Date de reprise cinéma : 19 décembre 2012
Réalisé par Marcel Carné
Avec Arletty, Marie Déa, Fernand Ledoux, Alain Cuny,
Pierre Labry, Jean d'Yd, Roger Blin, Gabriel Gabrio,
Marcel Herrand, Jules Berry
Avec aussi ... dans des rôles de pages ...
Alain Resnais, Jean-Pierre Mocky, Jean Carmet, François Chaumette
Et Simone Signoret en demoiselle du château
Long-métrage français . Genre : Fantastique, Drame, Romance
Date de sortie cinéma : 5 décembre 1942
Synopsis :
Satan (Jules Berry) délègue, sous l'apparence de ménestrels, deux de ses suppôts, Dominique (Arletty) et Gilles (Alain Cuny), pour semer malheur et destruction sur Terre en l'an de grâce 1485. Alors que Dominique réussit sa mission en soumettant à son emprise séductrice le baron Hugues (Fernand ledoux) et Renaud (Marcel Herrand), le fiancé de sa fille Anne (Marie Déa), Gilles faillit à sa tâche en succombant amoureusement devant la pureté d'Anne à laquelle il ne devait apporter que tourments. Leur amour déchaîne le courroux de Satan qui intervient en personne pour achever son œuvre de désolation comme il l'entend.
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Fernand Ledoux, Marie Déa et Marcel Herrand
Lorsque les restaurateurs se sont attelés aux Visiteurs du soir, ils ont eu la mauvaise surprise de découvrir des éléments en très mauvais état. Le négatif original était si détérioré que certains de ses morceaux abîmés avaient disparu, remplacés par des reproductions. Afin de numériser les images en haute définition, ils durent recourir à une copie tirée au début des années 60, d'une définition correcte, mais sale et écorchée. Six mois de travaux auront été nécessaires à l’élaboration de masters numériques, aptes à servir au tirage de Dvd et à la création d’un nouveau négatif image, permettant une ressortie en salles.
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Arletty et Alain Cuny
Bien qu'il n'ait pas eu les problèmes d'un cinéaste comme Clouzot, on a pu, à la Libération, reprocher à Marcel Carné d'avoir travaillé sous l'Occupation avec des studios tenus par des allemands.
Le film Les visiteurs du soir est pourtant un hommage à la Résistance.
En effet, Jacques Prévert et Marcel Carné ont placé le contexte du film au Moyen-Age car il était très difficile de traiter de leur époque sans qu'on les oblige à y intégrer des éléments de propagande.
Pourtant, le film pourrait bien être en lien beaucoup plus étroit avec l'actualité de l'époque, contrairement à ce que pouvait laisser croire cet apparent refuge dans le passé. Danièle Gasiglia-Laster a bien montré les rapports de ce film avec son temps : la date donnée dès le début du film (1485) nous donne, si on l'inverse, 5 août 41... Quant à la fin du film — le cœur des deux amants changés en statues continuant à battre — il est très éclairant de la mettre en parallèle avec un poème de Prévert écrit plusieurs années plus tôt, La Crosse en l'air (1936) : « où il avait déjà utilisé cette métaphore du cœur que rien ne peut détruire pour évoquer la résistance à Franco. Ce cœur, c'était « le cœur de la révolution », ce cœur écrivait-il, « que rien...personne ne peut empêcher d'abattre ceux qui veulent l'empêcher de battre... de se battre... de battre. »
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Jules Berry et Arletty
Marcel Carné a évoqué les conditions difficiles du tournage des Visiteurs du soir : manque d'argent, de temps et contexte troublé de l'Occupation ont ponctué l'aventure. "C’est-à-dire qu’on manquait de tout. Un exemple. J’avais besoin de staff. On le fabrique avec du plâtre et du crin. Le crin étant introuvable, on le remplace par de l’herbe. Résultat : les acteurs emportaient le dallage du décor à leurs semelles. Les costumes de mes personnages exigeaient des velours, des satins. De ces précieuses matières, je parvins à habiller mes principaux acteurs. Les autres durent se contenter de rayonne. Tous participaient à un banquet. Je m’aperçus qu’en approchant ma caméra trop près de la table, la rayonne crevait les yeux. À ce propos, il m’a été reproché d’avoir filmé mon banquet de trop loin. On le trouvait terne. Ceux qui ont parlé et écrit ainsi n’ont certes pas tenu compte des difficultés que j’avais rencontrées en cours de réalisation. Autre incident, consécutif aux restrictions (...) Affamés, mes figurants piquaient tout ce qui les tentait. En déplaçant un jour une miche, je la trouvai légère, légère… La retournant, je constatai que toute la mie avait été retirée. Quant aux fruits, afin qu’on ne les touchât plus, je décidai de les piquer au phénol", raconte-t-il.
Arletty interprète un suppôt de Satan, un rôle pour le moins énigmatique et ambitieux. Elle raconte : "C’était un rôle qui répondait à ma nature, Jacques l’avait remarqué. Il a eu en outre le génie de m’appeler Dominique, un prénom à double face. Je devais aussi jouer dans un film un autre rôle équivoque, celui du chevalier d’Éon. Raimu devait être mon précepteur. Mais c’était la guerre et c’était la Continental, société de production allemande qui se chargeait de financer le film. Raimu avait déjà joué chez eux "Les Inconnus dans la maison". Moi, je ne voulais pas."
Dans le film, Marcel Carné a rassemblé plusieurs personnages nains, mais la cohabitation avec eux n'a pas été évidente. L'un d'entre eux s'est facturé une jambe sur le tournage, le réalisateur se souvient : "De cet accident, résulta une panique parmi mes nains. Ils prirent la fuite. Je dus partir à la recherche d’autres. Tous ceux qu’on me proposait étaient ou trop grands ou trop petits ou trop gros. Ils devaient aussi savoir chanter. Enfin, je parvins à en rassembler un choix. Je leur distribuai des cagoules, car on ne devait pas voir leur visage. Un jour, en dirigeant les chœurs, je m’aperçus qu’un des choristes chantait faux. Je lui demandai de simplement mimer les paroles. Il ne voulut rien entendre. Vexé, il continua de chanter… Mes nains m’ont causé bien des soucis. Ils étaient d’une incroyable susceptibilité. Pour un rien, ils en venaient aux mains. Parmi eux, un Arménien et un Turc se flanquaient régulièrement des raclées…"
Jules Berry, qui interprète le diable dans le film, était réputé pour ne jamais apprendre son texte. Avec surprise, pour Les Visiteurs du soir, il s'était préparé un mois à l'avance, ce qui ne l'a pas empêché d'oublier son texte le jour du tournage !
Marcel Carné rapporte : "Lui qui n’apprenait jamais son texte sut le sien un mois d’avance. Ce fut un sujet d’étonnement pour Prévert et moi. Seulement, à la minute du tournage, il avait tout oublié ! Et je dus m’y reprendre à vingt fois pour qu’il retrouvât son texte… "
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Jules Berry
Simone Signoret a assisté et participé à l'aventure des Visiteurs du soir en tant que... figurante ! Peu connue à l'époque, elle garde un souvenir impérissable de sa rencontre avec Marcel Carné : " Pendant trois mois, j’ai été l’une des rares survivantes parmi tous ces figurants. Parce que Carné virait du monde après chaque décor : il nous mettait tous en rang, il passait devant nous comme un colonel et disait : « vous, fini », « vous, fini ». Moi, il me gardait. nous n’avons été que trois à faire tout le film : Arsénio Fregnac, Madeleine Rousset et moi. Carné nous a gardés parce qu’il nous trouvait gentils et qu’on le faisait rigoler. Pendant les extérieurs, même lorsque je ne tournais pas, je me mettais dans un coin et je regardais. Pour la première fois, je côtoyais des stars! Je n’en perdais pas une!… ", confia-t-elle.
André Bazin, le célèbre critique, fondateur des Cahiers du cinéma
et mentor de François Truffaut, a vu dans Les Visiteurs du soir le film idéal pour expliquer sa théorie du cinéma. En effet, s'inspirant d'écrits sur d'autres arts (littéraires ou picturaux notamment), il pensait pouvoir clairement juger les films selon des critères objectifs. Ainsi, en 1942, le film de Carné eut beaucoup moins de succès que Le Voile bleu de Jean Stelli, record des recettes cette année-là, et que Bazin jugeait bien inférieur. Bien que reconnaissant des défauts aux Visiteurs du soir, le critique clama qu'il fallait soutenir ce film aveuglément car comme il le dit, il : " surgit dans la morne production 1941-1942 comme un évènement révolutionnaire. ".
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Alain Cuny et Marié Déa
Sources :
http://www.allocine.fr
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinereves.com