Date de sortie 22 janvier 2014
Réalisé par Steve McQueen (III)
Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch,
Paul Dano, Garret Dillahunt, Paul Giamatti, Scoot McNairy,
Sarah Paulson, Lupita Nyong'o, Brad Pitt
Genre Drame, Historique
Production Américaine
12 Years a Slave est inspiré d'une histoire vraie. Le film est adapté des mémoires de Solomon Northup, kidnappé alors qu'il était un homme libre et soumis à l'esclavage pendant douze longues années. L'écrivain a aussi animé plusieurs conférences, à New-York et en Nouvelle-Angleterre. Malgré son succès, 12 Years a Slave a bien failli disparaitre en tombant dans le domaine public. C'était sans compter sur l’historienne Sue Eakin qui s'est référée au livre au cours du débat sur les droits civiques en 1968 : elle est parvenue à argumenter efficacement sur l’authenticité de l’ouvrage en validant l’existence de Solomon Northup et tout ce qu’il y dévoile durant sa période d'esclave. Depuis, il est considéré comme l’une des oeuvres les plus réputées sur l’esclavage.
Golden Globes 2014,
12 Years a Slave reçoit la récompense pour le Meilleur film
Lancés en 1984 sous le nom de FINDIES (Friends of Independents) puis rebaptisés en 1986, les Independent Spirit Awards récompensent chaque année les meilleures productions indépendantes en amont des Oscars.
Independent Spirit Awards 2014 (édition n°29)
- Meilleur film
- Meilleur réalisateur
- Meilleur second rôle féminin Lupita Nyong'o
- Meilleure photo Sean Bobbitt
Oscars 2014
- Meilleur film
- Meilleur scénario adapté par John Ridley
- Meilleure actrice dans un second rôle féminin Lupita Nyong'o
12 Years a Slave est co-produit par la société Plan B Entertainment, créée en 2002 par Brad Pitt, Brad Grey et Jennifer Aniston. Et le sixième film dans lequel Brad Pitt a la double casquette d'acteur et producteur.
Chiwetel Ejiofor
Synopsis
Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession.
Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.
Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
Considéré aux USA comme le successeur de Spike Lee, le cinéaste britannique, Steve McQueen (III) semble de plus en plus convoité. Les producteurs d'HBO se sont lancés les premiers en lui proposant de développer une série qui sera diffusée sur sa chaine. L'histoire prendra place à New-York et se centrera sur un jeune Afro-Américain au passé trouble qui pénètrera dans les hautes sphères de la société.
Avant même d'avoir lu le livre, Steve McQueen (III) souhaitait déjà pouvoir réaliser un film traitant de l'esclavage et de ces Noirs livrés "illégalement" dans le Sud. Sa femme lui fit alors découvrir les mémoires de Solomon Northup. Pour lui, ce fut la révélation : "J’ai été choqué et fasciné par cette histoire extraordinaire. Ça me rappelait presque Pinocchio ou un conte des frères Grimm – l’histoire de cet homme arraché aux siens et soumis à une longue succession d’épreuves, mais pour qui brille encore une lumière au bout du tunnel (...) Ce récit a beaucoup plus d’ampleur que tout ce que j’ai pu lire ou voir récemment", dit-il. "Je n’arrive pas à croire que je n’aie jamais entendu parler de ce livre. Comment est-ce possible ? La plupart des gens aux États-Unis à qui je l’ai mentionné n’en ont jamais entendu parler non plus. Pour moi, ce livre – récit incroyable d’un homme plongé dans un monde d’une inhumanité absolue – est aussi essentiel à l’histoire américaine que le Journal d’Anne Franck l’est à l’histoire européenne."
Pour livrer un film qui soit aussi authentique et intense que l'ouvrage éponyme, Steve McQueen (III) et John Ridley ont mené des recherches approfondies sur l'esclavagisme américain qui était un système plus structuré économiquement que l'on pouvait le penser. Ils ont aussi appris à quel point cette pratique a permis à de nombreux États de bâtir leur richesse, au point de l'ancrer dans l’inconscient collectif des propriétaires et des esclaves : "Nous avons beaucoup appris sur le système de l’esclavage. Quand on y pense, des centaines d’années après, on imagine qu’il s’agissait de personnes noires qui travaillaient dans des champs et c’est à peu près tout. Mais on parle d’une institution qui supprimait le libre-arbitre, conçue pour déshumaniser et qui a donc dû devenir de plus en plus élaborée. On racontait des histoires aux Blancs afin qu’ils pensent que les Noirs devaient être esclaves, leur expliquant pourquoi ils étaient inférieurs et pourquoi personne ne devrait se préoccuper de leurs droits. Et à partir de là, l’esclavage s’est étendu de façon exponentielle au fil des ans", note John Ridley.
La scène qui fait le plus parler les spectateurs est bien évidemment celle durant laquelle Solomon est pendu à une corde mais parvient à laisser ses pieds patauger dans la boue pour éviter l'asphyxie. Cette scène a été un immense défi pour Chiwetel Ejiofor, tandis que le réalisateur tenait sincèrement à ce que ce passage fort du livre soit authentique : "Quand Solomon était là, luttant contre la mort sur la pointe des pieds, il a été assailli par toutes sortes de pensées car il est longtemps resté dans cette position, et je voulais faire ressentir cela au public, afin qu’il éprouve pleinement l’expérience atroce d’un lynchage, tandis que la vie continue tout autour de lui. Cette séquence est essentielle pour l’histoire et je ne voulais pas minimiser ce qui lui est arrivé. Il ne s’agit pas de choquer les gens – cela ne m’intéresse pas –, mais il s’agit de faire preuve de responsabilité face à cette histoire. Quand on a tourné, il y a avait un grand silence sur le plateau, et une gravité qui montrait que nous avions conscience qu’il fallait en passer par là."
Chiwetel Ejiofor
Pour Chiwetel Ejiofor, se plonger dans le rôle de Solomon a été plus intense que jamais ; il a notamment entamé des recherches qui l’ont mené dans le Sud tel qu’il existait au XIXème siècle : "Le livre a été mon guide. Mais le fait de me rendre en Louisiane et de voir de vraies plantations où tout a été préservé, de la maison du maître jusqu’aux cabanes des esclaves m’a permis de mieux percevoir les choses. J’ai pu parler à des gens, entendre des histoires sur cette époque et sentir qu’il y avait nombre de fantômes qui ne demandaient qu’à être réveillés."
Jusqu'ici, le réalisateur avait donné à Michael Fassbender des rôles torturés, qui suscitaient la compassion. C'est un peu le même genre de cas ici, en ce qui concerne le personnage d'Epps, sauf qu'il l'accompagne cette fois d'une aura diabolique. En effet, Edward Epps était un propriétaire d'esclaves alcoolique et extrêmement violent. Le comportement du véritable Epps était d'ailleurs tellement épouvantable qu’encore de nos jours, en Louisiane, les habitants de la région utilisent l’expression : "Arrête de faire ton Epps".
"Michael a su cerner ce personnage dans toute sa complexité d’une manière extraordinaire, commente Chiwetel Ejiofor dont le personnage est aux prises avec Epps tout au long du film. Il ne fait pas d’Epps un type méchant, car ce serait trop facile de l’interpréter ainsi, mais il le joue comme un être qui souffre intérieurement, qui voit le monde comme étant contre lui et qui essaie de rectifier cette situation en s’en prenant à ce qu’il considère lui appartenir – autrement dit, les gens comme Solomon et les autres esclaves de sa plantation. Michael a donné à Epps un caractère "équilibré ", d’une qualité constante qui est à la fois attirante et effrayante. "
Après :
12 Years A Slave marque la troisième collaboration consécutive entre le réalisateur et l'acteur Michael Fassbender. Ainsi, le comédien a jusqu'à présent joué dans tous les longs métrages du cinéaste.
Pour incarner Patsey, qui est la maîtresse secrete d'Epps, le réalsiateur a choisi Lupita Nyong’o, actrice née au Mexique qui a grandi au Kenya. 12 Years A Slave est son premier rôle au cinéma. Le réalisateur l’a d'ailleurs repérée à l’occasion d’auditions très longues : "Nous avons vu plus de 1 000 candidates et Lupita s’est distinguée des autres. Quand je l’ai rencontrée, je me suis dit "c’est elle". Elle dégage une vulnérabilité, mais aussi une force extrême. En sa présence, je me sens tout petit". L’actrice s'est familiarisée avec son personnage en étudiant la vie des esclaves à cette époque : "J’ai commencé par visiter le bateau aux esclaves au musée de cire de Baltimore. Je suis montée à bord et cette expérience semblait si réelle que ça m’a beaucoup secouée. Je n’avais jamais considéré l’esclavage de manière si personnelle", explique-t-elle, en poursuivant : "J’ai également lu pas mal de livres sur le sujet, et j’ai recueilli le maximum d’informations que j’ai pu trouver sur l’esclavage."
Le tournage, a duré 35 jours, et s'est essentiellement déroulé en Louisiane. Le chef-décorateur Adam Stockhausen s’est profondément attaché à reconstituer la Louisiane des années 1840. "Pour Steve, il était capital d’être fidèle aux moindres détails de l’époque. On a donc pris le temps de se pencher sur le quotidien des gens dans ces années-là pour savoir à quoi ressemblait une "gin-house", le local où se trouvait l’égreneuse de coton. On a épluché quantité de tableaux, de dessins et de gravures, et on a fait énormément de recherches sur l’histoire de la période."
Le réalisateur collabore à nouveau avec le chef-opérateur Sean Bobbitt, qui avait déjà éclairé ses deux précédents films. Il s'est également attaché les services du monteur Joe Walker, qui avait lui aussi travaillé sur Hunger et Shame.
Mon opinion
J'ai eu le tort de lire trop de critiques avant de voir ce film. D'excellents papiers, d'autres moins favorables aussi. L'envie décroissait au fur et à mesure de ces lectures. S'ensuit une soirée à passer et à attendre. Un cinéma et ce seul film à l'affiche à un horaire relativement tardif. Aucune excuse, j'assume.
L'histoire retrace la vie douloureuse de cet homme, Solomon Northup, réduit à l'état d'esclave par une série de circonstances plus ou moins bien établies.
De Saratoga à Washington pour finir en Louisiane, il ne manque rien, ou presque. La photographie est somptueuse et se délecte longuement de cette nature magnifique, du lever au coucher du soleil.
C'est beau mais sans aucune originalité. Douloureux sans arriver à être crédible.
Le scénario, relativement miséreux, insiste trop lourdement sur les actes minables venant de certains propriétaires, donc principalement des blancs, au détriment de ces êtres injustement martyrisés et noirs, bien entendu. Ces injustices ne doivent pas être oubliées. Il est bon de rappeler que des hommes sont capables de tels actes en s'octroyant comme leur propriété leurs semblables. À une différence près, la couleur de la peau.
Mais pour se faire, encore faut-il en avoir le talent et la force suffisante pour rendre l'horreur insupportable. Rien de tout ça dans ce film. Les scènes d'une cruauté inouïe se succèdent avec un effet d'écœurement qui n'arrive pas à serrer le cœur. Juste suffisantes pour trouver le temps long. D'autres simplement ridicules, l'enterrement de l'oncle Abraham, entre autres, avec les inévitables gospels.
Un sourire quand on voit que la société de production réserve le beau rôle, celui du sauveur, à l'un de ses associés. Celui-ci n'est autre que Brad Pitt. Un détail. Petite participation mais une belle prestation.
Paul Dano ne démérite pas dans les premiers moments du film. Chiwetel Ejiofor a la carrure de l'emploi. Une certaine prestance aussi. Sarah Paulson est parfaite dans le rôle de femme cocufiée, ridiculement chapeautée.
Face à eux, je retiens Michael Fassbender, monstrueusement tourmenté, cruel à souhait, redoutable et pervers, il est excellent.
Je suis sorti assez déçu. Étonné, dans le même temps, de ne pas avoir été touché au plus profond par cette histoire, qui reste somme toute horrible et douloureuse.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.imdb.com