Réalisé par Mike Nichols
Avec Anne Bancroft, Dustin Hoffman, Katharine Ross,
William Daniels, Murray Hamilton, Elizabeth Wilson,
Buck Henry, Brian Avery, Walter Brooke, Norman Fell
Genre Comédie dramatique, Romance
Titre original The Graduate
Production Américaine 1967
The Graduate adapté du roman éponyme de Charles Webb.
Dustin Hoffman et Anne Bancroft
The Graduate fit scandale à sa sortie pour avoir montré l'amour entre un jeune homme et une femme mûre. En réalité, Dustin Hoffman, qui interprétait le jeune homme, avait déjà 30 ans, et la femme mûre interprétée par Anne Bancroft tout juste 36 ans à l'époque du tournage, alors que Elaine, Katharine Ross dans le film, en avait 27 !
Katharine Ross et Dustin Hoffman
Ce film est considéré par le Top 100 de l'American Film Institute comme le dix-septième plus grand film américain de l'histoire du cinéma en 2007. (En 1998, il avait été classé septième)
C’est grâce au succès de The Graduate que Dustin Hoffman, devenu célèbre du jour au lendemain, voit une carrière spectaculaire s'ouvrir devant lui.
Quant à Mike Nichols, réalisateur reconnu pour son talent à capter l’air du temps, et qui vient de tourner Who's Afraid of Virginia Woolf ?, en 1966, il remporte avec The Graduate
- l'oscar du meilleur réalisateur.
- BAFTA du meilleur film
Synopsis
Benjamin Braddock (Dustin Hoffman) est un jeune homme qui a fini ses études et est retourné chez ses parents en Californie où il prévoit de passer quelques jours de vacances. Il arrive chez eux au moment d'une soirée entre amis et se sent seul. Ses parents l'invitent à descendre de sa chambre pour se mêler à la fête, mais il préfère rester seul à l'écart de la soirée, jusqu'au moment où une certaine Madame Robinson (Anne Bancroft) s'approche et lui demande gentiment de la raccompagner chez elle. Benjamin accepte de la ramener dans sa nouvelle voiture. La femme lui fait de nombreux compliments et des avances. Arrivés chez elle, elle l'invite à boire un verre et l'emmène dans sa chambre, se déshabille. Benjamin veut résister à l'appel de cette femme quand soudain l'arrivée de Mr Robinson (Murray Hamilton) met un terme à cette scène de séduction. Après une petite discussion, Mme Robinson lui dit à très bientôt et Benjamin s'en va. Benjamin est attiré mais veut résister à cette femme. Plus tard lors d'une nouvelle rencontre ils vont faire l'amour.
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Mme Robinson réussit à faire de Benjamin son amant malgré lui. Dès lors, le jeune homme prend soin de lui et de son apparence en vivant apparemment sa première vraie relation avec une femme. Mrs. Robinson, provocatrice, que Ben n'appellera jamais autrement, entretenant leur rapport si particulier, leur fantasme devenu réalité. Névrosée, alcoolique mondaine, sensuelle, elle se drape des atours de la sexualité bestiale, primitive: ses vêtements sont, à tour de rôle, des imprimés zèbre, girafe ou léopard… Libérée, elle ne cherche qu'à assouvir ses besoins sexuels avec le jeune homme qu'elle a asservi, tandis que celui-ci souhaiterait une histoire d'amour.
Les parents de Benjamin (William Daniels et Elizabeth Wilson), soucieux de voir que leur fils ne fait rien de la journée, lui demandent d'inviter la fille des Robinson, Elaine (Katharine Ross), à sortir. Madame Robinson avait pourtant interdit à Benjamin Braddock d'inviter et de voir sa fille. Mais Benjamin accepte un rendez-vous avec Elaine, ce qui détruit sa relation secrète avec Mme Robinson. Il tombe amoureux d'Elaine. Look de sage étudiante aux grands yeux de biche, Elaine est une proie innocente, que Ben gardera intacte. Mais quand celle-ci apprend qu'il a eu une relation avec sa mère, elle part et refuse de revoir Benjamin. Il part la retrouver dans sa nouvelle école. Après quelques péripéties, le père d'Elaine arrange un mariage pour elle. Benjamin l'apprend au dernier moment. Benjamin ému, en pleurs et fou de douleur, tente de la reconquérir, il n'y parviendra qu'à la toute fin, l'enlevant de l'église où elle vient juste de se marier. Ainsi, il devient de nouveau l'amant, rompant une seconde fois les "liens sacrés du mariage", institution en branle à l'aube des années 70; brisant aussi définitivement le moule dans lequel voulaient le faire entrer ses parents. Benjamin et Elaine partent tous les deux en courant et s'engouffrent dans un bus. Le film se termine sur un plan d'eux deux assis à l'arrière.
Katharine Ross et Dustin Hoffman
Le succès considérable du Lauréat, plus de 40 millions de dollars de recettes en quelques semaines aux États-Unis, constitue une surprise au moment de sa sortie : personne ne croyait en effet à ce film qui réunissait des acteurs peu connus autour d’un scénario scabreux dont le héros séduisait à la fois une mère et sa fille.
Le grand public se passionne immédiatement pour ce jeune héros anticonformiste et pour cette histoire reflétant parfaitement l’Amérique de la fin des années 1960, à mi-chemin entre puritanisme et libération sexuelle.
Anne Bancroft et Dustin Hoffman
La caméra de Mike Nichols retranscrit à la perfection ce que ressent à chaque moment Benjamin, abusant de gros plans, pénétrant la sphère de l'intime, de travellings vifs rappelant les westerns et de cadres légèrement décadrés, mais toujours savamment composés, suivants des lignes géométriques comme dans les scènes du Bay Bridge, le couloir de l'hôtel, l'église moderne etc. Le spectateur nage à son tour dans la confusion du héros, sentant presque le rythme de son cœur s'accélérer.
Dustin Hoffman, alors inconnu, crève l'écran, jouant aussi bien le jeune homme timide que le fils nonchalant ou l'amant obsessionnel, la tension allant crescendo.
Anne Bancroft et Dustin Hoffman
Sur l’affiche, des jambes, ancrées dans toutes les mémoires cinéphiles et que l’on attribue généralement à Anne Bancroft. Erreur : elles appartiennent en réalité à Linda Gray, alors inconnue et dont le visage prendra quelques années plus tard les traits de Sue Ellen dans Dallas. Sachant que Mrs. Robinson se définit comme une alcoolique, l’anecdote pourrait n’être qu’amusante. Elle est éclairante sur la manière dont Le Lauréat, le film aussi bien que le personnage, s’accommode du corps féminin. C’est un corps disloqué, éparpillé aux quatre coins de la tête de Benjamin Braddock depuis qu’il s’est révélé devant lui.
Ce qu’en voit Benjamin : une poitrine, une hanche, un ventre. Une série d’images forcément subliminales puisque, dans ces moments-là, le choc et l’émotion empêchent de rien distinguer correctement.
Le film continuerait à s’enfoncer ainsi dans l’inceste et l’adultère, tranquillement, sans l’irruption de Mrs. Robinson, fille dans le couple.
Irruption par voie de dialogue, une nuit où les amants s’essayent à la conversation pour égayer un peu leurs ébats. Tiraillés par des envies contraires, ils allument et éteignent successivement la lampe, créant une alternance "ténèbres" et "lumière" qui évoque le défilement de la pellicule cinéma. Mais un défilement qui s’effectuerait au ralenti. S’arrête. Et reprend, mais on est alors en droit de se douter que rien ne sera plus comme avant.
Effectivement, sitôt les mises en garde proférées par une mère jalouse, le récit intrigue pour confronter Ben à Elaine. Ben l’emmène dans une boîte de strip-tease, la malmène, joue les parfaits goujats. Mais en voyant le visage de la jeune fille littéralement collé contre le bas-ventre de la danseuse, le lauréat prend subitement conscience qu’une femme, ce n’est pas qu’un corps en morceaux, un objet pornographique qui se décline en gros plans.
C’est également un cœur qui bat au fond d’yeux, capables à l’occasion de saigner sous forme de larmes.
Mrs Robinson, la chanson écrite par Paul Simon et interprétée par le duo Simon et Garfunkel, contribue d’ailleurs largement à la notoriété de cette œuvre.
Un autre acteur fait ici ses débuts de comédien en tant que figurant, il s'agit de Richard Dreyfuss. On peut l'apercevoir furtivement dans le campus du film.
Sources :
http://www.allocine.fr
http://www.imdb.com
http://www.filmdeculte.com
http://tcmcinema.fr