini mon premier clip. Je n'ai jamais fait de court métrage auparavant, alors je vais expérimenter. Et je continue d’écrire, je travaille sur deux films et une série télé.
Entretien réalisé le 22 octobre 2014 relevé sur filmdeculte.com. Un grand merci à Matthieu Rey.
Sources :
http://www.filmdeculte.com
Date de sortie 5 mars 2014
Réalisé par Stephan Lacant
Avec Hanno Koffler, Max Riemelt, Attila Borlan,
Katharina Schüttler, Stephanie Schönfeld, Oliver Bröcker, Maren Kroymann
Titre original Freier Fall
Genre Romance
Production Allemande
Après Fireflies en 2006, Stephan Lacant, réalise avec Free Fall, son deuxième long-métrage.
Free Fall est avant tout une histoire d'amour passionnelle entre deux hommes mais aussi la collaboration professionnelle d'un réalisateur et de son co-scénariste, Karsten Dahlem pour qui ce long-métrage est un baptême cinématographique.
Free Fall a fait l'ouverture de la Berlinale dans la catégorie Perspective Cinéma allemand et a reçu - le Prix valeur spéciale.
Stephan Lacant a également remporté - le Prix du Meilleur Réalisateur au Festival de Schwerin.
Hanno Koffler et Max Riemelt - Stephan Lacant en encadré
Synopsis
La vie de Marc Borgmann (Hanno Koffler), est bien établie. Policier dans une section anti-émeute, apprécié de ses collègues, ce jeune marié s’installe avec son épouse, Bettina (Katharina Schüttler) dans une maison individuelle financée par ses parents, dont ils aménagent la chambre pour leur futur bébé.
Au cours d'une formation, il rencontre Kay Engel (Max Riemelt), un nouveau collègue qui vient de rejoindre son unité. Kay est un beau blond avec lequel Marc ne s’entend pas très bien au départ
Cependanta la complicité des deux hommes vient rapidement à dépasser le cadre de leur travail. Une nuit, ils nagent ensemble dans une piscine, fument des joints, vont courir dans les bois... Un après-midi, Kay ose embrasser Marc. Ce dernier le repousse avant de se laisser faire. Il réalise subitement une homosexualité qu’il avait jusqu’alors refoulée et se découvre des sentiments pour cet homme.
Hanno Koffler et Max Riemelt
Marc délaisse son foyer pour cultiver une liaison très sexuelle avec Kay. Les choses se corsent quand Kay intègre son équipe et que Marc se retrouve confronté à ses indécisions : il ne veut pas quitter sa femme, la blesser, abandonner son enfant, mais ne peut renier la passion que provoque en lui son co-équipier.
De plus en plus perturbé, Marc fait naître chez son épouse de sérieux doutes.
Kay, quant à lui, se retrouve contraint de faire son coming out auprès de son unité, ce qui lui vaut d’être confronté à l’homophobie et au machisme régnant malheureusement encore très fréquemment dans la Police.
Tiraillé entre son couple, sa famille et sa nouvelle expérience avec Kay, Marc perd peu à peu le contrôle de sa vie. Il sent qu’il va devoir, qu’il le veuille ou non, faire un choix.
Hanno Koffler et Max Riemelt
Le scénario de Free Fall aura mûri pendant trois années. Une longue mise en place qui s'explique par la volonté du réalisateur et de son co-scénariste de prendre le temps de déployer une relation entre deux hommes qui ne véhicule pas de clichés et qui ne tombe pas dans la caricature. Bien que Free Fall aborde clairement une question gay, le cinéaste s’est attaché à raconter une histoire d'amour intense. "C’est une grande préoccupation du film, au-delà d’une pensée stéréotypée : il ne s'agit pas d’une question gay ou hétéro, mais bien d’une histoire d'amour, avec tout ce que cela implique. Nous voulions la représenter aussi authentique que possible. Qu'il s'agisse d'un amour pour un autre homme, ou une autre femme, cela est secondaire. »
Si vous prenez un sujet controversé comme celui de l'homosexualité, il est difficile de ne pas tomber dans les clichés habituels et pourtant Stephan Lacant réussit assez bien sur ce sujet.
"Au cours des trois années de développement du scénario, nous avons travaillé ce sujet : sans stigmatiser, nous avons parlé de ce qui se passe dans la police, avec la famille, mais également de ces pères qui découvrent amour avec un homme ... Aussi, mon co-auteur Karsten Dahlem a travaillé un an et demi avec la police anti-émeute, ce qui nous a permis de tirer des impressions authentiques du milieu de la police. Et puis j'ai eu la chance de travailler avec de grands acteurs".
"Hanno Koffler, Max Riemelt et Katharina Schüttler sont des acteurs vraiment pur-sang qui, quand ils prennent un rôle, vivent pour le rôle, se mettant dans la peau de leurs personnages." avoue le jeune réalisateur.
Le film de Stephan Lacant a énormément été comparé au Secret de Brokeback Mountain d'Ang Lee, où deux cow-boys, Jack et Ennis, entretenait une liaison secrète. Si le sujet central des deux longs-métrages est similaire, la rencontre brutale entre deux hommes et le tiraillement avec une vie de couple hétérosexuelle, Stephan Lacant émet quelques réserves :
"D'une part, il s'agit d'un triangle amoureux, la relation de Marc avec sa femme jouant un rôle tout aussi important que sa liaison avec Kay. Marc est déchiré entre deux pôles irréconciliables : la vie établie avec sa famille qu'il aime, d'un côté, et les sentiments naissants pour son collègue Kay de l'autre côté. D’autre part, nous allons beaucoup plus ouvert le film sur la relation physique entre les deux hommes".
Stephan Lacant ajoute : "Je pense que le Secret de Brokeback Mountain est un très grand film; mais quand nous comparons les scripts, un autre point important les distingue : la question de l’époque où cela se passe : la situation géographique n'est pas la même, l'intrigue de l'un évoluant dans l'Allemagne contemporaine, tandis que l'autre est au coeur de la nature, dans l'Amérique des années 60.".
Stephan Lacant explique comment il s’y est pris pour faire un tel film sans tomber dans les clichés, pourquoi il n’a pas choisi une fin heureuse, et pourquoi son film en dépit d'un même sujet, est tout à fait différent de Secret de Brokeback Mountain auquel son film est comparé.
Stephan Lacant a délibérément évité une fin heureuse qui pourrait donner aux hommes dans une même situation, une sorte d’exemple. "Je ne fais pas de films moraux, donc je ne voulais pas être là comme une sorte de soutien de la vie. Le film va attirer les gens et les toucher, mais la fin n'a pas une autorité morale. Je pense que la fin que nous avons choisie pour le film, avec son ouverture, laisse en quelque sorte de l'espoir"
Le film s'appelle Freier Fall (chute libre). Bien que Marc perde tout, il gagne une certaine distance vis-à-vis de sa vie. Le réalisateur aime quand une histoire n'est pas complètement fermée et que le public peut encore traiter de la question du film. Pour certains, Marc va retrouver sa femme, pour d'autres, il cherchera Kay.
Tout le monde fait quelque chose de différent avec le film. Avec cette fin, il y a une grande marge de manœuvre pour interpréter le film.
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Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.festivalfaceaface.fr
http://www.imdb.com
Date de sortie 30 octobre 2013
Réalisé par James Franco et Travis Mathews
Avec Val Lauren, James Franco, Christian Patrick,
Travis Mathews, Brenden Gregory, Brad Roberge,
Genre Docufiction érotique
Production Américain
C’est la popularité de James Franco qui a convaincu Travis Mathews de collaborer avec l’acteur-scénariste-réalisateur-écrivain américain. De plus, ses performances dans des films parlant d’homosexualité comme Harvey Milk en 2008 ou Sal réalisé en 2011 ont conforté Travis Mathews dans le fait que l’intention de James Franco était sincère.
Selon Travis Mathews, la présence de James Franco a été un avantage indéniable pour la réalisation du film, notamment pour trouver un distributeur.
Synopsis
Une aventure audacieuse explorant certaines thématiques gays, se basant sur les scènes coupées du film culte Cruising - La Chasse.
À l'origine de Interior Leather Bar, il y a Cruising - La Chasse, réalisé par William Friedkin en 1980 et inspiré d'un roman de Gerald Walker, journaliste criminel au New York Times, traitant des meurtres dans les bars gays de New York.
À cette époque, le réalisateur William Friedkin était tombé sur une série d'articles de journaux décrivant ce qui se passait dans ces bars et souhaitait les utiliser comme décors pour développer une enquête policière tordue. Le producteur Jerry Weintraub a donné son accord et William Friedkin a pu commencer les recherches.
En fait, James Franco n'aurait pas dû oublier que s'il est un grand cinéaste, William Friedkin est aussi un gros malin et qu'en bon manipulateur, il a longtemps entretenu le fantasme de ces scènes coupées. Le vrai sujet, qui n'est absolument pas traité, est de savoir si elles existent et, pour cela, il aurait fallu s'entretenir avec William Friedkin voire Al Pacino. Cela aurait donné lieu à un documentaire troublant quitte à fureter vers le documenteur. Au lieu de ça, on a droit à une démonstration du cliché de la star hollywoodienne s'encanaillant au cinéma, prenant des risques au péril de sa carrière.
Source : lci.tf1.fr/cinema
James Franco et Val Lauren
Interior. Leather Bar. est basé sur les 40 minutes coupées du montage final pour éviter le classement X. Cruising, un film controversé où un jeune policier hétérosexuel, incarné par un certain Al Pacino, enquête dans le milieu gay sado-masochiste new-yorkais sur des meurtres d’homosexuels.
Ces images n’ont jamais été projetées et sont supposées avoir été détruites.
Le metteur en scène Travis Mathews, ouvertement gay, et James Franco ont imaginé ces 40 minutes perdues à travers un long-métrage de 60 minutes.
Pour rendre hommage au film de William Friedkin, La Chasse - Cruising, "James Franco's 40 Minutes" a été le titre temporaire attribué au projet.
James Franco et Val Lauren
Travis Mathews s’est spécialisé dans les courts et longs métrages où les personnages principaux entretiennent des relations homosexuelles, comme sur I want your love réalisé en 2012 ou sa trilogie In their Room, débutée en 2009.
Le comédien Val Lauren et James Franco se sont connus en 2010, sur le tournage d’un documentaire sur les méthodes de l'enseignement.
James Franco l’a ensuite contacté pour qu’il incarne Sal Mineo dans son biopic consacré à l'icône américaine. Pour Interior. Leather Bar., c’est une fois de plus James Franco qui a soumis le nom de Val Lauren pour interpréter le personnage principal du film.
Sources :
http://lci.tf1.fr/cinema
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr
Date de sortie 29 mai 2013
Réalisé par Axel Ranisch
Avec Ruth Bickelhaupt, Heiko Pinkowski, Peter Trabner,
et Paul Pinkowski
Titre original Dicke Mädchen
Genre Comédie, Drame
Production Allemande
Quand le cinéma allemand s'intéresse à la fin de vie, la solitude et l'homosexualité, on craint à tout le moins de voir débarquer sur les écrans un énième téléfilm verdâtre, prêt à ressasser sans vergogne les archétypes d'une cinématographie teutonne qui n'a rien à envier en la matière à ses homologues franchouillards.
Grave erreur. Ce n'est pas pour rien que le Festival Mauvais Genre a sélectionné puis primé lors de son édition 2012 cette singulière pépite intitulée Heavy Girls.
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L'absolu dénuement de l'œuvre frappe de prime abord. Lumière plus que naturaliste, découpage lâche, image numérique travaillée mais loin de toute ostentation visuelle : on se retrouve immergé dans une esthétique de l'ascèse qui, notamment dans la première partie du film, rebutera le spectateur non averti. Ce dernier aurait bien tort d'en rester là. Car cette âpreté va petit à petit laisser place à l'humanité débordante d'un improbable trio de personnages.
Gâteux, vicieux, cruels, jaloux, amoureux, voyeurs et débonnaires, ces hommes et cette femme reflètent simultanément une frange des populations européennes en voie de marginalisation, ainsi que leur inextinguible humanité.
Dans un monde où les sentiments, la tendresse, l'affect semblent avoir été annihilés le grisâtre cancer de la monotonie, chaque défaut, comportement déviant ou faux pas nous saute au visage avec une intensité dérangeante, puis attachante, et finalement irrésistible. Si l'on craint longtemps de voir le récit virer dans le conte faussement post-moderne ou le glauque facile, on admirera finalement l'habileté invraisemblable d'Axel Ranisch, capable de faire cohabiter mauvais goût et finesse avec un doigté qui force le respect.
ecranlarge.com - Simon Riaux
Synopsis
Sven Ritter (Heiko Pinkowski) partage sa vie, son appartement et même son lit avec sa vieille mère, Edeltraut (Ruth Bickelhaupt), atteinte de la maladie d'Alzheimer.
Heiko Pinkowski et Ruth Bickelhaupt
Chaque matin, alors qu'il part travailler, Daniel Marquardt (Peter Trabner), un garde-malade, prend le relais auprès de cette femme espiègle et attendrissante.
Heiko Pinkowski et Peter Trabner
Au fil des jours, Sven et Daniel vont se rapprocher et s'avouer leurs sentiments...
Heavy Girls est né d'une frustration de la part d'Axel Ranisch qui, après avoir écrit un film pour une compagnie de radio, a dû essuyer quatre ans de refus et de réécritures constantes avant de voir le tournage enfin commencer. Las, le cinéaste a voulu enquiller sur un projet qu'il pouvait réaliser lui-même, et s'est attelé à l'écriture d'une histoire de six pages seulement, reprenant trois thèmes qui lui tenaient particulièrement à coeur : l'amour, la solitude et la perte d'êtres chers.
Entre le moment où l'idée de faire ce film est née et la fin de la post-production, il ne s'est écoulé que trois mois.
Les quatre acteurs ne se sont appuyés sur aucun scénario, préférant improviser leurs scènes.
S'inscrivant après une longue liste de courts métrages réalisés par le cinéaste allemand Axel Ranisch, Heavy Girls est son tout premier long métrage.
Le titre du film provient d'une anecdote amusante : alors qu'Axel Ranisch filmait la scène du lac, il était accompagné de Sven, le fils d'Heiko Pinkowski qui, en voyant son père et Peter Trabner courir, s'est exclamé : "On croirait des 'dicke mädchen' !" (des grosses filles).
La remarque a tellement plu au réalisateur qu'il a décidé d'intituler le film ainsi.
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Le film a été réalisé avec une somme d'argent minuscule : pas plus de 518 euros !
À peine de quoi nourrir une équipe de tournage pendant une journée entière habituellement. C'est cette contrainte financière qui a libéré et nourri l'imagination créative du cinéaste.
Pour le rôle de la grand-mère, Axel Ranisch a, selon ses termes, "exploité" sa propre grand-mère : une vieille dame de 89 ans qui s'est retrouvée pour la première fois de sa vie devant une caméra... et ce pour un rôle principal !
Sources :
http://www.ecranlarge.com
http://www.filmstarts.de
http://www.allocine.fr
http://www.imdb.com
http://www.ecranlarge.com
"Le bonheur est la chose la plus simple,
mais beaucoup s'échinent à la transformer
en travaux forcés !"
François Truffaut
Quelques coups de cœur
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Bonne visite !
En 2016.
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En 2015.
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