Réalisé par Cyril Mennegun
Avec Corinne Masiero, Jérôme Kircher, Anne Benoit,
Marie Kremer, Jean-Marc Roulot, Frédéric Gorny,
Cécile Rebboah, Annie-France Poli, Maud Wyler, Nicolas Woirion
Genre Drame
Production Française
Au Festival du Film de Belfort 2011 (édition n°26)
- Cyril Mennegun reçoit le Prix du public - Longs métrages
Au Festival International du Film d'Amiens 2011 (édition n°31)
- Cyril Mennegun reçoit le Prix de la ville d'Amiens
- César 2013 Meilleur Premier Film
Voici Louise Wimmer. Vous allez passer quatre-vingts minutes avec elle. C'est long pour une première rencontre, il faut une bonne raison pour lui consacrer tout ce temps, la voici : Louise Wimmer est une héroïne. Arc-boutée contre la fatalité, elle incarne la volonté de prendre son destin en main. Louise est d'autant plus héroïque qu'elle est ordinaire. Ce qui l'est moins c'est l'image qu'en donnent Cyril Mennegun et Corinne Masiero, le réalisateur et l'interprète du long-métrage qui porte le nom de cette femme à la fois du et hors du commun. Louise Wimmer, est un captivant portrait cinématographique, qui révèle progressivement son sujet, jusqu'à en faire un objet d'admiration.
Louise Wimmer au bord du gouffre avec fierté et élégance
Corinne Masiero
Synopsis
Après une séparation douloureuse, Louise Wimmer a laissé sa vie d’avant loin derrière elle. A la veille de ses cinquante ans, elle vit dans sa voiture et a pour seul but de trouver un appartement et de repartir de zéro.
Armée de sa voiture et de la voix de Nina Simone, elle veut tout faire pour reconquérir sa vie.
Corinne Masiero
Dans sa ville natale de Belfort, Cyril Mennegun avoue avoir été en total refus de la vie qui l’attendait, en se demandant par goût du défi ce qui serait pour lui le plus intéressant, le plus improbable aussi. Le cinéma s’est imposé, quoi de plus inaccessible ? Le réalisateur voyait ce monde réservé à un milieu social autre que le sien, avant de réviser son jugement par la suite. Son premier rapport avec le cinéma, les plateaux de tournage, a été l’émission télévisée Cinéma Cinémas. Cyril Mennegun se souvient d’un reportage sur Pialat au travail, qui l’avait fasciné, et d’un autre avec John Cassavetes et Gena Rowlands. Il a écrit un premier projet de court-métrage, Le premier des deux qui rira en 1998, cherché de l’argent et une équipe. C’était l’histoire toute simple d’un rendez-vous amoureux manqué.
Ce film a marqué sa rencontre avec Thomas Letellier, qui signe aujourd’hui l’image de Louise Wimmer.
En 2002 il entame sa première vraie aventure cinématographique dans le documentaire avec Quel Travail, sélectionné au festival Entrevues de Belfort.
Il enchaîne avec la réalisation de plusieurs documentaires pour Arte, avant de rencontrer son producteur, Bruno Nahon et de tourner avec Tahar Rahim, alors inconnu, dans Tahar l'étudiant en 2005, un documentaire sur un jeune homme de vingt ans, inspiré de son quotidien; ce film a été sélectionné et récompensé dans de nombreux festivals. En 2007, il réalise pour ARTE le documentaire, Le journal de Dominique, gardienne de HLM à Belfort, qui retranscrit les souvenirs et le quotidien grevé par la solitude des habitants de sa cité.
Louise Wimmer est le premier long métrage de fiction.
Corinne Masiero
Cyril Mennegun assume complètement son parti pris dans Louise Wimmer, représentée comme une "victime battante" : "On est avec Louise Wimmer et on vit le monde à partir de ce qu’elle entend et voit."
Le réalisateur s'est d'ailleurs mis à écrire le scénario une fois qu'il savait qui allait interpréter le personnage principal : "Je voulais qu’elle soit grande, rousse et proche de la cinquantaine", affirme-t-il.
Au sujet du personnage principal du film, Cyril Mennegun confie :"À l’origine du personnage, il y a une femme que j’ai rencontrée pour un documentaire. Il y a également un peu de ma mère, de ma tante, qui ont été des “femmes de”, qui ont eu de l’argent, et ont tout perdu du jour au lendemain, quand le mari les a quittées. À l’approche de la cinquantaine, elles se sont retrouvées sans statut, sans argent, sans possibilité de rebondir. Beaucoup de gens se battent et font tout pour sauver les apparences, alors qu’ils vivent des situations extrêmement graves sans aide aucune, car ils sont invisibles. Comme Louise Wimmer, ils sont dans l’impossibilité de dire qu’ils ont besoin d’aide. Cela me vient de ces femmes avec qui j’ai grandi. Elles avaient une fierté sauvage poussée à outrance. Une fierté qui pouvait devenir un piège pour elles car à un moment donné, s’il est nécessaire de demander de l’aide et qu’on ne le fait pas, il faut une sacrée force pour tenir le coup. J’ai passé mon enfance et mon adolescence à les observer, à me laisser influencer par leur beauté, leur héroïsme quotidien, alors Louise c’est un peu moi aussi.", avant d'ajouter qu'il a passé son enfance et son adolescence à les observer et à se laisser influencer par leur beauté et leur héroïsme.
Corinne Masiero
Il y a une belle scène dans Louise Wimmer, quand elle fait le ménage chez une personne et revêt une robe noire, se maquille. On imagine alors la femme qu’elle était auparavant. Cyril Mennegun a voulu faire de ce personnage de femme une héroïne de cinéma à part entière, avec ses multiples visages : celui d’une personne détruite par l’expérience de la vie, et celui de la femme qu’elle est encore au fond d’elle même, capable de séduire, d’aimer, de se battre. Cette facilité qu’ont les femmes à porter des masques, à revêtir des apparences, à se transformer, fascine le cinéaste. C’est toujours la même femme, mais plus le même personnage. En cheminant vers ce long-métrage, avec tout ce qu’il faut traverser pour faire un premier film, il a d’abord fallu trouver l’actrice pour qui écrire… Cyril Mennegun voulait qu’elle soit grande, rousse et approche de la cinquantaine.
Il a cherché un peu partout, jusqu’au jour où, en regardant un téléfilm, il est tombé sur une femme dans une voiture qui éclatait de rire. Il a enregistré la suite pour avoir le générique et retrouver son nom. Il est ensuite entré en contact avec son agent, et le lendemain était à Roubaix pour la rencontrer. En la voyant venir de loin, j’ai eu la certitude immédiate que c’était elle et aucune autre. Corinne Masiero.
Corinne Masiero et Cyril Mennegun
Corinne Masiero
a reçu, entre autres récompenses, pour son rôle dans Louise Wimmer :
Oeil d’or de la meilleure actrice
- Festival du Film de Zurich et au
Swann d’or coup de cœur
- Festival du Film de Cabourg - Journées romantiques 2012
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Louise Wimmer affronte les gens en les regardant dans les yeux. Elle leur fait toujours face, sans se dérober. Elle a des yeux qui disent : "je t’emmerde." Cela provient de Corinne Masiero, de la violence magnifique qu’elle a à l’intérieur d’elle-même, de ses propres expériences de vie, et d’une volonté de ma part de suivre un personnage qui ne se soumet pas.
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Elle toise, elle affronte car si on baisse les yeux, ce qui vient en face, on ne le voit pas.
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L’emploi du temps, le film de Laurent Cantet est un long-métrage crucial dans le parcours de Cyril Mennegun et le réalisateur d'avouer : "Si cela se voit alors tant mieux. Je crois que je ne pourrai jamais oublier les détails de ce film, le visage d’Aurélien Recoing, l’échange de regards entre lui et son réalisateur et cette voiture qui nous embarque vers un destin. Pour Louise, la voiture permet de fuir, de se rendre sur son lieu de travail et pour elle, de se loger. Le véhicule de Louise Wimmer est une extension de sa personne. Certes un refuge, un symbole de sa galère, mais aussi une métaphore : comme Louise cette voiture est grande, solide, un peu abîmée mais toujours très classe."
La voiture est associée à la nuit. Le plan où Louise Wimmer avance entre deux poids lourds pour siphonner de l’essence pourrait venir d’un film d’horreur. La scène de nuit où deux types rôdent autour de sa voiture fait peur aussi. Cyril Mennegun ne sort pas du point de vue de l’intérieur de la voiture et ne montre pas ces hommes autrement. On est avec Louise Wimmer et on vit le monde à partir de ce qu’elle entend et voit. Le cinéaste avoue avoir tourné des choses plus explicites, qu'il a supprimées au montage, préférant suggérer, et susciter le hors-champ sonore. Louise est intelligente, toujours dans la lumière, ne stationne pas dans des lieux exposés au danger. Elle a pour habitude de se garer la nuit dans des rues résidentielles, sauf ce jour-là, où on peut supposer, même si le film ne l’explique pas, qu’elle n’avait pas assez de carburant pour se rendre là où elle a l’habitude d’aller.
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Dans le film, on entend à répétition la chanson Sinner Man chantée par Nina Simone à chaque fois que Louise démarre sa voiture, le réalisateur Cyril Mennegun affirmant s'être inspiré de la célèbre chanteuse pour construire le personnage de Louise : "C’était au tout départ du projet. Tout simplement parce que j’ai connu une personne qui avait un CD coincé, qui démarrait toujours en même temps que sa voiture. Ça me rendait fou tout en m’amusant beaucoup. Je ne voulais pas de musique originale sans vouloir pour autant d’un film où elle serait absente et comme j’avais envie de faire venir de la musique contre l’avis du personnage, cette histoire de CD coincé était idéale. Et quand elle en aura ras le bol, il n’y aura plus de musique dans le film. Quant à Nina Simone, elle était présente elle aussi très tôt. C’est un exemple de femme qui n’a jamais baissé les yeux ni courbé l’échine, à la fois sublime et monstrueuse, une méchante femme, une drôle de voix, avec de la douleur en elle. Donc pas étonnant que Louise aime ça. Cela convenait à la nuit. C’est Thomas Letellier, mon chef-opérateur, qui m’a suggéré cette chanson Sinner Man.", avoue le réalisateur.
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Pour la chanson finale, Cyril Mennegun ne voulait pas de chanson française, car on interprète tout de suite les paroles en fonction de la situation et celle choisie, "Days of Pearly Spencer" de David McWilliams colle avec le rêve américain à deux balles des tours HLM, le côté Eldorado. Là, on se laisse emporter par la musique et si on comprend un peu les paroles, tant mieux. Après le hasard fait bien les choses, quand on entend "Milk white skin" on découvre le visage de Louise et pour la première fois un sourire qui l’irradie…
On partage alors sa joie tout en réalisant que ce n’est pas le paradis non plus, ce que la musique suggère avec les images en contre-plongée sur les tours d’habitation. Accéder à un logement décent est un rêve avec la certitude de ne plus être seul.
Ce qui persiste de beau dans ces quartiers, ce sont les personnes qui y vivent.
Ces barres de béton racontent bien des choses et sont pour Louise la promesse d’un nouveau départ. Rivée au sol, sur quatre pneus, elle va vivre au 15ème étage et voir la vie autrement, comme un aigle.
Sources :
http://www.canalplus.fr
http://www.lemonde.fr - Thomas Sotinel
http://www.unifrance.org
http://www.culturopoing.com
http://www.allocine.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr