Date de sortie 6 mai 2015
Réalisé par Israel Horovitz
Avec Maggie Smith, Kristin Scott Thomas,
Dominique Pinon, Stéphane Freiss, Noémie Lvovsky,
Stéphane De Groodt, Christian Rauth
Genre Comédie dramatique
Production Américaine, Française
Synopsis
Mathias Gold (, la cinquantaine, new-yorkais, divorcé et sans ressources, débarque à Paris.
Il découvre alors que ce magnifique hôtel particulier du Marais est habité par une vieille dame de 92 ans, Mathilde Girard (), et sa fille, Chloé (.
Un hôtel particulier que Mathilde a placé il y a bien longtemps en viager, coutume typiquement française que ne comprend évidemment pas cet Américain pragmatique, qui, non seulement se retrouve, en plus, à devoir payer une rente.
Extrait d'interview par Corentin Palanchini relevé sur www.allocine.fr
Adapter sa propre pièce au cinéma, c’est quelque chose de relativement rare…
Parce que c’est difficile. Si j’adaptais votre pièce, ça le serait moins. Quand c’est la vôtre et qu’elle a été un succès, vous vous dites : "je ne peux pas couper ce monologue, car le public l’a aimé, a ri, a pleuré". C’est ce que je n’aime pas dans l’adaptation de pièce pour le cinéma, souvent le résultat n’est ni du théâtre ni du cinéma.(…)
Kevin Kline a été le premier à rejoindre le projet, et à ce moment, j’écrivais le troisième jet. J’écrivais, encore et encore. C’était de plus en plus long, mais pas meilleur. Et en discutant avec lui, c’est petit à petit devenu un film avec de nouveaux personnages. Il y a eu dix versions au scénario, je ne m’en sortais pas. Donc j’ai pris une feuille de papier, et j’y ai couché l’histoire (de façon synthétique) : un homme entre dans un appartement. Il y a une vieille dame... Puis j’ai écrit un scénario à partir de cette histoire, sans me référer à la pièce. Une fois que j’ai eu ça, j’ai contacté h, et nous avons commencé.
Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser un premier film à 76 ans ?
Quand j’ai fêté mes 74 ans, j'ai pensé : "mon Dieu mais mon grand-père était mort à cet âge-là !" J’avais produit plus de 70 pièces, et quand je me lançais dans la suivante, c’était excitant, mais pas terrifiant. Et je voulais faire quelque chose qui me faisait peur, qui me réveille. Je ne voulais pas devenir un vieil homme.
Il y a des années j’ai écrit un film : Des fraises et du sang en 1970, qui a eu le prix du jury à Cannes. Immédiatement on m’a proposé de réaliser. J’avais reçu une offre de MGM, j’ai commencé à travailler, mais j’ai vite réalisé que cela me prendrait deux ans pour tout faire. Et je me suis dit : "si je fais ça, ce sont deux pièces que je n’écrirais pas". Donc je suis parti. Ça n’a jamais été un regret, mais j’ai gardé cela dans un coin de ma tête.
Lorsqu’on a affaire à une histoire de famille comme celle de « My Old Lady », le public s’attend à des twists. Mais dans votre film, nous sommes à la fois surpris par l’histoire et les rebondissements. Vouliez-vous porter un autre regard sur les histoires familiales ?
Le cliché à propos de la France, c’est : tout le monde a une liaison, et c’est génial. Et je crois que dans mon film dit : "ce n’est pas génial pour les enfants". Mathias et Chloé sont des enfants dont les parents espèrent qu’ils ne se parleront jamais. L’homme et la femme qui ont une liaison ne veulent pas que leurs enfants se rencontrent et en parlent.
Les personnes qui ont une liaison sont des "preneurs de risques". Ils aiment le risque d’être pris sur le fait.(…) Je connais mieux les hommes que les femmes, et je crois que les hommes qui trompent leurs femmes ne le font pas parce qu’ils détestent leurs femmes mais parce qu’ils se détestent. Ils veulent s’imaginer jeunes, virils et séduisants. Donc Mathilde est le cliché de la femme française : tombant perpétuellement amoureuse.
Vous êtes francophile, une partie de votre équipe technique est française, de quelle façon avez-vous travaillé avec elle ?
Concernant l’équipe française, le responsable du décor Pierre-François Limbosch a été incroyable. Il a trouvé tous les livres (pour la péniche), il a fait attention aux détails. Et ma révélation fut Michel Amathieu, le directeur de la photo. Il s’agissait de mon premier film, donc je lui décrivais ce que je voulais et il le mettait en image.
Nous avons commencé les répétitions, et j’ai demandé à Maggie Smith de marcher.
Elle a dit : "mes amis vont se moquer de moi si je fais ça".
J’ai demandé pourquoi ?
Elle m’a dit : "j’ai 92 ans. Et quand ma mère avait cet âge elle était dans une chaise avec des coussins et avait de l’arthrite".
Et je lui ai répondu : "tu as raison, ta chaise sera ton monde".
Le chef op était ravi : "si tu la mets dans la chaise (…), et que tu me dis où seront les gens, je peux te donner des angles, utiliser des miroirs et donner de la profondeur au champ". Et c’est exactement ce que je voulais, avec toujours l’immensité de cet appartement en arrière-plan.
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Kevin Kline
Mon opinion
Pour son premier long-métrage, Israel Horovitz, réussit sur tous les tableaux.
Réaliser un beau film. Offrir aux spectateurs la chance d'écouter un texte riche, magnifique, joyeux et mélancolique. Douloureux aussi.
La photographie de Michel Amathieu dans ce Paris, un peu carte postale, n'en reste pas moins de toute beauté.
Le scénario, les dialogues pareillement, nous embarquent dans un premier temps dans une joyeuse joute oratoire. Rapidement le ton devient plus grave, l'ambiance s'alourdit. Les non-dits éclatent. La famille n'est pas celle que l'on imaginait. Les destinées s'en trouvent perturbées à tout jamais.
L'ensemble peut faire penser à du théâtre filmé, mais avec quelle virtuosité !
Le film est également porté par un remarquable casting. Noémie Lvovsky, Dominique Pinon, et Stéphane Freiss, entre autres, sont excellents.
Kevin Kline, dans ce rôle fracassé par une enfance chaotique, est remarquable.
À ses côtés, Kristin Scott Thomas, d'une froideur implacable au début du film, nous emporte dans une réelle et belle émotion.
Maggie Smith, enfin, une fois encore … Bravo et respect.