Réalisé par Ilan Duran Cohen
Avec Laurent Lucas,
Aurélien Recoing, Pascal Greggory, Henri Guybet,
Audrey Dana, Grégoire Leprince-Ringuet, Nathalie Richard
et la participation de Bruno Todeschin
Genre Drame
Production Française
Pyrénées D’or 2013 De la meilleure fiction unitaire
au festival Des créations télévisuelles de Luchon
À travers un combat identitaire unique, Le Métis de Dieu raconte l’histoire incroyable de Jean-Marie Lustiger, le cardinal juif. Itinéraire tourmenté d’un fils de la shoah devenu prince de l’eglise.
"Comment trouver l’équilibre entre nos identités multiples ? L’intégration consiste-t-elle à renier d’où l’on vient ? Quelle est la voie de la réconciliation avec soi-même et avec les autres ? Voilà des questions qui me passionnent, et Jean-marie Aron Lustiger a trouvé ses réponses." déclare le réalisateur Ilan Duran Cohen.
Laurent Lucas et Aurélien Recoing
Synopsis
Exceptionnel destin que celui de Jean Marie Lustiger (Laurent Lucas), le juif qui devint cardinal.
Né en 1926 à Paris, ses parents, Charles et Gisèle, sont juifs ashkénazes. À 14 ans, en pleine Occupation, il se convertit au catholicisme contre l’avis de ses parents et ajoute le prénom Jean-Marie à son patronyme.
Il perd sa mère, Giselle, en déportation en 1943 et se déchire avec son père (Henri Guybet), qui n’accepte pas son choix et qu'il accuse d'être un "juif honteux". Le père ne pardonnera jamais vraiment son fils d'avoir demandé le baptême à l'âge où il aurait du faire sa bar-mistvah.
Ordonné prètre en 1954, Jean Marie Lustiger est aumônier de la paroisse universitaire de Paris, connue sous le nom de Centre Richelieu, rassemblant des enseignants de l'école publique, aumônier, des étudiants en lettres et sciences de la Sorbonne, ainsi que des grandes écoles. Son charisme attire nombre d’étudiants et professeurs
En 1979 il est nommé Évêque d’Orléans. Il se hisse soudain au sommet de la hiérarchie ecclésiastique grâce à Jean Paul II (Aurélien Recoing). En 1981, il devient Archevêque de Paris et crée Radio Notre-Dame. Il est créé cardinal par le pape Jean- Paul II, dont il devient un des proches conseillers, en 1983.
Jean-Marie Lustiger doit son ascension fulgurante à son amitié avec Jean-Paul II. La proximité complice de ces deux fils de Polonais tenait pour l'essentiel à leur vision commune de la mission de l'Église. Tous deux la croyaient appelée à réévangéliser l'Occident, en réaffirmant haut et fort les valeurs du catholicisme, et n'hésitaient pas à utiliser le pouvoir médiatique.
Entre 1985 et 1993 éclate l'affaire du carmel d’Auschwitz. L’évènement déclenche la plus grave crise entre juifs et chrétiens depuis la Seconde Guerre mondiale.
C’est à ce Prince de l’Eglise, pas comme les autres, qu’il revient de trouver une issue au conflit qui le bouleverse intimement.
Les religieuses finiront par quitter le camp en 1994. De ce dénouement heureux avec à ses côtés le Cardinal Decourtray (Pascal Greggory), archevêque de Lyon, Jean-Marie Lustiger gagne la reconnaissance d’une partie du monde juif.
1995, est l'année de son élection à l’Académie Française.
En 1999 il crée la chaîne de télévision KTO.
Un an plus tard, en 2000, Jean-Marie Lustiger est l’un des principaux artisans de la visite de Jean-Paul II à Jérusalem.
Jean-Marie Lustiger décède le 5 août 2007 à Paris
Ilan Duran Cohen vit et travaille à Paris. En tant que réalisateur il signe plusieurs longs-métrages. Lola Zipper en 1991. La confusion des genres en 2000, présenté au Festival de Sundance 2001 et au New Director’s New Film à New-York. L'excellent Pascal Greggory figurait en tête du générique. En 2004, il réalise Petits fils, Lauréat du Prix Orizzonti au Festival de Venise, la même année. La fiction, Les amants du Flore réalisée en 2006 pour Arte et France 3, chaîne sur laquelle le téléfilm est diffusé le 6 septembre 2006, est une biographie sur Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, interprétée dans le rôles principaux par Lorànt Deutsch, Anna Mouglalis et Caroline Sihol. Le plaisir de chanter réalisé en 2008 est son dernier long métrage, une comédie dans laquelle ile retrouve Lorànt Deutsch aux côtés de Marina Foïs et Jeanne Balibar.
Le Métis de Dieu marque son retour à la télévision pour Arte.
Également écrivain,
tous les romans d' Ilan Duran Cohen sont publiés chez Actes Sud.
Chantal de Rudder, grand reporter puis rédactrice en chef du Nouvel Observateur, a couvert de nombreux grands événements qui ont marqué le fin du siècle dernier. Son métier de journaliste l’amène à rencontrer le Cardinal Lustiger et d’être l’envoyée spéciale de son magazine sur l’affaire du carmel d’Auschwitz.
Parallèlement à sa carrière dans la presse, elle écrit plusieurs téléfilms et séries avant de se consacrer exclusivement au métier de scénariste. En 2006, elle reçoit le Fipa d’or du meilleur scénario pour Les amants du Flore, réalisé par Ilan Duran Cohen.
Pascal Greggory
Dans le rôle de Monseigneur Decourtray
C’est la scénariste Chantal de Rudder, qui a proposé le projet à Ilan Duran Cohen. Le réalisateur avait envie d’aborder une thématique liée à la blessure identitaire et à la conversion. Changer de religion est un acte fascinant et dramatique qui attire forcément la fiction.
Le Métis de Dieu est centré sur une période précise de la vie du Cardinal Lustiger. Selon le réalisateur : "Le biopic classique est un exercice compliqué qui contraint à narrer un maximum de choses en peu de temps, et je voulais m’en éloigner absolument. Je crois qu’on peut transmettre l’essence d’un personnage en racontant seulement un moment ou un aspect de sa vie. Avant l’écriture, Chantal de Rudder a fait un travail de recherche historique intensif qui nous a permis de trouver notre angle d’attaque. On est partis de la supposition que Le Cardinal Lustiger avait joué un rôle actif dans la résolution de l’affaire du carmel à Auschwitz. C’était à travers cette épreuve que se nouait ce qui m’intéressait dans le personnage : il est soudain confronté à ses racines, à sa conscience. D’une certaine façon, il doit faire son "coming out". Comme le lui dit Théo Klein dans le film, il est contraint de choisir son camp."
Grégoire Leprince-Ringuet
Père Julien. Secrétaire particulier du Cardinal
Ilan Duran Cohen et Chantal de Rudder souhaitaient donner leur interprétation à cette histoire, lui donner un élan presque romanesque, en suivant l’aventure d’un homme qui a été choisi par le destin pour accomplir quelque chose d’incroyable. Jean-Marie Lustiger a rêvé toute sa vie d’œuvrer à la réconciliation entre juifs et chrétiens. "
"Le récit est fait de pointillés de réalité et de blancs qu’on a remplis. À l’évidence, on ne pouvait connaître les détails de la relation de Jean-Marie Lustiger avec Jean-Paul II. On en a donc écrit notre version, celle qui nous a paru la plus plausible et la plus intéressante. Ce sont deux personnages aux destins exceptionnels, sans précédent, des hommes qu’on a envie de voir se rencontrer et s’entrechoquer. Ils constituent un terreau formidable pour la fiction. Je me suis appuyé sur des faits réels mais j’ai voulu donner au film une intensité et une énergie romanesques." reconnait Ilan Duran Cohen.
Jean-Marie Lustiger était un homme tendre et cassant à la fois, parfois colérique, qui fumait comme un pompier. Laurent Lucas, avec son mélange d’humour et de gravité, l’incarne très bien. Ilan Duran Cohen ne voulait pas faire un film d’église au rythme lent et contemplatif. Les rites ne l’intéressaient pas ici, car tout le monde les connaît. Le réalisateur voulait plutôt montrer des hommes en mouvement permanent, qui se confrontent et qui agissent pour faire changer les choses. Jean-Paul II et Jean-Marie Lustiger étaient à cette époque des hommes jeunes et plein d’énergie. Ils passaient certainement du temps dans la réflexion et la contemplation, mais ce qui intéressait le réalisteur c’était de mettre en valeur leur caractère d’hommes d’action.
"J’ai voulu faire un film à fleur de peau, sur le fil et dans l’urgence. paradoxalement, j’avais en tête des œuvres comme Les hommes du Président d’Alan J. Pakula ou Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill." avoue Ilan Duran Cohen.
Laurent Lucas est secondé par une belle galerie de personnages. Ilan Duran Cohen attache beaucoup d’importance aux seconds rôles, qui en fait n’en sont jamais : Pascal Greggory dans le rôle du Cardinal Decourtray, le Père Julien, joué par Grégoire Leprince-Ringuet et la cousine de Jean-Marie Lustiger incarnée par Audrey Dana, qui apporte couleur et sensibilité dans ce monde masculin. Leur présence met en lumière les personnages principaux, les rend humains, les démystifie.
La caserne Fesch à Versailles Satory a servi de décor, début juillet 2012 pour le tournage du Métis de Dieu.
"Comédiens comme techniciens, tout le monde sur le film s’est mis au diapason de l’énergie de Jean-Marie Lustiger. Je crois que nous étions tous fascinés par son histoire. Il est le précurseur d’enjeux actuels. Il suffit de penser aux déchirements identitaires qui sont aujourd’hui encore plus cuisants. ce film est un peu le prolongement de mon long-métrage La confusion des genres, sous une forme plus dramatique." conclue le réalisaeur.
Mon Opinion : Téléfilm tout à la gloire de Jean-Marie Lustiger. Belle mise en scène à la fois sobre et efficace. Le scénario d'Ilan Duran-Cohen et Chantal de Rudder est particulièrement solide et fouillé. Il offre des moments d'une intense émotion qui se mélangent habilement avec des passages plus légers. Il souligne à peine le côté dictatorial de Jean Marie Lustiger qui ne lui valut pas l'adhésion de tous, mais n'hésite pas, en revanche, à montrer la façon dont les principaux protagonistes se servaient des médias pour imposer leurs volontés. Ce détail ne ternit en rien le plaisir ressenti à la vision de ce beau film. Le rôle titre est interprété par Laurent Lucas. Magnifique et touchant. Les scènes, au cours desquelles il se retrouve en prise avec les tourments de sa vie ajoutés au rejet des siens sont bouleversantes. Aurélien Recoing, excelle dans le rôle de Jean-Paul II. Pascal Gregory incarne le Cardinal Albert Decourtray et comme d'habitude, il est parfait. Henry Guybet, admirable dans le rôle du père à la fois fier et meurtri. Audrey Dana et Grégoire Leprince-Ringuet complètent ce solide casting, pour un beau moment de télévision.
Sources :
http://pro.arte.tv
Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène
http://www.lepoint.fr