Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 23:00

 

.Les-Amants-de-Salzbourg---Affiche.jpg

 

Réalisé par Douglas Sirk

 
Avec June Allyson, Rossano Brazzi, Marianne Koch,

Françoise Rosay, Keith Andes, Frances Bergen

Lisa Helwig, Herman Schwedt, Anthony Tripoli, Jane Wyatt

 
Genre Drame, Romance


Titre original Interlude


Production Américaine

 

Alors en pleine gloire, Douglas Sirk continue à tourner des remakes des films de John M. Stahl et s’attaque en 1957 à Veillée d'amour réalisé en 1939, avec Charles Boyer et Irene Dunne. Il transpose l’histoire principale en Europe, et notamment entre la Bavière et l’Autriche, lui donnant ainsi l’occasion de revenir sur ses terres

 

Dans le film de John M. Stahl, seul le personnage de Charles Boyer est européen. Ici le tournage a lieu en extérieurs à Munich et Salzbourg.

 

"Voilà ce qui m’enchante chez Douglas Sirk, ce délirant mélange : classicisme et modernisme, sentimentalisme et raffinement, cadrages anodins et Cinémascope endiablé. Tout ça, on le voit bien, il faut en parler comme Aragon des yeux d’Elsa, en délirant beaucoup… Peu importe, la seule logique dont Sirk s’embarrasse, c’est le délire". Jean Luc Godard

 

Les-amants-de-Salzbourg---June-Allyson-et-Rossano-Brazzi.jpg

 

June Allyson et Rossano Brazzi

 

Synopsis

 

Helen Banning (June Allyson) arrive à Munich pour travailler aux services d'information, en tant qu'assistante-bibliothécaireHelen Banning doit assurer à Prue Stubbins (Jane Wyatt), sa supérieure hiérarchique, n’être venue à Munich que pour y vivre, une nouvelle et romantique existence, mais, elle aura beau lancer sur son interlocutrice du moment des regards sincèrement étonnés, des regards qui n’expriment que des désirs de carrière, des regards qui lui disent clairement que non, elle n’est pas la fille qu’elle croit, des regards du genre de ceux que font les gens quand ils ne comprennent pas la question qui leur est posée, elle ne la convaincra pas pour autant.  Prue Stubbins, est elle-même américaine et a, elle aussi, traversé l’Atlantique, et ne sait que trop bien pourquoi on quitte son pays, sa ville, son village, son coin de rue étroit. Son travail l’assomme et l’irrite au plus haut point.  Prue Stubbins est désagréable avec tout le monde, et paie le prix fort pour sa folie d’avoir cru un jour qu’il lui serait possible d’aimer au-delà de l’amour.

 

Morley Dwyer (Keith Andes), est une vieille connaissance d’Helen Banning. Il fait son entrée dès le départ de Prue Stubbins. Lui aussi a quitté l’Amérique pour Munich, confessant toutefois que "tout ce qu’il avait appris à Munich il aurait pu l’apprendre là-bas, chez lui, en Amérique." Il avoue à Helen n'être venu dans la capitale bavaroise que pour pouvoir, à son retour en Amérique, "orner sa salle d’attente du prestige d’un diplôme européen".

 

L'organisation d'un concert lui fait rencontrer Tonio Fischer (Rossano Brazzi), le chef d’orchestre mondialement réputé et si aimé des femmes que son épouse Reni (Marianne Koch) en est devenue folle.

 

Helen s’éprend de Tonio, dont elle accepte les invitations et suit les concerts en coulisses…

 

Les-amants-de-Salzbourg---Rossano-Brazzi.jpg

 

 Rossano Brazzi 

 

Le film s'inscrit dans la tradition de certains films musicaux où un grand interprète, pianiste ou chef d'orchestre, rencontre une jeune musicienne. C'est Intermezzo réalisé par Gregory Ratoff en 1939 avec Ingrid Bergman. Le titre original, Interlude, évoque une passion vive mais brève. Cette passion est un interlude européen vécue avec Tonio Fisher, le grand maestro alors que Morlay Dwyer permettra un retour rassurant à la patrie.

 

Comme bien souvent avec Douglas Sirk, nous voici de retour dans un mélo. Cette fois-ci, le dépaysement est garanti, car comme son titre l’indique nous nous rendons a Salzbourg pour Interlude---Affiche-2.jpgsuivre une jeune américaine tout droit débarquée de sa terre natale dans ce pays inconnue. Son problème, qui est finalement un fait de société bien récurent : choisir entre deux hommes. Un médecin et un chef d’orchestre. Le premier va la convaincre de sortir avec lui, tandis que son "adversaire" va lui offrir une journée romantique à Salzbourg. Mais attention, car comme dans toute histoire d’amour qui se respecte, il y a toujours une autre femme et elle l’apprendra à ses dépends. Rien de bien original, mais une histoire bien interprétée et bien réalisée, prouvant une fois de plus s’il est nécessaire, le talent de Douglas Sirk.

 

S’il y a bien une thématique qui parcourt inlassablement l’ensemble des films de Douglas Sirk, c’est bien cette représentation du rêve américain dont les principaux fondements seraient liés à la réussite sociale et à la glorification des valeurs familiales. Cette question reste fondamentale dans Les Amants de Salzbourg dans la mesure où les principaux personnages, ou leur environnement le plus proche, ne vivent que pour l’accomplissement de leurs rêves bourgeois : retrouver la cellule familiale, pérenniser celle-ci ou vivre un conte de fées.


On constate que Douglas Sirk est réellement passé maître de ce genre de film, qui plus est, tourné en cinémascope. Gommant la plupart des aspects purement mélodramatiques, Douglas Sirk s’applique à filmer des paysages grandioses dans un format Scope approprié et un Technicolor flamboyant.

 

Les-amants-de-Salzbourg---June-Allyson-et-Rossano--copie-1.jpg

 

Tout semble factice, tout droit sorti des clichés et d’un décor d’Opéra, mais la magie du Maître opère :  Douglas Sirk et ses cadrages, ses couleurs, son côté "too much", mais tellement esthétique et étudié, que chaque image est un petit chef d’œuvre en elle-même.

Notamment à la première apparition de la femme du musicien, dont le visage se reflète dans le piano, sublime tableau.

 

Les Amants de Salzbourg  se présente comme un conte de fées, toujours ironique chez Douglas Sirk. Helen Banning, jeune Américaine, débarque à Munich pour y travailler. Au cœur de cette vieille Europe, elle succombe au fantasme d’un romantisme décomplexé en tombant amoureuse d’un chef d’orchestre En arrière-plan de cet amour naissant, défilent des images de la Bavière dignes d’un dépliant touristique. Salzbourg, que les amants visitent le temps d’un week-end, incarne cet absolu et ce romantisme auquel Helen croit depuis son enfance, conditionnée par les rêves d’amour que la société fabrique pour elle. Si elle succombe si facilement au charme du musicien, tandis que le médecin qui la courtise aussi en vue de lui offrir un bonheur conventionnel, c’est qu’elle souhaite devenir elle aussi une image d’Épinal, séduite par le cliché de l’artiste torturé et excessif auprès de qui le reste du monde paraît finalement bien médiocre.

 

La luxueuse demeure dans laquelle il vit, la résidence secondaire au bord d’un lac magnifique, le pique-nique champêtre, tous les codes du conte de fées sont ici rassemblés.

 

Les-Amants-de-Salzbourg---Marianne-Koch.jpg Marianne Koch

 

Dans Les Amants de Salzbourg, l’enjeu familial est inexistant. La thématique du personnage miroir se déplace sur la relation entre Helen et la femme de Tonio dont la première apparition se fait justement lors d’une très belle scène où son reflet se dessine dans le piano de son mari. Les deux femmes se reflètent autant qu’elles s’opposent : Helen, posée, sage, presque lisse, affronte la jalousie de cette femme borderline, présentée comme instable psychologiquement, qui l’arrache violemment à cette rêverie romantique pour la ramener à une réalité bien plus violente : ce conte de fée n’est pas la réalité et ne peut perdurer. Lors d’une scène de concert, les deux femmes se retrouvent justement dans les coulisses : la première est vêtue d’un blanc virginal tandis que la seconde arbore une robe aux couleurs plus prononcées, reflet des tourments auxquels elle est assujettie et que sa rivale ne peut comprendre.

 

June Allyson Les-Amants-de-Salzbourg---June-Allyson.jpg

 

Les costumes de Jay A. Morley Jr. accentuent l'idée que Reni Fisher, interprétée par Marianne Koch est une brune mystérieuse et inquiétante alors que Helen Banning est une oie blanche.

 

Si on ne devait retenir qu’une seule scène dans Les Amants de Salzbourg, ce serait celle dans laquelle la femme de Tonio s’échappe littéralement du cadre et court à perdre haleine vers le lac où elle compte se noyer. Elle entraîne dans cette course Helen pour qui cette rupture, du cliché romantique et cadré, on bascule dans l’excès morbide, est d’autant plus violente qu’elle prouve définitivement en quoi elle n’est pas à la hauteur de ce romanesque auquel elle souhaitait pourtant prétendre, qu’elle n’atteindra jamais la violence des sentiments qui pousse cette femme désespérée à vouloir mourir par amour.

 

Les-amants-de-Salzbourg---Marianne-Koch-et-June-Allyson.jpg

 

Marianne Koch et June Allyson

 

Si le film se clôt sur une certaine idée du renoncement, il aura au moins permis au personnage d’Helen de s’ouvrir à une béance, à une abstraction du sentiment qu’elle n’aurait jamais pu imaginer et qu’elle ne rencontrera peut-être plus jamais en faisant le vœu de la raison.

 

Les interprètes ne sont pas les plus charismatiques que Douglas Sirk ait pu diriger, mais ils deviennent secondaires, ce qui peut sembler contradictoire pour un film. Quant à la musique omniprésente et trop lourde, elle plombe quelque peu le film.

 

Un film à voir si l’on est fan de mélo, ou fan de Douglas Sirk.

 

Et une fois de plus, on se rendra compte que l’amour est une chose vraiment compliquée…

 


  
Sources :
http://www.commeaucinema.com
http://www.critikat.com
http://www.cineclubdecaen.com
http://lewebpedagogique.com
http://www.cinealliance.fr
http://www.avoir-alire.com
24 août 2012 5 24 /08 /août /2012 23:00

 

C-etaient-des-hommes---Affiche.jpg

 

Réalisé par Fred Zinnemann


Avec Marlon Brando, Everett Sloane, Teresa Wright,

 Jack Webb, Richard Erdman,Arthur Jurado,  

Virginia Farmer, Dorothy Tree,

Howard St. John, Nita Hunter

 
Genre Drame


Titre original The Men


Production Américaine - 1950

 

C'étaient des Hommes - Marlon Brando sur le tournage.C'étaient des hommes - Marlon Brando sur le tournage 1

C-etaient-des-Hommes---Marlon-Brando-pendant-le-tournage.jpg.C-etaient-des-hommes---Marlon-brando-pendant-le-tournage.jpg

 

 Marlon Brando sur le tournage de The Men

 

 

Synopsis

 

Fin de la seconde guerre mondiale. Ken Wilcheck (Marlon Brando), jeune lieutenant d'infanterie, conduit ses hommes parmi les ruines d'une ville en Europe. Un coup de feu claque : le lieutenant s'écroule : touché à la colonne vertébrale, il est paralysé à vie.

 

Rapatrié en Amérique, dans un hôpital pour paraplégiques, Ken est démoralisé par son sort. Aigri, il s'apitoie sur lui-même et se querelle avec les autres infirmes, paraplégiques comme lui.

 

C-etaient-des-hommes---Marlon-brando-et-Virginia-Farmer.jpg  

 

Marlon Brando et  Virginia Farmer

 

L'amertume grandit; il refuse tout d'abord de suivre le traitement du docteur Eugene Brock (Everett Sloane), de faire un effort de rééducation et de réadaptation, d'accepter une nouvelle vie.

 

  C-etaient-des-hommes---Marlon-Brando-et-Everett-Sloane.jpg 

 

Marlon Brando et  Everett Sloane

 

Sa jeune fiancée Ellen (Teresa Wright) intervient : son état d'esprit s'améliore.

 

C-etaient-des-Hommes---Teresa-Wright-et-Marlon-Brando-.jpg

 

Teresa Wright et Marlon Brando

 

Il fait des exercices; peu à peu il réapprend l'usage de ses membres supérieurs.

 

C-etaient-des-Hommes---Marlon-Brando-2.jpg.C-etaient-des-hommes---Marlon-Brando-1.jpg

 

Il se déplace à l'aide d'une chaise roulante et apprend à conduire une voiture spécialement aménagée pour lui.

 

 

Ken accepte finalement d'épouser Ellen : il se tient debout pour la cérémonie des alliances. Mais la nuit de noces est une déception. Il retourne à l'hôpital.

 

C-etaient-des-hommes---Marlon-Brando-et-Teresa-Wright.jpg   

 

Marlon Brando  et Teresa Wrigh  

 

Plus tard, ivre, il est la cause d'un accident de voiture. Ses camarades le mettent au pas. Il comprendra bientôt qu'il a lui aussi des responsabilités, notamment envers sa femme. Acceptant finalement sa situation, il l'assumera pleinement.

 

C-etaient-des-Hommes---Teresa-Wright-et-Marlon-Brando.jpg

 

Marlon Brando, Teresa Wrigh et Everett Sloane

 

Pour son premier grand rôle au cinéma, Marlon Brando fit un séjour d'un mois dans un hôpital de rééducation spécialisé. Considéré comme l'acteur-type de la méthode Actors Studio, Marlon Brando transposa avec succès son style de jeu.

 

Le réalisateur Fred Zinnemann, aborde, de nouveau, le thème des drames physiques et psychologiques causés par le second conflit mondial. Le film fut tourné avec de véritables paralysés de guerre, ceux-ci constituant, selon Georges Sadoul, un "personnage collectif" très réussi. Celui-ci cite, par ailleurs, Jean Quéval écrivant : "Le plus admirable de ce film est l'imperturbable honnêteté qui le garde du mélo.".

 

C'étaient des Hommes - Marlon BrandoLe scénario est signé par Carl Foreman. Comme tant d'autres il fut victime du maccarthysme et inscrit sur la liste noire du cinéma.

 

Carl Foreman au sujet du film, "The Men commençait par une très courte scène avec le générique montrant Marlon Brando touché en Allemagne et ayant sa colonne vertébrale détériorée. Il devient paraplégique et le reste de l'histoire raconte son difficile ajustement à la vie civile. C'était un aspect de la guerre qui me concernait. (...) Stanley Kramer et moi avions été dans le Signal Corps et je pense que l'un et l'autre nous ressentions la même culpabilité du fait que nous sommes revenus indemnes. (...) Et finalement ma propre réflexion : comment le personnage de Brando peut-il affronter la vie dans une situation impossible ? "

 
"La carrière du film sera pourtant décevante", note Patrick Brion (Marlon Brando, Éditions de La Martinière, 2006.). Ce dernier cite, par ailleurs, le témoignage de Fred Zinnemann : "Le film sortit dans le plus grand cinéma de New York deux semaines après le début de la Guerre de Corée. Conçu comme un film sur l'après-guerre, il devenait subitement une mentalité de la pré-guerre. Il n'était guère surprenant que les gens dont les fils, maris et pères qui partaient au combat n'aient pas eu envie de voir un film comme le nôtre. Il a disparu après deux semaines."


.

Le douloureux retour à la vie civile d’un jeune soldat de la Seconde Guerre mondiale qu’une blessure a rendu paraplégique. Produit par Stanley Kramer, spécialiste des sujets courageux, et réalisé par Fred Zinnemann, réputé pour le sérieux et l’académisme solennel de ses mises en scène, ce film impressionne par son dépouillement documentaire et l’absence de tout pathos lors des scènes montrant la rééducation physique et psychologique d’un groupe de jeunes vétérans paralysés. Quant à la partie sentimentale, elle est par contre terriblement datée et théorique. C’est le premier rôle de Marlon Brando, d’une retenue inhabituelle.

http://www.lesinrocks.com -  Olivier Père

 

Sources :

http://www.cineclubdecaen.com

http://www.imdb.com

http://www.acontinuouslean.com

http://fr.wikipedia.org

http://www.frothyruminations.com

http://www.allocine.fr

21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 23:00

 

Apres-lui---Affiche.jpg

 

Réalisé par Gaël Morel


Avec Catherine Deneuve, Guy Marchand, Thomas Dumerchez,

Elodie Bouchez, Elie Medeiros, Luis Rego, Amina Medjoubi,

Adrien Jolivet, Julien Honoré, Salim Kechiouche


Genre Drame


Production Française

 

Comment faut-il regarder Après lui, le quatrième long métrage de Gaël Morel ?

 

La question est légitime, pour qui aura traversé un cauchemar similaire à celui vécu par Camille, le personnage central du film incarné par Catherine Deneuve, qui perd son fils dans un accident de voiture et va se rapprocher du meilleur ami de celui-ci, conducteur du véhicule et miraculé. Partant d’un postulat à fort potentiel mélodramatique, voire populaire, et aidé par une star qui est de presque tous les plans, Gaël Morel ne s’est pourtant pas facilité la tâche.

 

Contrairement aux apparences, Après lui n’est pas un film aimable : les concessions, les passages obligés l’importent peu, au risque d’aller à l’encontre de l’intensité émotionnelle de son sujet.

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve.jpg

 

Catherine Deneuve

 

Gaël Morel confie dans CinéLive 2007 :

"Catherine Deneuve donne l'illusion qu'elle n'a aucune technique alors qu'elle peut tout faire, sans jamais se répéter ni être dans une mécanique. C'est une actrice puissante."

 

Synopsis

 

Catherine Deneuve Apres-lui---Catherine-Deneuve-copie-1.jpg

 

Camille Lachenay (Catherine Deneuve) voit sa vie brisée par la disparition de son fils dans un accident de la route.
Incapable de faire le deuil, elle s'attache à Franck (Thomas Dumerchez), le meilleur ami de celui-ci, qui est aussi le responsable du drame.

 

Les proches de Camille ne comprennent pas son attitude.
Le vide se fait autour d'elle. Qu'importe le scandale, Franck devient l'objet consentant de son affection. Mais il va prendre peu à peu conscience que l'obsession de Camille le met en danger.

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve-et-Guy-Marchand.jpeg 

 

Catherine Deneuve et Guy Marchand 

   
Gaël Morel confie que, bien avant d'être l'héroÏne d'Après lui, Catherine Deneuve est à l'origine de son amour du cinéma : "Ma première image d'elle, c'est Belle de Jour (...) Je l'ai vue à la télé, enfant, vers 9 ou 10 ans. Pour moi, c'est un film d'enfant ! J'ai vu Belle de jour comme un film qui raconte l'histoire d'une femme qui fait quelque chose de mal et qui, tout d'un coup, se rend compte qu'un ami de la famille sait ce qu'elle fait. Pour un enfant, c'est de l'ordre de la transgression, c'est quelque chose qui est très parlant. C'est vraiment ce film-là et elle dans ce film-là qui m'ont fait aimer le cinéma. À partir de là, je me suis intéressé à elle, j'ai vu qu'il y avait des noms qui revenaient dans sa filmo, je me suis intéressé à ces réalisateurs, puis à d'autres. Mon amour du cinéma est vraiment né à travers elle (...) Ce n'est qu'à la fin du tournage de Après lui que je lui ai raconté tout ça ! Elle savait à quel point j'aime l'actrice qu'elle est mais elle ne savait pas du tout l'importance qu'elle avait eu pour moi comme cinéaste..."
 
Concernant la génèse du projet, le réalisateur ajoute : "En fait, je pars toujours d'une base réelle, presque un fait divers, pour, ensuite, aller vers quelque chose de singulier, et pour le coup très loin du fait divers et du naturalisme. Le point de départ d'Après lui, c'est le personnage de Camille pour lequel je me suis inspiré de ce qui s'était passé dans le petit village d'où je viens. En sortant d'une boîte de nuit, des jeunes avaient eu un accident de voiture dans lequel l'un d'eux avait trouvé la mort. Sa mère avait alors complètement rejeté les autres passagers qui s'en étaient sortis. J'ai imaginé la situation inverse, d'autant que dans ce genre de situations, des réactions comme celles de Camille - une sorte de pardon qui n'est pas non plus très simple à vivre - existent. J'ai parlé de ces idées à Christophe Honoré (...) Il a tout de suite été emballé par le sujet. Et on s'est mis à écrire."

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve-et-Gael-Morel-sur-le-tourna.jpg

 

 Catherine Deneuve et Gaël Morel pendant le tournage.

 
Le scénario d'Après lui est cosigné par l'écrivain et cinéaste Christophe Honoré, qui avait déjà coécrit le précédent film de Gaël Morel Le Clan. On note d'ailleurs que le compagnon de Catherine Deneuve a les traits de Guy Marchand, un acteur qui fit un comeback remarqué en père de Romain Duris et Louis Garrel dans Dans Paris de Christophe Honoré, film qui avait marqué la Quinzaine des Réalisateurs en 2006. C'est justement dans cette section qu'est présenté en 2007 Après lui
 
Gaël Morel précise ses intentions : "C'est ce que je voulais : un film vivant sur un sujet qui a priori pouvait faire peur. J'essaye toujours d'insuffler de la vie, de la foule, de la lumière, des couleurs. Je ne voulais pas que le film soit entraîné dans quelque chose de moribond et de mortifère. L'idée du plan séquence, c'est aussi pour ça, pour qu'on ne s'arrête jamais. Sur la question du deuil, de la mort, il y a autant de regards différents que de personnes. C'est pour ça que le personnage de Camille est à la fois singulier et mystérieux, plus que je ne le croyais, même. Cela a été la grande surprise du montage. Pendant tout le tournage, et déjà pendant l'écriture, on pensait qu'on faisait un film qui était l'histoire d'une chute. En montant le film, j'ai eu la suprise de constater que, contrairement à ce qu'on imaginait, le film ne racontait pas l'histoire d'une femme qui se perdait, mais l'histoire d'une femme qui se sauvait –dans tous les sens du terme."

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve-et-Thomas-Dumerchez.jpg

 

Catherine Deneuve et Thomas Dumerchez

 

Gaël Morel et Christophe Honoré ont écrit le scénario sans penser à une actrice en particulier pour le personnage de Camille. Ils l'ont ensuite proposé à Catherine Deneuve, qui, quelques années auparavant, avait décliné un rôle dans un précédent projet du réalisateur, projet qui n'a jamais vu le jour. En même temps, je me souvenais qu’elle m’avait dit qu’elle préférait rater un rendez-vous plutôt qu’une rencontre. Donc, une rencontre était toujours possible. Il n’empêche que j’hésitais... Mais d’une part, Christophe m’incitait à le faire et puis, au fond de moi, je me disais : "Je n’ai pas écrit ce rôle pour elle. Le désir de Camille est venu avant le désir de Catherine " confie le réalisateur.

 

 

À propos des éventuelles inquiétudes liées au fait de diriger une actrice de l'envergure de Catherine Deneuve, le cinéaste précise : "J'ai balayé tout ça en calquant Camille, non pas sur des images de Catherine liées à ses films précédents, mais sur la première image que j'ai de Catherine en vrai, quand elle est venue sur Les Roseaux sauvages voir André Téchiné, en jean, les cheveux ébouriffés à peine retenus par un crayon. Je voulais absolument la filmer comme elle m'était apparue. Je trouvais par exemple que le pantalon lui allait très bien, qu'il était nécessaire pour le film qu'elle ait cette coiffure très libre, que ses cheveux aient du mouvement, et qu'elle n'ait, pour accentuer la nervosité du personnage et son désarroi, ni sac à main ni accessoires..." 

 

Fimographie de Catherine Deneuve ... Cliquez ICI !

 

Finalement, le rôle de Camille colle bien avec la personne qu’est Catherine Deneuve. C’est une actrice qui n’aime pas être flattée, qui aime être traitée comme une actrice. Lorsque je lui ai envoyé le script, je lui ai d’ailleurs écrit un petit mot dans lequel je lui disais que ce n’était pas un rôle écrit pour elle, mais qu’à la fin du scénario, je m’étais dit que ce serait trop dommage de ne pas le lui proposer...

 

Catherine Deneuve Après lui - Catherine Deneuve-copie-2

 

Il y a encore dans Après lui des traces de l’influence de Téchiné sur le cinéma de Gaël Morel, mais celui-ci semble pour la première fois s’en affranchir pour se tourner vers d’autres figures, par ailleurs tout aussi encombrantes : Cassavetes pour le portrait de femme borderline, voire un Douglas Sirk dépouillé de son esthétique glamour.

 

Le dénominateur commun, c’est Catherine Deneuve, l’icône blonde en femme mûre. C’est parce que Catherine Deneuve est une grande actrice, bien meilleure que ce qu’on lui donne ici à jouer, que l’on acceptera de la suivre jusqu’au bout du film. Qui d’autre, de toute façon, aurait été capable de jouer ce rôle-là sous la direction de ce cinéaste-là ? Parce que la star a toujours miraculeusement réussi à convaincre en dépit d’un jeu que d’aucun pourrait trouver approximatif, en tout cas décalé, déconnecté d’un certain réalisme, à mi-chemin entre théâtralité et vérité, elle sauve Après lui du naufrage.

Catherine Deneuve parle des raisons pour lesquelles elle a dit oui à Gaël Morel : "Le scénario surtout. Et le personnage aussi. Je trouvais le scénario original, intéressant, risqué, fort... Entre temps, Gaël avait fait d'autres films que j'avais vus.

 

Après lui - Catherine Deneuve et Gaël Morel

 

Catherine Deneuve et Gaël Morel

 

J'ai pourtant longtemps hésité parce que je trouvais le sujet très dur. J'avais peur de ne pas le supporter, de ne pas pouvoir l'assumer. Je me disais que ce serait difficile de vivre pendant deux mois avec une histoire pareille." L'actrice redoutait plus particulièrement certaines scènes : "Les scènes où elle apprend l'accident... Ce n'était pas tant les larmes que j'appréhendais que la violence de l'accident, la brutalité, le choc (...) Je redoutais aussi la scène où elle choisit les vêtements de son fils pour l'enterrement... A lire, c'était déjà très dur. Les vêtements, c'est quelque chose qui personnalise tellement quelqu'un, bien plus qu'une photo, c'est tellement incarné. D'une scène comme celle-là, on sort totalement épuisé, comme si on descendait du ring, complétement vidé... Je redoutais aussi les scènes entre Camille et Franck ."
 
Catherine Deneuve jouait déjà le rôle d'une mère qui devait faire face à la mort de son enfant dans Ca n'arrive qu'aux autres de Nadine Trintignant en 1971. L'actrice y avait pour partenaire Marcello Mastroianni, qui allait devenir son compagnon.

 

Le nom que porte le personnage de Catherine Deneuve n'a pas été choisi au hasard par le cinéphile Gaël Morel : Lachenay est le nom d'un ami d'enfance de François Truffaut. L'auteur s'était aussi amusé à utiliser ce pseudonyme pour signer certaines de ses critiques dans les Cahiers du cinéma et avait lui-même fait un clin d'oeil en donnant à Jean Desailly, héros de La Peau douce, le nom de Pierre Lachenay. Et rappelons que dans Après lui, Guy Marchand s'appelle François...

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve-et-Guy-Marchand.jpg

 

Catherine Deneuve et Guy Marchand


Pour jouer le rôle de Franck, Gaël Morel a fait appel à Thomas Dumerchez, qu'il avait déjà dirigé dans Le Clan. Il explique ce choix : "C'est un garçon qui a trois choses formidables, assez rares, et plutôt contradictoires (...) : la lumière, la jeunesse et la tristesse... En outre, cela signifiait que comme réalisateur, je me retrouvais à tourner avec l'actrice qui m'a donné envie de faire du cinéma, et avec l'acteur à qui j'ai fait faire son premier film et que j'avais trouvé dans la rue. C'est le fantasme de tout cinéaste de pouvoir allier la personne qui a initié votre vocation à celle que vous avez révélée. Ça raconte une histoire de cinéma – j'aime bien l'idée qu'un film raconte aussi une histoire de cinéma. Cela allait même avec le propos du film – une femme en pleine maturité avec quelqu'un qui est en construction, en devenir... Enfin, c'était l'histoire du tournage ! Sur le plateau, Catherine était vraiment du côté de Thomas, dans le tutoiement, dans un rapport privilégié qui était sa façon, à elle, de dissiper l'angoisse de Thomas de devoir jouer face à elle... C'était beau de voir comment ils se sont trouvés, comment ils se sont rencontrés..."

 

Le choix cohérent, mais limité, parce que la folie de Camille repose sur un artifice, l’obsession de rendre cinégénique un sentiment qui ne l’est pas : la douleur du manque.

 

D’où ce glissement progressif du scénario vers un espace cinématographique beaucoup plus balisé, celui de la représentation de la folie obsessionnelle. L’objet du transfert affectif opéré par le personnage de Camille sur Franck est malheureusement trop fantomatique pour rendre crédible sa relation avec Camille.

Était-il amoureux de Mathieu, le meilleur ami disparu ?

Se sert-il de Camille pour parvenir à ses fins ?

Camille éprouve-t-elle une attirance physique – et par extension, quasi incestueuse, pour le jeune garçon ?

 

Apres-lui---Catherine-Deneuve-et-Thomas-Dumerchez-copie-1.jpg

 

Catherine Deneuve et Thomas Dumerchez

 

Ce qui est assez dommage, au final, c’est que l’on se fiche un peu d’obtenir des réponses à toutes ces questions. Quand Après lui se dirige vers sa fin immanquablement ouverte, les personnages ont cessé d’exister depuis longtemps pour n’être plus que de vagues silhouettes. Mais peut-être était-ce, là encore, le film que Gaël Morel voulait faire : celui de ceux qui restent, condamnés à n’être que les ombres de ce qu’ils ont été.

 

C’est, de façon presque incompréhensible, la grande réussite de ce film, prêcher le faux de bout en bout et parvenir, par d’indicibles moments de grâce, à atteindre le vrai.

 

En négligeant les seconds rôles au profit de son actrice principale, Gaël Morel et son co-scénariste Christophe Honoré s’interdisent des espaces de respiration qui tendent à cloisonner le récit, à le faire tourner à rond, peut-être parce que, dans le fond, seul les intéresse le parcours de cette mère éplorée. Mais sans aucun retour, ou presque, sur la descente aux enfers de Camille, le film tourne à vide.

 

Il y a bien cette scène, assez émouvante, où la fille de Camille, incarnée par une Élodie Bouchez cruellement sous-exploitée, reproche à sa mère de ne pas voir qu’elle n’est pas morte, elle. Mais tout comme Camille s’isole dans son chagrin et son obsession pour le jeune Franck, l’ami de son fils, Après lui se referme progressivement sur ce seul personnage.

 

Élodie Bouchez Après lui - Elodie Bouchez

 

Pour jouer le rôle de la soeur de Mathieu, Gaël Morel a fait appel à son amie de longue date, Elodie Bouchez, comédienne révélée comme lui par André Téchiné dans Les Roseaux sauvages en 1994. Deux ans plus tard, lorsque l'acteur passe derrière la caméra avec À toute vitesse, il lui confie le rôle féminin principal, aux côtés de Stéphane Rideau, Pascal Cervo, Mezziane Bardadi ou encore Salim Kechiouche, qui fait une petite apparition, en serveur, dans Après lui.

Mathieu, le jeune homme décédé, était fan de rock'n'roll, comme en témoignent les affiches collées sur le mur de sa chambre. Une scène du film se déroule dans une salle de concert, où se produisent The Tatianas, un groupe en vue de la scène parisienne.  Ajoutons qu'on entend dans le film un morceau du songwriter Ed Harcourt, ainsi que Mysteries de Beth Gibbons, un titre que Catherine Deneuve a fait découvrir à Gaël Morel.
 
L'écrivain qui se rend dans la librairie où travaille Camille est interprété par Julien Honoré, le frère du scénariste Christophe Honoré.

 

 

 

Sources :

http://www.critikat.com - Fabien Reyre

http://toutsurdeneuve.free.fr

http://www.cinemovies.fr

http://www.allocine.fr

11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 11:00

 

12-Hommes-en-colere---Affiche.gif

 
Réalisé par Sidney Lumet


Avec :

 

12-hommes-en-colere----Martin-Balsam.jpg.12-hommes-en-colere---John-Fiedler.jpg.12-hommes-en-colere---Lee-J.-Cobb.jpg  

         Martin Balsam - Juré 1        John Fiedler   - Juré 2            Lee J. Cobb - Juré 3


12-hommes-en-colere---E.-G.-Marshall.jpg.12-hommes-en-colere---Jack-Klugman.jpg.12-hommes-en-colere---Ed-Binns.jpg

           E.G. Marshall - Juré 4        Jack Klugman - Juré 5             Ed Binns - Juré 6

 

12-hommes-en-colere---Jack-Warden.jpg.12-hommes-en-colere---Henry-Fonda.jpg.12-hommes-en-colere---Joseph-Sweeney.jpg

            Jack Warden - Juré 7          Henry Fonda  - Juré 8       Joseph Sweeney - Juré 9

 

12-hommes-en-colere---Ed-Bugley.jpg. 12-hommes-en-colere---George-Voskovec.jpg.12-hommes-en-colere---Robert-Webber.jpg

              Ed Begley - Juré 10      George Voskovec - Juré 11   Robert Webber - Juré 12

 

et également John Savoca, Rudy Bond, James Kelly, Billy Nelson


Genre Drame


Titre original Twelve Angry Men

 

Production Américaine

 

Date de sortie 4 septembre 1957

 

Produit par Henry Fonda, qui fut à l'initiative de ce projet, 12 hommes en colère est le premier long métrage de Sidney Lumet, premier film, premier coup de maître. Sidney Lumet est déjà un réalisateur chevronné appartenant à l'école du direct et qui n'avait officié jusqu'alors qu'à la télévision américaine. 

 

De cette expérience de stakhanoviste au sein de la chaîne CBS, Sidney Lumet avoue lui-même avoir retenu des principes essentiels ayant conditionné le cinéaste qu’il est devenu, au premier rang desquels, l’efficacité, la précision et la discrétion de la mise en scène. 

 

12-homme-en-colere.gif

 

12 hommes en colère est l'adaptation cinématographique d'une pièce de théâtre écrite par Reginald Rose. Cette oeuvre a fait l'objet de nombreuses autres transpositions à l'écran, dont celles réalisées par Artur Ramos en 1973, Tore Breda Thoresen en 1982, Basu Chatterjee en 1986 William Friedkin en 1997 et Nikita Mikhalkov en 2007.  

 

12 hommes en colère reçut

l'Ours d'or au Festival International du Film de Berlin en 1957.

 

Synopsis

 

Un jeune homme d'origine modeste âgé de 18 ans (John Savoca),  est accusé du meurtre de son père et risque la peine de mort. Un jury de douze hommes écoute attentivement le discours las, cent fois répété du juge (Rudy Bond). Ils vont devoir statuer sur le sort de l’accusé. Les règles leur sont clairement expliqués : chacun va devoir donner son avis, et le jugement devra être unanime pour être validé. Si l’accusé est déclaré coupable par les douze hommes, il ira droit à la chaise électrique. Alors que le jury composé de douze hommes se retire, la caméra se déplace lentement, montrant le visage de l’accusé de profil, dans l’ombre, puis de face, en gros plan. C’est un jeune garçon basané, peut-être d’origine latino-américaine. La peur se lit dans ses yeux. Ce sera la seule image que le spectateur aura de lui.

 

John Savoca 12-hommes-en-colere---John-Savoca.gif

 

Le jury procède immédiatement à un vote : onze votent coupable, or la décision doit être prise à l'unanimité. Le cas est accablant, les indices à charge se sont accumulés contre le jeune homme. Certains membres du jury sont déjà prêts à repartir quand un homme, un seul, le juré n°8 (Henry Fonda), demande à réétudier certains éléments du dossier.

 

Point par point, il va tâcher de convaincre les autres membres du jury, non pas que le jeune homme est innocent, mais qu’un doute légitime demeure quant à sa culpabilité. Ce n’est pas qu’il est convaincu de son innocence. Comme il l’explique lui-même, il lui semble d’abord juste d’accorder quelques minutes de réflexion en plus à la vie de cet adolescent, ne serait-ce que par respect pour sa jeunesse. Toutes les pièces de l’accusation, un couteau, des témoignages, le plan d’un appartement, vont donc être passées au crible par le jury, dans le désordre des souvenirs de chacun.

 

 12-hommes-en-colere---Henry-Fonda-copie-2.jpg Henry Fonda

 

Le script de Reginald Rose est d’une rare efficacité, narrative et symbolique. Le film bénéficie sans nul doute de cette qualité d’écriture pour instaurer une réelle tension dramatique. Il ouvre d’innombrables pistes de réflexion tant sociales que philosophiques. Bien des préjugés culturels, générationnels ou ethniques, sont tour à tour démontés. 

 

12 hommes en colère est moins un film dénonciateur, à charge contre les dysfonctionnements de la justice humaine, qu’un essai théorique sur le droit au doute; il se garde ainsi bien de conclure, d’une manière ou d’une autre, et l’absence de cette esbroufe sensationnaliste qui entache bien des films de prétoire n’est pas la moindre des qualités du film.

 

Douze hommes en colère est un modèle presque universitaire de mise en scène. Il s’agit d’un huis clos quasi parfait, puisque seules les scènes d’ouverture et de clôture du film, longues d’à peine cinq minutes, se déroulent à l’extérieur du décor principal, la pièce de délibération d’un jury dans un tribunal. Pour réussir ce tour de force, Sidney Lumet nécessitait des fondements scénaristiques extrêmement solides. Il trouva en Reginald Rose, son scénariste, un adjuvant de choix, capable de conjuguer l’atmosphère de réclusion oppressante induite par le huis clos, avec un suspense haletant, où la vie d’un adolescent tient en ces deux mots répétés douze fois : "not guilty".

 

 

D’ailleurs, Sidney Lumet aura l’occasion, dans d’autres films, d’explorer sous d’autres angles certaines des thématiques du film, sur la question de la justice, comme dans The Verdict, ou encore Find me Guilty. Ainsi que celles de l’existence interne et de la cohésion des collectivités humaines, qu’elles soient éphémères ou durables notamment dans The Group ou la famille dans Before the Devils Knows You’re Dead.


Au fur et à mesure de l'avancement du tournage, le réalisateur Sidney Lumet utilisa des objectifs de focales croissantes, pour donner l'impression que les décors se rapprochaient de plus en plus des personnages, accroissant ainsi le sentiment d'étouffement.
  
En raison de répétitions exténuantes pendant plus de deux semaines, et pour respecter les coûts de production, le film a dû se tourner en un temps record et pour un minimum d'argent, c'est à dire en 21 jours pour la modique somme de 340 000 dollars !

 

 

12-hommes-en-colere-copie-2.jpg

 

 
12 hommes en colère ne compte que 365 plans distincts, là où la majorité des films contemporains en sont à environ 1.500.
    
L’émulation intellectuelle autant que les inévitables tensions entre les jurés sont restituées par l’interprétation irréprochable d’un casting 100% masculin et 100% parfait.

 

Les trois plus virulents partisans du vote "coupable" en particulier, Lee J. Cobb, E.G. Marshall et Ed Begley étant, chacun dans son registre, exceptionnels.

 

 

Mais puisqu’un bon scénario et un bon casting ne suffisent pas forcément à faire un grand film, ce que 12 hommes en colère est, il est indispensable de retenir la grande maîtrise de la mise en scène de Sidney Lumet, parcimonieuse dans ses effets mais d’une minutie d’orfèvre : par le choix des cadrages autant que par la disposition des protagonistes à l’intérieur d’icelui; par une utilisation pertinente et marquante des gros plans comme des plans larges; par l’attention portée à la lumière, aussi.

 

Le directeur de la photographie étant le grand Boris Kaufman.

 

Pour réussir un huis clos, il faut être un maître absolu du suspense. Douze hommes en colère en est empli : quand Henry Fonda se lève, seul contre tous, et subit la colère des autres jurés, il est difficile d’imaginer comment il arrivera à tous les convaincre. Sera-t-il, finalement, celui qui devra céder ? Mais à mesure que l’argumentation du juré avance, d’autres vont céder, petit à petit, convaincus non pas de l’innocence de l’adolescent, ce point est très important, mais qu’il existe effectivement un "doute légitime", des incohérences dans l’accusation, qui interdisent l’envoi d’un jeune garçon à la mort.

 

12 hommes en colère - Henry Fonda-copie-1Le suspense se tarissant au fur et à mesure des ralliements des jurés, un happy-end semble inévitable, Sidney Lumet en ravive le sentiment haletant et claustrophobique par un procédé extrêmement habile : alors que le film, au départ, multiplie les plans d’ensemble, la caméra se rapproche inévitablement des visages de chacun des jurés, pour finir sur des gros plans oppressants, en contre-plongée, à mesure que la tension grandit.

 

Sidney Lumet changeait régulièrement la longueur des focales pour modifier la profondeur de champ et ainsi accentuer la sensation de claustrophobie. Sidney Lumet explique son parti pris de mise en scène : "j'ai tourné le premier tiers du film au-dessus du niveau des yeux, le deuxième tiers à hauteur des yeux et le dernier tiers en-dessous du niveau des yeux. Ainsi, vers la fin du film, on commençait à voir le plafond. Les murs se rapprochaient, et le plafond semblait s'abaisser. Cette sensation d'une claustrophobie grandissante m'a permis de maintenir la tension jusqu'à la fin où j'ai utilisé un angle large pour laisser le spectateur respirer."

 

Cette tension est accentuée par deux aspects : d’abord, la chaleur du " jour le plus chaud de l’année". Tous les jurés transpirent, se plaignent, veulent en finir. La plupart votent coupable pour pouvoir s’en aller le plus vite possible. Le ventilateur qui ne semble pas fonctionner apparaît souvent en arrière-plan, comme le rappel mortifiant qu’un homme pourrait mourir simplement parce qu’à la date de son procès, il faisait trop chaud. La chaleur accentue l’énervement des jurés, qui sont confrontés à l’impossible contrôle de leurs pulsions émotives, induites par l’absence de bien-être. C’est ce deuxième aspect qu’interroge brillamment Sidney Lumet. Chacun des jurés est désigné par un numéro : on ne connaît le nom d’aucun d’entre eux. Tous ont pourtant une individualité, discernée par leurs professions réciproques, mais aussi par leurs discours. 12-hommes-en-colere-copie-4.jpgQue l’un d’entre eux soit profondément raciste, un autre d’origine immigrée, ou qu’un autre encore n’ait pas vu son jeune fils depuis deux ans prend petit à petit de son importance. Par l’intermédiaire d’Henry Fonda, le juré réfractaire, Sidney Lumet pose cette question quasiment insoluble : est-il possible de rendre une décision véritablement juste, c’est-à-dire totalement extérieure à des considérations personnelles ? C’est tout le sens de ces apartés entre les jurés, qui, lorsque les débats s’éternisent ou semblent bloqués, lient connaissance, parlent de leur vie, de leur parcours ou de leur éducation... Sidney Lumet s’applique à décrire l’individualité de chacun des personnages, en les plaçant toujours adroitement dans le cadre. Chaque plan n’inclut en effet que le ou les jurés qui vont faire avancer le récit, soit par leurs déclarations, soit par leurs attitudes ou encore par un visage muet et consterné qui marquent un revirement ou un doute dans l’esprit du personnage...

Le moindre détail concourt à la dramatisation de cet instant, et à, d’une certaine manière, son inscription dans l’éternité.

 

Chacun des douze jurés est représentatif d’une certaine Amérique. Pas de femmes, encore moins de minorités. Et pourtant, ces blancs issus de classes sociales et d'origines différentes vont statuer sur le sort d’un homme de couleur, détail également important. Sidney Lumet rend d’abord hommage à la justice de son pays, qui n’autorise l’envoi d’un homme à la mort que s’il est unanimement déclaré coupable.

 

12-hommes-en-colere-.gif

 

Le système du "doute légitime" et de la nécessité pour l’accusation de prouver la culpabilité de l’accusé, à l’inverse d’autres systèmes où c’est à la défense de prouver l’innocence, n’est pas remis en cause. Ce que Sidney Lumet attaque en profondeur n’a pas grand-chose à voir avec les lois, mais avec ce qui les entourent : comme, par exemple, l’incompétence d’un avocat commis d’office, non convaincu de l’innocence d’un "client" trop pauvre pour rémunérer un meilleur défenseur...

 

Douze hommes en colère n’est pas un plaidoyer immédiat contre la peine de mort.

Mais le film pose l’une des pierres à l’interminable édifice de l’abolition : comment douze jurés tirés au sort, qui ne connaissent pas l’accusé, à qui l’on n’a donné qu’une vision souvent partielle des faits et qui n’ont pas directement assisté à la scène, peuvent-ils déclarer qu’un homme mérite d’aller mourir sur une chaise électrique ? Comment peut-on être certain de la culpabilité ou même de l’innocence d’un homme, cette dernière ne sera d’ailleurs jamais prouvée dans le film ?

 

Cinquante ans après sa sortie, alors que des centaines d’hommes attendent encore dans les couloirs de la mort des prisons américaines, Douze hommes en colère ne peut pas être simplement considéré comme un exercice brillant de mise en scène. C’est un film essentiel, à mettre sous tous les yeux, et surtout ceux des défenseurs acharnés de la peine capitale.

.

Douze hommes en colère sont enfermés dans une pièce, et en même temps que leur vote, c’est l’humanité qui bascule.

 

 


Sources :

http://www.dvdclassik.com

Ophélie Wiel- http://www.critikat.com

http://ageofchange.wordpress.com

http://www.allocine.fr

http://figgarooo01.skyrock.com

http://www.imdb.com

4 août 2012 6 04 /08 /août /2012 23:00

 

  The Misfits  est le dernier film de Marilyn Monroe

 

Les désaxés - Affiche

 

 

 

Réalisé par John Huston


Avec Clark Gable, Marilyn Monroe, Montgomery Clift,

Eli Wallach, Thelma Ritter, James Barton,

Estelle Winwood, Kevin Mac Carthy


Genre Drame


Titre original The Misfits

 

Production Américaine - 1960

 

C’est un cliché vérifié pour toute forme d’art, et d’autant plus pour le cinéma, dont le rapport au monde est si fort : les œuvres les plus vraies, les plus puissantes émotionnellement sont celles qui viennent directement des tripes de l’artiste, celles pour lesquelles il donne son âme quitte à la dévoiler publiquement. Le scénariste des Désaxés, le dramaturge Arthur Miller , écrivit le film comme un cadeau d’adieu empoisonné à sa femme, Marilyn Monroe, dont il divorçait. Il voulut transmettre son sentiment d’échec et la terrible solitude qui l’accompagne, sans fioritures ni symbolismes, des émotions tellement universelles que tout ceux qui participèrent à ce chant funèbre, comédiens, réalisateur, y trouvèrent quelque chose qui leur appartenait également. Les Désaxés est l’une de ces expériences troublantes de cinéma, où les apparences font douloureusement écho à la réalité.

 

 

The Misfits est l'un des films les plus célèbres de John Huston. Par son casting, tout d'abord, et les circonstances du tournage : l'assistance médicale prodiguée 24h/24h aux principaux acteurs, les disputes incessantes entre Clark Gable et Marilyn Monroe, qui tournaient là leur dernier film.

 

Les-desaxes---Marilyn-Monroe.jpg

 

Marilyn Monroe

Synopsis

 

Reno, capitale du divorce, constitue l’autre côté du miroir de sa flamboyante voisine Las Vegas : c’est un point de non-retour, où tout s’achève, où l’on jette les alliances d’un bonheur lointain dans une rivière à moitié asséchée, où l’on se saoule dans des bars miteux avant de se jeter dans le désert ou dans l’arène du rodéo pour y trouver l’oubli d’une mort symbolique. Reno, capitale de la mort : dans les années 1960, la glorieuse épopée de l’Ouest américain est un chapitre clos. Ceux qui s’y raccrochent sont des cow-boys désabusés, témoins d’un autre temps, incapables de s’adapter aux restes piteux de leur nostalgie et de leur liberté passée.

 

À Reno donc, dans l'état du Nevada, Roslyn Tabor (Marilyn Monroe) divorce d'avec son mari Raymond (Kevin Mccarthy). Isabelle Steers (Thelma Ritter), sa vieille amie, la présente à deux hommes rencontrés par hasard à Reno.

 

Les désaxés - Eli Wallach et Marilyn Monroe Eli Wallach et Marilyn Monroe

 

Le garagiste Guido (Eli Wallach), ancien aviateur vit dans le souvenir de son expérience de soldat et de meurtrier pendant la guerre, aujourd'hui veuf il reste très affecté par la mort de sa femme.

 

Gay Langland (Clark Gable) cow-boy grisonnant, homme à femmes, n’a plus de contact avec ses deux enfants et ne comprend pas le monde qui change autour de lui.

 

Clark Gable et Marilyn Monroe Les-Desaxes---Marilyn-Monroe-et-Clark-Gable.jpg

 

Ensemble, ils vont fêter le divorce de Roselyn. Une idylle naît bientôt entre la jeune femme et Gay. Le couple s'installe pour quelque temps dans la maison inachevée de Guido.

 
Caractère ombrageux et indépendant, Gay Langlad projette de capturer un troupeaux de cheveaux sauvages. Il fera équipe avec Guido et Perce Howland (Montgomery Clift). Ce dernier a perdu son père; ne parvenant pas à renouer avec sa mère, remariée, il traîne son corps endolori et son visage défiguré de rodéos en rodéos.

 

Les-Desaxes---Montgomery-Clift.jpg

 

Montgomery Clift

 

La nuit qui précède la chasse donne l'occasion à chacun de dévoiler son vrai visage...

 

Bientôt, l'arrivée de cette étrange femme-enfant va provoquer des tensions entre les deux hommes, accrues par l'entrée en scène du séduisant Perce, qui sillonne le Nevada, de rodéos en rodéos. Leur rivalité et leur incommunicabilité vont éclater lors d'une dramatique expédition dans les montagnes, à la recherche de pur-sangs à capturer...

 

Apprenant qu'une fois capturés, le chevaux seront abattus et transformés en nourriture pour chiens, Roslyn tente de faire revenir Langlad sur sa décision. Il refuse tout net. Plus tard, elle supplie Perce de relâcher les chevaux captifs. Perce y consent. Langlad, furieux, rattrape, au terme d'une poursuite échevellée, le cheval qui est le guide du troupeau. Puis, la preuve étant faite qu'il est le chef et qu'il entend d'être obéi, il rend la liberté à l'animal.
Sur le plan financier, l'affaire se solde vers un fiasco; les trois hommes se séparent, chacun plus riche d'une expérience.

Langlad et Roslyn qui ont appris à s'estimer décident de faire leur vie ensemble.

 

Les-Desaxes.jpg

    
On pourrait s'étonner du fait que Les Désaxés, tourné en 1960, soit en noir et blanc. Ce film crépusculaire, délibérément tourné en noir et blanc, n’est pas à proprement parler un western, John Huston évoque néanmoins, à travers certains costumes et paysages, la fin d’un genre qui entame précisément à cette période son déclin.

 

Le décor du film parle de lui-même : ambiances nocturnes, rodéos de bon marché, déserts arides et infinis, maison inachevée, silhouettes humaines sans émotion, omme ce grand-père qui traîne un jeune enfant déguisé en cow-boy de bar en bar, refusant de voir qu’il n’y est pas à sa place. Les désaxés ne savent pas où aller, ni avec qui : tout juste divorcée, Roslyn suit les premiers venus sur son chemin, n’importe où, n’importe quand, avec cette confiance aveugle de la femme seule qui cherche une famille, qui veut s’arrêter d’errer. Les errements pourtant ne sont pas finis, car Roslyn s’attache à ceux qui lui ressemblent, donne son affection caressante à ceux qui sont encore plus meurtris qu’elle, dans un élan maternel qui ne sert qu’à dissimuler sa propre solitude. Sans autre but dans la vie que de trouver une échappatoire à leur vie brisée, Les désaxés tentent d’aller toujours plus loin, pour s’apercevoir qu’ils ne font que tourner en rond.

 

Les-Desaxes---Marilyn-Monroe-et-Clark-Gable-copie-1.jpg Marilyn Monroe et Clark Gable

 

Marilyn Monroe trouve dans ce film un rôle du dernier souffle, en femme fragile abandonnée, son interprétation se révèle être d'une puissance émotionnelle incroyable. La star est loin de ses premiers rôles de fille naïve et étourdie, enfant qui s'éveille doucement au monde, ici la naïveté est blessée, bafouée.  Marilyn Monroe prend une autre dimension dans ce récit de désolation et de manque d'amour, elle y mêle une impressionnante qualité de comédienne dramatique. Elle cherche une figure tutélaire, comme une ramification à son identité, mais elle ne trouve qu'un arbre à enlacer, dans une scène où le pathétique se mêle au poétique. Les hommes n'ont pas le bon rôle dans ce film, tueur de chevaux, repères chancelants, briseurs de liberté, Roselyne leurs apportera pourtant toute sa grâce et sa gentillesse, jusqu'à ce que la bonté soit elle aussi malmenée. Dans le sourire fragile de Roslyn, il y a la petite lueur d’espoir du film, celle à laquelle les trois hommes s’accrochent en développant chacun à leur tour une relation particulière avec cette femme qui semble concrétiser leur rêve pour Guido, celui de la passion amoureuse; pour Perce, celui de la mère, et pour Gay, celui de l’épouse.

 

Les-Desaxes---Montgomery-Clift-et-Marilyn-Monroe.jpg

 

Montgomery Clift et Marilyn Monroe

 

Mais dans la gaieté forcée de Roslyn, il y a une peur panique de la mort, qui éclate dans cette splendide scène où elle hurle, petite chose au milieu du désert, sa haine des trois hommes partis à la recherche de chevaux pour les tuer. Elle qui a tant besoin de croire en la vie ne rencontre sur son chemin que des hommes qui l’entraînent vers la mort : c’est pourtant elle qui vaincra au final, victoire amère puisqu’elle signifie pour les hommes l’abandon de ce en quoi ils avaient toujours cru.

 

Roselyne crie sa détresse et s'époumone, on ne peut s'empécher de penser à Marilyn et à son combat contre elle même et contre les fous qui ne voyait en elle que de la chair docile. L'étoile vacille comme une bougie, triste lueur, consumée par la peine et la douleur. Ici Marilyn Monroe est criante de vérité, déchirante , touchante, pathétique et fragile, belle et fanée. 

 

Pour retrouver toute la filmographie de Marilyn ... Cliquez ICI !

 

Le mythe des Désaxés tient à aussi à sa valeur de chant du cygne prémonitoire. Il y a à l’évidence une atmosphère mortifère dans le jeu fantomatique de Montgomery Clift, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Ainsi la scène où il tente de faire croire que les traces de son visage ravagé ont disparu. Ou dans la façon dont Clark Gable rappelle que vingt ans auparavant, il était le "roi d’Hollywood" par le biais de son personnage refusant de vieillir. En voulant exécuter lui-même la scène où le cow-boy Gay s’accroche à la corde attachée au cheval qu’il veut maîtriser, et se laisse ainsi traîner sur plusieurs mètres, Clark Gable cherchait aussi à s’accrocher à la vie, mais la lutte était aussi inégale que celle menée par son personnage.

 

Les-desaxes---Montgomery-Clift--Marilyn-Monroe-et-Clark-G.jpg

 

Montgomery Clift, Marilyn Monroe et Clark Gable

 

Souvent qualifié de film crépusculaire, Les Désaxés ne porta pas chance à ses interprètes. Pour les trois principaux acteurs, ce film fut en effet le dernier : Clark Gable mourut d'une crise cardiaque deux jours après la fin du tournage du film; Marilyn Monroe disparut un an après la sortie du film; Montgomery Clift, enfin, fut lui aussi emporté par une crise cardiaque quatre ans plus tard.


À la vue du premier montage du film, la société de production, United Artists, émit le souhait de plusieurs retouches. Si cette demande ne rencontra pas d'opposition de la part de John Huston, Frank E. Taylor et Arthur Miller, elle ne fut en revanche pas du goût de Clark Gable, qui disposait d'un droit de regard sur le script. United Artists obtint cependant un certain nombre de concessions : un plan montrant un sein de Marilyn Monroe disparut ainsi du montage définitif.

 

Le dernier jour de tournage, Clark Gable déclara à propos de sa partenaire féminine : "Christ, I'm glad this picture's finished. She damn near gave me a heart attack."

 

Les Désaxés marque surtout par sa violence, son désespoir, qui en font, avec Sunset Boulevard, l'une des plus sombres diatribes contre le rêve américain.

 

À travers le portrait de ces paumés qui ne parviennent pas à entrer dans le moule, John Huston dresse un réquisitoire amer contre une nation qui a dévoyé tous ses mythes : l'Ouest sauvage, la nature indomptée, la liberté pour tous.

 

La splendide séquence conclusive où les trois hommes capturent des mustangs sous le regard terrifié de Marilyn Marilyn dit toute l'amertume du cinéaste , et ce même s'il offre in extremis à ses personnages la rédemption finale...

 

 

 

 


Sources :

http://www.commeaucinema.com

http://television.telerama.fr

Ophélie Wiel - http://www.critikat.com

http://www.parutions.com

http://www.allocine.fr

 

Welcome

 

"Le bonheur est la chose la plus simple,

mais beaucoup s'échinent à la transformer

en travaux forcés !"

 
François Truffaut

 

 

 

Recherche

Quelques coups de cœur 

 

 

Pour lire l'article consacré au film,

un clic sur l'affiche.

Bonne visite !

En 2016.

 

Lrs InnocentesEl Clan

 

 

 

 

 

 

TempêteLes Délices de Tokyo (An)

 

....

 

 

 

Rosalie BlumNo land's song

 

 

 

 

 

 

La saison des femmes (Parched)Julieta

 

 

 

 

 

Chala, une enfance cubaine (Conducta)Red Amnesia

 

 

 

 

 

 

Toni ErdmannTruman

 

 

 

 

 

 

Le fils de Jean

Divines

.....

 

 

 

 

 

 

Frantz

 

 

 

 

 

 

Juste la fin du mondeAquarius

 

 

 

 

 

 

 

Une vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2015.

 

..Mon Fils - Eran Riklis..Gente de Bien.La Maison au toit rouge.La Tête Haute.Une Femme Iranienne "Aynehaye Rooberoo". Facing Mirrors.Une seconde mère "Que Horas Ela Volta ?".Mustang.La Belle saison.Aferim !.La dernière leçon.Ni le ciel ni la terre.Les chansons que mes frères m'ont apprises.Fatima...Mia Madre

 

 

 Mes dernières critiques ... Cliquez ICI !

Depuis 2010. Films vus et commentés.

- En 2010 - Cliquez ICI

- En 2011 - Cliquez ICI

- En 2012 - Cliquez ICI

- En 2013 - Cliquez ICI

- En 2014 - Cliquez ICI

- En 2015 - Cliquez ICI

- En 2016 - Cliquez ICI

 

 

Voir et revoir..........................................Voir et revoir.........................................Voir et revoir....................

 

Pandora "Pandora and the Flying Dutchman".Umberto D.La chevauchée des Bannis.Loin du Paradis.Une journée particulière.Le procès de Viviane Amsalem "Gett".Tout ce que le ciel permet.

 

 

Luchon. Reine des Pyrénées. Cliqez ICI.