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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 23:00

 

 Whirlpool - Affiche

 

Réalisé par Otto Preminger


Avec Gene Tierney, Richard Conte, José Ferrer,

Charles Bickford, Barbara O'Neil, Eduard Franz,

Constance Collier, Fortunio Bonanova


Genre Policier, Drame

 

Titre original Whirlpool


Production Américaine


Date de sortie 1949

 


Le Mystérieux Docteur Korvo  est une adaptation du roman Methinks the Lady, écrit en 1946 par Guy Endore. Cet écrivain aux multiples patronymes, né Samuel Goldstein, s'est fait connaitre sous le nom d'Harry Relis. Il n'en était pas à sa première rencontre avec le monde du cinéma lors de la réalisation du film d'Otto Preminger.

 

En effet, Guy Endore avait déjà rencontré un beau succès en tant que scénariste, et avait même été nominé à l'Oscar du Meilleur Scénario pour Les Forçats de la gloire en 1945.

Au final, il a collaboré aux scénarios de 21 films, de 1935 à 1969.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Gene-Tierney-1.jpg

 

Gene Tierney

 

Synopsis

 

Mariée au célèbre et brillant psychiatre de Los Angeles William 'Bill' Sutton (Richard Conte), Ann (Gene Tierney) souffre en secret de kleptomanie. Elle doit à l'intervention d'un étrange personnage, le docteur David Korvo (José Ferrer), de ne pas être poursuivie par la direction d'un grand magasin dans lequel elle tentait de voler un bijou. Par hypnotisme, David Korvo finit par lui redonner le sommeil qui la fuyait depuis de nombreux mois.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Richard-Conte-et-Gene-Tierne.jpg Richard Conte et Gene Tierney

 

Mais, lors d'un cocktail, Theresa Randolph (Barbara O'Neil) prévient Ann de se méfier de lui.

Un soir, alors que son mari est parti assister à un congrès à San Francisco, Ann, en état d'hypnose, se rend dans l'appartement de Theresa Randolph et découvre le cadavre de la jeune femme étranglée. Surprise par deux gardiens, elle est emmenée au poste de police et se révèle incapable d'expliquer au lieutenant James Colton (Charles Bickford) sa présence sur les lieux du crime. Revenu d'urgence pour défendre sa femme accusée de meurtre, Sutton apprend également ses fréquentes rencontres avec le docteur Korvo.

 

Le-mysterieux-docteur-Korvo---Richard-Conte--Gene-Tierney-.jpg

 

Gene Tierney, Richard Conte et Charles Bickford

 

Sutton suggère que le mystérieux individu ne doit pas être étranger aux événements. Or, la veille, Korvo a été opéré de la vésicule biliaire et était cloué sur un lit d'hôpital au moment du meurtre. En fait pour se ménager un alibi parfait. Korvo s'est autohypnotisé pour endormir la douleur, et a pu ainsi étrangler sa maîtresse, qui menaçait de le dénoncer parce qu'il lui avait soutiré de l'argent. Revenu sur les lieux de son crime et surpris par le lieutenant Colton, Ann et William, Korvo, qui avait trop présumé de ses forces, succombe à une hémorragie.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Jose-Ferrer-et-Gene-Tierney.jpg

 

José Ferrer et Gene Tierney

 

Après La maison du Dr Edwardes réalisé par Alfred Hitchcock en 1945, film fondateur des films de psychanalyse où le psychiatre remplace le détective, Hollywood va produire en cinq ans six autres films fondateurs du genre : La double énigme  de Robert Siodmack en 1946, Le médaillon réalisé par John Brahm toujours en 1946, La vallée de la peur de Raoul Walsh en 1947, La fosse aux serpents réalisé par Anatol Litvak en 1948, Le secret derrière la porte de Fritz Lang en 1948 et  Le Mystérieux Docteur Korvo.

 

Le scénario de ce film noir, intitulé en français Le mystérieux Docteur Korvo, est signé Ben Hecht. Pour l’anecdote, rappelons que certaines copies du film ne créditent pas Ben Hecht mais un certain Lester Barrow. L’explication de ce mystère est simple : à cette époque, Ben Hecht est un fervent soutien de la cause sioniste dans la guerre qui oppose les Juifs à l’Angleterre. La Fédération Britannique des Exploitants boycotte alors toute œuvre où son nom apparaît. La Fox, dirigée par Zanuck, contourne l’obstacle en affublant le scénariste d’un pseudo qui n’est autre que le nom de son chauffeur ! 


Le Mystérieux Docteur Korvo - Gene Tierney 2

 

Otto Preminger retrouve Gene Tierney et renoue avec certains thèmes et figures exploités dans Laura : l’héroïne est une victime partagée entre deux hommes, la relation père/fille sert de mécanique à la mise en scène, le récit se déroule essentiellement de nuit et un mystérieux tableau intrigue les protagonistes. Le spectateur n’assiste donc pas à un spectacle quelconque mais déguste avec délectation l’un des meilleurs morceaux de l’œuvre "premingerienne".


La mise en scène du maître brille encore une fois de mille feux.

 

Dans les années 50, Les Cahiers du Cinéma défendaient Otto Preminger face à l’indifférence dédaigneuse de Positif. Dans un excellent texte paru aux éditions Yellow Now, Gérard Legrand rappelle que François Truffaut qualifiait la caméra du cinéaste de "Cadillac avec des fauteuils hydrauliques" et déclarait qu’avec cette mise en scène on atteignait "l’avènement du spectateur roi, le règne du confort !"

 

Aujourd’hui, cette reprise au cinéma nous permet de retrouver l’œuvre du maître dans des copies de qualité et force est de constater que la Cadillac Preminger est toujours aussi belle et confortable !

 

Entièrement au service du film, la mise en scène est riche de magnifiques mouvements de caméra, de sensationnelles prises de vues à la grue, et le travail soigné souligne la maîtrise du cinéaste. "Rarement une œuvre d' Otto Preminger a été à ce point tendue entre la perfection glacée et envoûtante d’une mise en scène apparemment omnisciente, et le trouble profond des personnages" admire Les Cahiers du Cinéma. Otto Preminger  a "le talent de provoquer des sensations" apprécie encore Le Figaro. Télérama propose un autre axe de réflexion, fondé sur la parfaite symbiose entre sujet et réalisation. "Qu’est-ce qu’un metteur en scène sinon un hypnotiseur qui fascine ses acteurs ?" s’interroge l’hebdomadaire. On retrouve d’ailleurs cette idée dans Les Cahiers du Cinéma, qui rappelle qu’il y a "toujours chez Otto Preminger un lien entre l’hypnose sous toutes ses formes et la mise en scène cinématographique".

 

Filmographie de Gene Tierney ... Cliquez ICI !

 

L’utilisation quasi-systématique de la grue en intérieur est une des caractéristiques du style d'Otto Preminger. À l’aide de cette technique et de la précision diabolique de ses cadrages, l’œil du public reste au plus près des personnages et baigne dans une ambiance parfaitement fluide que certains critiques de l’époque qualifièrent d’aquatique. François Truffaut encore. Afin d’amplifier cette atmosphère, Otto Preminger utilise à foison les fondus enchaînés et gagne ainsi en élégance et en discrétion. Enfin, le travail sur la lumière est en adéquation avec le style des mouvements de caméra et du montage : contrairement à la norme du film noir, Le mystérieux Docteur Korvo joue très peu sur les contrastes; les décors sont composés d’éclairages multiples et les rares scènes dépourvues de lumières artificielles bénéficient d’une forte luminosité extérieure, comme un clair de lune très puissant par exemple lorsque Ann cache les enregistrements de son mari.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Gene-Tierney.jpg

 

Gene Tierney

 

Arthur C. Miller, alors en charge de la photographie, fait preuve d’une belle maîtrise de son art. L'harmonie visuelle ainsi créée plonge le public dans une atmosphère empreinte de volupté, mais la force émanant de la  Preminger’s touch ne peut tenir dans une simple mise en forme élégante. Si le style Preminger séduit tant de cinéphiles, c’est parce que la beauté des images vient se heurter à la froideur de l’interprétation et du propos. Dans Whirlpool, comme dans la majorité des films d' Otto Preminger jusqu’au début des années soixante au moins, les comédiens sont dans un registre de non-jeu. Chez Otto Preminger la direction d’acteurs impose au jeu des comédiens un style glacial, presque inquiétant. C’est d’ailleurs une caractéristique que le maître autrichien partage avec Alfred Hitchcock chez qui l’interprétation ne devait jamais écraser la mise en scène. Aujourd’hui, force est de constater qu’après des années de règne de l’Actor’s Studio, ce style clinique semble trouver un nouveau souffle : des cinéastes comme Laurent Cantet, Alejandro Amenabar ou M. Night Shyamalan renouent avec ce style. Chez eux comme chez Otto Preminger, le contraste provoqué par la beauté des mouvements de caméra et le minimalisme de l’interprétation crée une atmosphère étrange où se mêle fascination et inquiétude pour le plus grand plaisir du spectateur.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Richard-Conte-et-Gene-Tiern.jpg  Richard Conte et Gene Tierney

 

En revoyant Whirlpool, une réflexion s’ouvre sur le rôle indispensable ou non du scénario dans l’appréciation d’une œuvre cinématographique. Contrairement à ce que disait Jean Gabin, nous sommes en droit de penser qu’un grand film n’est pas que le fruit d’une bonne histoire. Otto Preminger le prouve avec Whirlpool où la richesse, la beauté et l’originalité de la mise en scène permettent d’oublier les faiblesses du script et de se plonger dans l’œuvre avec un œil contemplatif. Toutefois, certains pensent raisonnable d’apprécier Whirlpool avec moins d’enthousiasme que les sommets du début de carrière d' Otto Preminger que sont Laura ou Mark Dixon. Moins abouti dans sa mise en scène ce 14ème long métrage américain d’Otto Preminger n’en demeure pas moins un superbe exercice de style que tous les admirateurs du cinéaste autrichien se plairont à découvrir ou à revoir avec énormément de plaisir !


Le Mysterieux Docteur Korvo est le dernier film de l'actrice Constance Collier, figure du muet ayant. Victime du passage du cinéma au parlant, elle ne retrouvera le chemin des studios qu'au milieu des années 1930.

 

Gene Tierney Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Gene-Tierney-copie-1.jpg

 

 

 

 

Pour ou Contre ...

 

"Le scénario ne tient pas debout et le film est admirable"… C’est Télérama qui en une phrase résume l’avis de toute la presse. Si ce policier "diablement efficace"  comme le souligne Le Nouvel Observateur ou se "savoure agréablement" peut-on lire dans Le Quotidien de Paris, il reste considéré comme un film mineur en regard des autres chefs d’œuvres noirs d'Otto Preminger et en dépit de la présence de Gene Tierney qui vaut le déplacement à elle seule.

 

La comédienne traverse le film presque avec magie. "D’une beauté fulgurante, elle rend avec beaucoup d’intelligence les tourments de l’épouse américaine" juge L’Express. À chaque scène émerge sa "beauté tour à tour candide et meurtrie" s’émeut Positif, rejoint par Le Nouvel Observateur qui s’extasie devant son "éblouissante présence". "Le rôle est sans doute, avec celui de Lucy Muir, le plus beau de la carrière de Gene Tierney" déclare même Pascal Mérigeau dans La Revue du Cinéma.

 

Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Gene-Tierney-copie-2.jpg Gene Tierney

 

Le Mystérieux Docteur Korvo, comme le sous-entend son titre original Whirlpool, "explore les méandres et les tourbillons du thriller psychanalytique" explique Le Quotidien de Paris. Mais son scénario fait tiquer, si ce n’est discrètement ricaner les critiques. "Abracadabrant" pour L’Express, il "emprunte sans scrupule à une problématique qu’on peut littéralement qualifier d’histoire à dormir debout" ironise Le Nouvel Observateur. "Plusieurs fois, la vraisemblance est mise à rude épreuve" renchérit Le Figaro, et dans Libération, Louis Skorecki ne cache pas sa stupeur : "les scénaristes s’étaient vraiment défoncés pour nous plonger dans le plus ahurissant concentré de mélo-psy qu’on puisse imaginer" écrit-il en 1986.

 

Pourtant, par certains côtés, Whirlpool atteint pleinement son but. "Le fait indiscutable est que Otto Preminger nous tient en haleine jusqu’au bout" concède Louis Chauvet dans Le Figaro. Le film est d’ailleurs premingerien à souhait, le réalisateur dessine une nouvelle fois un des captivants portraits de femme dont il a le secret, et l’esquisse se double ici d’un"drame de mœurs" estime Le Quotidien de Paris.

 

Gene Tierney Le-Mysterieux-Docteur-Korvo---Gene-Tierney-copie-3.jpg


Le triptyque amoureux est séduisant, l’intrigue inventée par Guy Endore n’est pas dénuée d’intérêt, mais la caractérisation des personnages, notamment celle du docteur Barrow, est  faible et peu crédible.

Comment un brillant psychanalyste peut-il vivre avec une épouse kleptomane sans se douter de sa maladie ? Comment peut-il observer sa femme sans réaliser qu’elle est sous l’emprise d’une séance d’hypnose ?

Lorsque Barrow comprend cette réalité dans le final du film, il tombe des nues alors qu’il est censé être un spécialiste du comportement humain ! De son côté, le personnage interprété par Gene Tierney a toutes les caractéristiques d’une victime premingerienne. Gene Tierney incarne ici une héroïne peu crédible, notamment lorsqu’elle veut cacher, à tout prix, sa kleptomanie : alors qu’elle est accusée de meurtre, elle continue à taire ce secret qui pourrait pourtant l’aider à la disculper. Le spectateur a alors bien du mal à comprendre un tel acharnement !

Enfin, la crédibilité des actes du Docteur Korvo est également difficilement acceptable : l’auto-hypnose qu’il s’inflige alors qu’il est gravement malade tient malheureusement plus d’un mauvais vaudeville que d’un récit policier. Dès lors, peut-on considérer que l’échec de l’adaptation de Ben Hecht condamne le film ?

 

La réponse est évidemment négative, car malgré ce scénario invraisemblable, la mise en scène d'Otto Preminger force de nouveau l’admiration.


 

Sources :

http://www.dvdclassik.com - François-Olivier Lefèvre

http://www.cinematheque.fr

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.imdb.com

http://www.allocine.fr

commentaires

C
<br /> veinards de parisiens... Il devrait y avoir un  ''Action Christine'' dans chaque ville de France!!!<br />
Répondre
J
<br /> Salut Alain, ce film ressort effectivement à l'Action Christine. Ce seul endroit devrait te rappeler de bons souvenirs. Merci de m'avoir cité. Je t'embrasse et à très vite. Jacques<br />
Répondre
D
<br /> Bonsoir Alain, voilà un film que j'ai en DVD depuis un bon moment et que je n'ai toujours pas pris le temps de voir. Ton billeit va peut-être me décider. Bonne soirée.<br />
Répondre
C
<br /> je n'ai pas vu ce film. Mais ce que tu en dis donne envie! Mais Gene Tierney et un Preminger, même moyen, c'est quand même pas rien!!!<br />
Répondre
J
<br /> je suis tombé par hasard sur ce film via ta page consacrée à Gene Tierney. J'aime bien la façon dont tu as souligné les critiques avec les pours et les contres. Moi, pour Gene Tierney et Otto<br /> Preminger je suis 100% pour, et tant pis pour les imperfections scénarisitques. Le cinéma reste du cinéma.<br />
Répondre

 

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