Réalisé par Douglas Sirk
Avec Lana Turner, John Gavin, Sandra Dee, Robert Alda,
Susan Kohner, Dan O'Herlihy, Juanita Moore,
Karin Dicker, Terry Burnham, John Vivyan, Lee Goodman
Titre original Imitation of life
Genre Drame, Romance
Production Américaine
est le remake de Imitation of life Réalisé par John M. Stahl en 1934.
Avec Claudette Colbert, Warren William, Rochelle Hudson, Ned Sparks
Pour Imitation of life, Douglas Sirk garde le titre du roman de Fanny Hurst tout comme l'avait fait John M Stahl. dans Images de la vie en 1934, seuls les titres français varient.
Pourtant l'imitation de la vie que condamne la romancière dans son livre est bien loin de ce que Imitation of life exalte dans son film : les multiples forces vitales qui animent les personnages et dont chacun, à commencer par le spectateur, ne peut que percevoir les reflets.
Mirage de la vie est à la fois les adieux de Douglas Sirk au cinéma américain et le chant du cygne du vieux système hollywoodien. Également, en cette fin des années cinquante, le mélodrame, genre typiquement hollywoodien représenté par des œuvres comme Une étoile est née, La Comtesse aux pieds nus, La Colline de l'adieu, Écrit sur du vent, Comme un torrent, brille avec Mirage de la vie de ses derniers feux.
Mélodrame sublimé, le film annonce le sommet et le déclin du genre.
Considéré comme son testament cinématographique, Douglas Sirk réalise avec Mirage de la vie son dernier film américain, la maladie et son désir de ne pas se répéter vont désormais l’éloigner des studios hollywoodiens. "Un nouvel Hollywood était en gestation", dit Douglas Sirk, un Hollywood prêt à engendrer des œuvres comme Easy Rider, en tout cas une autre génération de films, au style très différent. "Mais je ne me sentais plus assez jeune pour attendre cette ère nouvelle, et continuer à faire des films exactement comme avant n’avait plus de sens pour moi, car j’avais alors d’autres préoccupations et d’autres centres d’intérêt..." avoue le réalisateur.
Imitation of life, analyse le contexte socio-politique d'une époque, en l'occurrence les années 50 américaines marquées par le racisme omniprésent mais aussi la timide mais réelle aspiration des femmes à plus de liberté, tant professionnelle que sexuelle. Il met l'accent sur la prise de conscience de l'autre à la couleur de peau différente
L’énorme succès du Mirage de la vie, remit à flot les studios Universal Pictures alors en proie aux plus graves difficultés financières. Il est le neuvième au box-office américain de l’année 1959 avec près de 6,4 millions de dollars de bénéfices pour les États-Unis et 25 millions de dollars dans le monde.
Lana Turner a travaillé sans salaire mais avec un intéressement de 50% sur les profits du film ce qui la laissa à l’abri du besoin.
Juanita Moore, Karin Dicker, Terry Burnham, Lana Turner
Synopsis :
Lora Meredith (Lana Turner) veut être actrice. Elle élève sa petite fille Susie (Terry Burnham) avec l'aide d'Annie (Juanita Moore), une jeune femme noire qu'elle a recueillie.
Opposées en tous points, Lora et Annie partagent néanmoins le même état civil de femmes célibataires. Malgré leur gêne financière au début du récit, l’une et l’autre assument parfaitement l’éducation de leurs filles. Sans être des ennemis ni des accessoires, les hommes apparaissent comme des outils à leurs besoins. Annie fait preuve d’une adroite diplomatie auprès du laitier tandis que Lora, qui ne doit son premier rôle qu’à son opiniâtreté, offre ensuite une représentation pragmatique du féminisme pour faire des hommes qui l’entourent des marchepieds à sa carrière.
Sarah Jane (Karin Dicker), la fillette d'Annie, souffre d'autant plus de ses origines qu'elle est blanche de peau comme son amie Susie. Cela ne va pas sans créer quelques problèmes supplémentaires à Lora qui se fraye un chemin vers la gloire avec l'aide d'Allen Loomis (Robert Alda), son imprésario. Mais c'est l'écrivain David Edwards (Dan O'Herlihy). qui fera d'elle une grande vedette.
Juanita Moore et Lana Turner
Steve Archer (John Gavin), un jeune photographe qui a porté secours à Lora lorsqu'elle cherchait du travail, sera la victime de la réussite de sa protégée.
Malgré un amour réciproque, Lora refuse le mariage que celui-ci lui propose au début de leur relation au motif qu’elle tient à sa passion du théâtre, à laquelle celui-ci lui demande de renoncer.
Des années ont passé : Lora semble lasse de n'exister qu'au travers des personnages qu'elle incarne. Elle sent aussi que Susie adolescente maintenant (Sandra Dee) a besoin d'une affection dont la fidèle Annie a été plus prodigue qu'elle-même. Cette dernière voit avec désespoir Sarah Jane (Susan Kohner) se détacher définitivement d'elle pour vivre, en se faisant passer pour blanche, une carrière de danseuse dans des spectacles minables.
Juanita Moore et Susan Kohner
Steve a repris contact avec Lora et celle-ci comprend enfin ce que représente pour elle ce fidèle compagnon de route : un amour vrai, sûr.
Lana Turner et John Gavin
Malade, épuisée d'avoir sans cesse tout sacrifié à ceux qu'elle aime, Annie meurt. Aux grandioses obsèques dont elle avait rêvé toute sa vie, se trouveront réunis Sarah Jane, redevenue pour toujours la fille d'une femme noire, Lora, Steve et Susie enfin prêts à affronter les réalités de la vie, conscients que seuls l'amour et l'affection ne sont pas des mirages.
Illusion, comédie, démesure, autant de mots qui correspondent à la dernière volonté d’une femme qui est passée à côté de sa vie et qui entendait réussir sa mort. Car si son existence a été faite de soumission au maître blanc, la mort d’Annie doit apparaître, selon sa vision de la réussite sociale faite de clinquant, comme une revanche. Or, celle-ci s’affiche avec une gran- diloquence inversement proportionnelle à l’humilité de l’héroïne, cette dernière confondant la dignité et son reflet fallacieux, la vanité. "Pas de deuil, disait-elle à Lora avant de mourir, mais de la joie comme si j’allais vers la gloire. "
Susan Kohner
Parabole sur la vie américaine a travers l'amitié et le destin de deux femmes qui élèvent seules leurs filles, l'une blanche, l'autre noire.
Les thèmes de la vanité de la réussite sociale et son corollaire, l'antagonisme entre vie publique et vie privée, n'apparaissent donc pas ni dans le roman ni dans le film. Dans Images de la vie, Bea est ainsi prête à tout quitter, à abandonner la gestion de son entreprise pour suivre Steve sur son bateau au milieu des îles des mers du sud. Les deux thèmes principaux sont l'erreur que constitue le refus d'accepter sa race et sa condition ainsi que l'amour indéfectible entre une mère et sa fille. Lorsque l'on contrecarre ces deux sentiments naturels, alors, on est dans l'imitation de la vie.
Le roman va même plus loin dans le reniement des valeurs essentielles et la lourdeur du remords. Elle tombe amoureuse d'un ingénieur et lui cache qu'elle est noire. Elle se fait stériliser pour qu'un enfant ne révèle pas la négritude et part en Amérique du sud. Cet acte est trop sensible en 1934 et disparaît du film de Stahl comme de celui de Douglas Sirk. On dit aussi seulement que le grand-père était très blanc. Le code d'autocensure interdit que l'on fasse allusion à des rapports sexuels entre blancs et noirs, entre maître blanc et esclave noire par exemple.
Ce film analyse le contexte socio-politique d'une époque, en l'occurrence les années 50 américaines marquées par le racisme omniprésent mais aussi la timide mais réelle aspiration des femmes à plus de liberté, tant professionnelle que sexuelle. Il met l'accent sur la prise de conscience de l'autre à la couleur de peau différente
John Gavin et Lana Turner
Les deux transpositions majeures de Douglas Sirk, outre l'actualisation de l'action, sont donc l'apparition de Steve Archer comme incarnation de l'amour véritable dès le début du film et la transformation de Laura en actrice aimant son travail plus que tout.
Stylistiquement, ces deux choix se marquent dès le générique. C'est d'abord le thème musical qui égrène ces paroles : "Sans amour, nous ne vivons qu'une imitation de la vie. Les étoiles, les couleurs perdent leur splendeur. Trompeuses images, imitations de la vie. Sans l'être aimé, la vie ne serait qu'un mirage".
Le second thème annoncé dans le générique est la vanité des splendeurs de ce monde matérialisé par la chute des diamants qui s'agglutinent sur le sol jusqu'à remplir l'écran.
Sources :
Le Cinéma Grande histoire illustrée du 7e art. Volume 5. Éditions Atlas
Douglas Sirk par Jean-Loup Bourget
http://www.imdb.fr
http://www.cineclubdecaen.com
http://fr.wikipedia.org
http://www.cinemovies.fr