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6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 10:00

 

Date de sortie 17 septembre 2014

 

Pride---Affiche.gif

 
Réalisé par Matthew Warchus


Avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Paddy Considine,

Dominic West, Ben Schnetzer, George Mackay, Andrew Scott

 
Genre Comédie dramatique


Production Britannique

 

 

Lorsque le projet a été proposé par le producteur et le scénariste, personne ne croyait à cette histoire. Mais après maintes vérifications qui ont confirmé cette dernière, Stephen Beresford se lança dans l’écriture du scénario. Le producteur, David Livingstone s’exprime à ce sujet :

 

"Si Pride est drôle et émouvant, c’est surtout une histoire vraie. Du coup, c’est d’autant plus fort de voir ces personnages qui, au départ, s’opposent, puis qui font front commun."

 

Pride-.gifIl était évident pour le scénariste et le producteur de faire appel au metteur en scène Matthew Warchus pour réaliser Pride : "Il nous fallait quelqu’un qui comprenne de manière quasi viscérale le propos et qui ait passionnément envie de raconter cette histoire", souligne David Livingstone.

 

 

De plus, l’histoire de Matthew est étroitement liée au scénario, car durant son adolescence, il a vécu près de la plus grande centrale à charbon d’Europe, dans le Yorkshire. 

 

Pride---Bill-Nighy.gif

Matthew Warchus raconte : "Je me souviens des piquets de grève à l’extérieur de la centrale, lorsque je me rendais au lycée. Ce conflit historique a été l’un des moments les plus marquants de ces années très sombres au cours desquelles j’ai acquis une conscience politique : j’ai grandi entre les tests d’alertes aériennes en cas d’attaque nucléaire, les attentats de l’IRA et, bien entendu, le SIDA."

 

 

Synopsis

 

Eté 1984.

 

Alors que Margaret Thatcher est au pouvoir, le Syndicat National des Mineurs vote la grève. Lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d'activistes gay et lesbien décide de venir en aide aux familles des mineurs en grève.

 

Mais l’Union Nationale des Mineurs semble embarrassée de recevoir leur aide.

 

Deux communautés considérées avec le même mépris par la Dame de Fer.


Alors qu’il est devenu limpide pour tout le monde que Thatcher a adopté la stratégie de la famine pour briser la grève, le groupe d’activistes ne se décourage pas. Après avoir repéré un village minier au fin fond du pays de Galles, ils embarquent à bord d'un minibus pour aller remettre l'argent aux ouvriers en mains propres.

 

Ainsi débute l’histoire extraordinaire de deux communautés que tout oppose qui s’unissent pour défendre la même cause.

 

Pride---Paddy-Considine---Ben-Schnetzer.gif

 

Il se passa deux ans entre la première rencontre du producteur David Livingstone avec le scénariste Stephen Beresford, et la sortie du film. Deux années durant lesquelles le scénariste s’est documenté, et notamment grâce à la découverte d’une vidéo du mouvement LGSM – Lesbians and Gays Support the Miners.

 

Il retrouva quelques membres du groupe via les réseaux sociaux, qui l’orientèrent vers le co-fondateur du mouvement, Mike Jackson, détenteur des archives.

 

À l’écriture, il décida ce qui devait être de l’ordre de la fiction et de l’histoire vraie.

 

Cette histoire a constitué l’occasion idéale de donner forme à une comédie dramatique grand public sur les droits des homosexuels et des syndicats :

 

Pride---Pride---Paddy-Considine.gif"C’est une histoire d’une importance capitale, et je pense que le LGSM a, sans le vouloir, contribué à faire tomber les barrières et les préjugés, ce qui a permis aux droits des homosexuels d’être reconnus et protégés par la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels), le manifeste du parti Travailliste et le Congrès des Syndicats.

 

Les Gallois ont vraiment eu le sentiment que personne n’avait encore reconnu ce que ces jeunes gens ont accompli, et tous les gens que nous avons rencontrés étaient heureux d’en parler et de voir l’aboutissement de leur combat enfin représenté à l’écran", raconte le scénariste Stephen Beresford.

 

Il poursuit : "Je tenais par-dessus tout à ce que la Gay Pride soit représentée comme un événement politique, et pas comme un carnaval."

 

La star britannique Bill Nighy explique pourquoi il a choisi de prendre part à ce film et témoigne de son expérience de tournage :

 

Bill-Nighy---Pride.gif

 

Bill Nighy

 

"C’est l’un des meilleurs scénarios que j’aie jamais lu", confie-t-il. "Je n’ai pas hésité une seconde à donner mon accord. J’irais même jusqu’à dire qu’il s’agit du film le plus important de l’année, dans le genre évocation historique. Le croisement de ces deux intrigues – la grève des mineurs et l’histoire de la communauté gay d’Angleterre – est remarquablement mené. On ne peut pas se permettre de raconter n’importe quoi, d’autant plus que ces événements n’ont cessé d’être dévoyés et déformés depuis qu’ils ont eu lieu. C’est l’une de mes meilleures expériences."

 

PrideSimon Bowles, le chef décorateur, a eu la lourde tâche de reconstituer l’univers anglais des années 80. Avec peu d’images sous la main, il demanda directement aux gens de la région de lui prêter les leurs. L’équipe a construit des devantures de magasins pour représenter la rue de Bloomsbury où se trouvait la librairie Gay’s the Word, et le foyer des mineurs a été reconstitué dans un centre sportif à la périphérie de Londres.

 

L’équipe du film a tourné dans le sud du Pays de Galles, à Londres et ses alentours, investissant le village où se sont déroulés les évènements de 1984.

 

Matthew Warchus raconte : "Il se situe sur une ancienne voie romaine, très intéressante sur le plan esthétique, et qui fait penser à un décor construit au milieu de nulle part, à l’image d’une petite ville de western. (…) C’était un lieu très fort et les fantômes du passé y rôdent encore".

 

L’équipe tourna sous les yeux intrigués des villageois qui, malgré une petite appréhension de départ, bravèrent le froid pour assister au tournage.

 

 

Mon opinion

 

 

Un s'appuyant sur un fait divers bien réel des années 80, relativement méconnu ou oublié dans l'hexagone, le réalisateur et son scénariste livrent un film à la fois violent dans certains actes et propos, souvent drôle, touchant dans bien des situations, juste de bout en bout et parfaitement documenté.

 

Deux communautés que tout sépare, avec le seul point commun d'être méprisées par le gouvernement Thatcher, démontreront que l'être humain peut se surpasser par la seule volonté d'une solide détermination. Un groupe de gays et lesbiennes tentent l'impossible pour venir en aide à des mineurs gallois en grève. Il était facile de sombrer dans quantités de clichés. Il n'en est rien.

 

Le réalisateur ne néglige aucun personnage. Tous les acteurs sont excellents et parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs. Qu'il s'agisse d'une danse endiablée sur fond de disco, à un chant mélancolique repris en cœur, ou encore la découverte du monde gay par ces femmes galloises à la fois curieuses et magnifiques de tolérance. Un autre passage émouvant cette fois, celui de ce jeune qui s'affranchira de l'autorité parentale pour s'affirmer dans sa sexualité.

 

Pride est un film d'une grande humanité, un film qui fait du bien, un film à ne pas négliger.

 

 

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.com

25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 19:30

 

Date de sortie 24 septembre 2014

 

Elle-l-adore---Affiche.gif

 

Réalisé par Jeanne Herry


Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon,

Nicolas Bridet, Olivia Côte, Sébastien Knafo,

Muriel Muriel Mayette-Holtz, Benjamin Lavernhe


Genre Comédie


Production Française

 

Elle-l-adore---Sandrine-Kiberlain.gif Sandrine Kiberlain

 

Synopsis

 

Muriel (Sandrine Kiberlain) est esthéticienne. Elle est bavarde, un peu menteuse, elle aime raconter des histoires souvent farfelues. Depuis 20 ans, Muriel est aussi la première fan du chanteur à succès Vincent Lacroix (Laurent Lafitte).

 

Avec ses chansons et ses concerts, il occupe presque toute sa vie.


Lorsqu'une nuit Vincent, son idole, sonne à la porte de Muriel, sa vie bascule. Elle est entrainée dans une histoire qu’elle n’aurait pas osé inventer.

 

Laurent Lafitte Elle-l-adore---Laurent-Lafitte-copie-1.gif

 


 

Extraits d'entretien avec Jeanne Herry


Vous souvenez-vous de la manière dont vous avez eu l’idée de ce film ?

 

J’avais écrit un livre, "80 étés" paru chez Gallimard, au sujet très personnel, intime à partir de souvenirs ou d’impressions. J’ai voulu savoir si j’étais capable ensuite de rédiger une véritable histoire avec des personnages, des situations qui ne tournent pas uniquement autour de mon univers proche. Avec un ami, Sébastien Knafo, nous avons commencé à mettre sur papier une liste des éléments que nous souhaiterions voir figurer dans un récit. Sont ainsi sorties de notre imagination les idées d’un duo de personnages principaux, de la mythomanie ou de la complication des événements… En relisant tout cela, j’ai pensé à réunir un chanteur et une fan avec un cadavre encombrant dont il faut se débarrasser ! J’ai revu mon ami, lui ai parlé de ce point de départ mais lui pensait à en faire une comédie, un road-movie. Moi pas du tout ! J’ai donc continué seule avec l’idée d’un vrai polar, basé sur une enquête policière, étant moi-même très férue depuis mon enfance de ce genre de romans ou de films…

 

Cette histoire doit incroyablement vous toucher pour l’avoir portée durant presque une dizaine d’années…


Oui, d’autant qu’avant de réussir à tourner le film, j’ai fait d’autres choses au théâtre ou au cinéma en tant qu’actrice et metteur en scène, mais l’histoire de Elle l'adore devait finalement me ramener à des sensations très personnelles pour continuer à m’intéresser. On sait que dans un premier film, on met beaucoup de soi-même et j’ai vraiment l’impression d’avoir réalisé mon film de petite fille. Il me tarde de faire mon premier long métrage de femme !


Quand vous dîtes "petite fille", ce thème du chanteur et d’une de ses fans renvoie, on l’imagine, à ce que votre père Julien Clerc a pu vivre au cours de sa carrière…


Bien entendu. Les fans, je les ai côtoyés au fil des années. Ce sont souvent des femmes d’ailleurs, respectueuses de l’artiste qu’elles admirent. Elles sont rarement dans l’hystérie. Quand elles vont au concert, c’est avec l’idée de plaisir, de fête joyeuse, souvent en bande. J’ai aussi rencontré des fans qui ressemblent à Muriel, elles sont moins nombreuses, plus solitaires. Elle l'adore - Sandrine Kiberlain-copie-1

Elles, ce sont de véritables collectionneuses, des archivistes qui remplissent leur vie de leur passion. On dit souvent que ces personnes vivent leur vie par procuration, à travers la relation qu’elles se sont créée avec un artiste mais ça ne me semble pas tout à fait juste.

À leur manière, leur condition de fan leur fait concrètement vivre quelque chose d’extraordinaire… En cherchant le disque rare qui n’a été édité qu’au Japon par exemple… Il y a quelque chose de ludique dans tout cela, de singulier aussi. Muriel, tout en étant dans une sorte de "dinguerie" a une vraie vie de mère, un travail, des amis. Le film va juste lui permettre de faire un peu de place et de se remettre au centre de sa vie.


Tout en inventant constamment des histoires pour ses proches !


C’est aussi ce qui m’intéressait dans ce personnage. Les fans et les chanteurs sont des figures, ils charrient beaucoup de clichés. Moi qui ai vécu à une place privilégiée pour observer tout cela, j’ai vite su que mon histoire serait basée sur la banalité des gens connus et sur l’originalité des gens banals… Muriel a en effet un vrai univers : ce n’est pas de la folie au sens clinique, (ça ne m’aurait pas du tout intéressé d’ailleurs), elle n’est pas hystérique, pas dangereuse pour Vincent. Elle a juste cette petite fêlure, cette peur du vide, que je voulais explorer…

 

Une petite fêlure qui va tout de même avec le temps se transformer en menace…


Oui, parce qu’elle va aussi enchaîner les bêtises ! Ça faisait aussi partie de ma liste de départ : l’idée d’un "boulet", désigné comme tel, mais qui n’en serait pas un ! Pour moi, c’était Muriel et je l’envisageais comme une véritable héroïne, comme celle qui sauverait tout le monde. Elle trouve un peu de lumière pendant que Vincent Lacroix se recroqueville dans sa propre ombre…

 

Ce qui est formidable, notamment dans les scènes d’interrogatoire, c’est que cette "dinguerie" dont vous parlez paraît finalement plus crédible que la vérité grâce au culot de Muriel dans ses mensonges !


Elle-l-adore---Pascal-Demolon.gifÇa m’a beaucoup amusé ! J’ai un copain psychologue à qui j’ai parlé de la mythomanie à travers les aspects comiques de cette pathologie, qui n’a rien à voir avec la schizophrénie par exemple, beaucoup plus douloureuse. D’ailleurs, jamais dans
Elle l'adore, on ne prononce le mot "mythomane" : Muriel n’est pas malade au sens clinique.

Elle est dans la fantaisie ! J’ai donc demandé à mon ami ce qui se passerait si on faisait vivre à un mythomane une histoire extravagante, digne d’un mythomane. Il m’a dit : "Ça fera boum" ! Et c’est vraiment ce qui arrive dans le film…

 

D’autant que vous y rajoutez un autre ingrédient : les ravages de la passion. Celle de la compagne de Vincent, celle de Muriel pour Vincent et celle dévastatrice du couple de policier, Antoine et Coline…


Vous avez raison, même si je n’ai pas pensé aux choses comme cela, d’abord parce que l’idée de "passion" m’est assez étrangère ! Mais il est vrai que mes personnages sont tous à un moment victimes de leur intériorité, de leurs sentiments, de ce qui les meut…
Finalement, quand Vincent sonne à la porte de Muriel, il y a presque dans la réaction de cette dernière un côté fataliste : elle est surprise mais elle sait que ça devait arriver…
Elle a dû tellement imaginer, rêver cette rencontre… Et c’est là où le plan de Vincent est risqué mais finement élaboré : il sait que d’un point de vue policier, il a tout intérêt à demander de l’aide à quelqu’un en dehors du cercle de ses proches et il sait pertinemment que sa fan, Muriel, fera ce qu’il lui demande. Tout cela est basé sur une chose qui existe vraiment entre un fan et un artiste : cette impression de lien, l’idée de vieillir ensemble, de se connaître, de s’aider mutuellement à vivre… D’un certain point de vue d’ailleurs, ils partagent réellement des choses : les chanteurs écrivent des chansons, les fans leur écrivent des lettres, les concerts sont des moments de communion. Et il n’y a que les chanteurs qui déclenchent de tels moments "d’amour"

 

Elle-l-adore---Pascal-Demolon---Olivia-Cote.gif

 

Pascal Demolon et Olivia Côte

 

Le regard de Vincent Lacroix sur Muriel est assez dur. Il l’utilise, la trahit et dit même à un moment :

"C’est rien, c’est juste une fan".


C’est fou comme cette phrase résonne, beaucoup plus que je ne l’avais imaginée en l’écrivant ! Elle représente toute sa défense face aux policiers qui le soupçonnent, une façon de leur dire que lui, star de la chanson, ne peut pas avoir mis sa vie entre les mains d’une quasi inconnue. En revanche, au début du film, quand ils se rencontrent vraiment, il y a du respect. On s’imagine parfois que les chanteurs éprouvent du dédain pour leurs fans, je ne le crois pas. Quelques fans peuvent se montrer effrayants, mais la plupart renvoient à leur chanteur une image très positive d’eux-mêmes. Certains fans offrent de très beaux cadeaux, basés sur les véritables goûts de leurs artistes préférés, ils leur disent combien telle chanson leur rappelle des moments de vie précis… C’est important quand on fait un métier public, qu’on propose son travail au plus grand nombre. Je ne crois pas du tout que le cynisme soit irrémédiablement accolé à la célébrité. Quand Vincent demande ce "service" à Muriel, il joue évidemment sur le pouvoir qu’il exerce sur elle mais il n’éprouve pas de mépris. S’il s’adresse à elle, c’est qu’il sait qu’elle peut le faire, qu’elle est prête à le faire et qu’elle n’est pas dangereuse. Le souci, c’est que Vincent ne sait pas combien il est à la fois bien et mal tombé !

 

Il y a dans sa démarche cette idée de sauver sa vie mais aussi tout ce que représente l’entreprise Vincent Lacroix…


Oui, toute son existence en somme. J’espère que l’on sent dans le film combien il a réussi. Croyez-moi, c’est vraiment chouette d’être un chanteur populaire ! J’ai voulu que l’on travaille très rigoureusement, précisément sur la carrière du chanteur mais pas sur son oeuvre. Je n’avais pas envie qu’on le voit interpréter une ou deux chansons, qu’il aurait fallu faire écrire, enregistrer par Laurent Lafitte… Je voulais montrer ce que l’on ne voit pas d’habitude, le côté coulisse. Je savais que les spectateurs combleraient les trous, les "manques" en associant la carrière de Vincent à celles de Cabrel, de Souchon, de Bruel ou de mon père ! En revanche, nous avons vraiment soigné les photos, les pochettes, les disques d’or pour montrer que ce type est là depuis vingt ans, installé, reconnu…

 

Petit clin d’oeil au passage : l’objet qui cause la mort accidentelle de la compagne de Vincent Lacroix, c’est une Victoire de la musique !


Elle-l-adore.gifC’est une métaphore ludique…

La célébrité, c’est un poids. Je vous disais que je considère Elle l'adore comme le film de mon enfance et j’ai des images de cette période qui me sont revenues. Il y avait une Victoire sur le piano du salon et croyez-moi : c’est très très lourd !

 

Étant amatrice de Cluedo et d’Agatha Christie, l’idée de cette chose pesante à proximité me semblait crédible pour faire mourir quelqu’un ! Et amusante…

 

Venons-en à vos acteurs, à commencer par Laurent Lafitte dans le rôle de Vincent Lacroix.


Le chemin pour trouver « le » chanteur a été un peu long… Au départ, les deux personnages principaux étaient plus âgés. Quand j’ai décidé de les rajeunir, Laurent est devenu évident. Nous ne nous connaissions pas du tout. Je l’avais vu au cinéma, je l’écoutais de temps en temps à la radio… Comme tout le monde, je l’ai vu se déployer en quelques années et dévoiler de multiples facettes. Quand j’ai vu Les beaux jours de Marion Vernoux, j’ai su que ce serait lui ! Laurent pouvait incarner un artiste de quarante ans, ayant commencé et connu le succès très jeune. Laurent est crédible en musicien, derrière un piano, un micro : il a fait du chant, de la danse, de la comédie musicale, c’est un mec de scène. Elle l'adore - Laurent Lafitte-copie-2C’est un acteur complet, tout terrain, qui est à la fois très drôle et très intense dans le drame… Je voulais aussi quelqu’un de beau car je crois que cette dimension existe dans la réalité : on ne met pas la photo d’un chanteur sur son mur s’il n’y a pas l’idée de contemplation, de désir. Il a été parfait dans les moments de doute, d’inquiétude : son visage très expressif, la voix qui trébuche imperceptiblement… Il a très justement incarné les tourments et la nervosité du personnage qui passe tout le film à tenter de contenir le chaos de son intériorité. On s’est beaucoup amusé lors des séances photos pour figurer les différentes époques de la carrière de Vincent Lacroix. Je crois qu’il aimait son personnage et le comprenait sans le juger, ce qui n’est pas si évident car c’est celui que l’on charge dans le récit, alors que Muriel est plutôt celle qui suscite la sympathie…

 

Votre Muriel justement, c’est Sandrine Kiberlain…


Une fois le personnage rajeuni, j’ai pensé très rapidement à elle et j’ai eu la chance qu’elle accepte ! C’était il y a presque trois ans et Sandrine a porté ce projet avec moi de façon déterminante. Lors d’un de ses premiers coups de fil, elle m’a dit : "Je n’ai jamais fait ça, alors ça m’intéresse". Elle-l-adore---Sandrine-Kiberlain-copie-2.gifTrès honnêtement, je la considère comme une des plus grandes actrices du monde ! Je savais qu’elle serait à mes côtés pour débarrasser le personnage de tous ces clichés qui encombrent la représentation du fan. Il ne fallait pas que Muriel soit pathétique ou folle furieuse, ce n’est pas Misery ! Je voulais quelqu’un de digne, de normal, d’élégant : Sandrine était parfaite ! C’est une comédienne solaire et lunaire à la fois, qui s’allume et s’éteint très facilement, sans artifices de maquillage ou de costume… Je savais qu’elle incarnerait à merveille cette femme à la fois commune et originale, pétrie d’innocence et d’intelligence. J’ai grâce à elle pu travailler à loisir sur cette fameuse dinguerie du personnage ! Il faut ajouter que Sandrine adore les chansons, les concerts, danser. Elle collait parfaitement à cette idée du fan que j’aime : des gens qui partagent un moment joyeux avec leur artiste préféré, loin de l’hystérie douloureuse souvent représentée. Ça a été un grand bonheur de travailler avec eux !

 

Parlons aussi de vos deux policiers : Olivia Côte et Pascal Demolon.


Le nom de Pascal m’a été suggéré par la production du film. Je l’avais vu dans Radiostars notamment et je trouvais que la puissance qu’il dégageait fonctionnerait bien dans le couple qu’il devait former avec Olivia. Leur histoire d’amour me semblait crédible… Il a amené son personnage ailleurs que là où je l’avais imaginé et ça me convenait. Pascal a compris qu’Antoine était un bon flic mais que toute son enquête serait perturbée par ses peines de coeur. C’est d’ailleurs ainsi que je lui avais présenté son personnage : un rôle de flic mais dans une partition d’amoureux. "Parfait ! " avait-il répondu. "Un amoureux malheureux… Encore mieux ! " Quant à Olivia, j’ai écrit le rôle de Coline pour elle… C’est une comédienne qui a un potentiel incroyable. Elle est surtout connue pour la comédie, grâce notamment à ses programmes courts Vous les Femmes, mais moi elle m’inspire énormément dans le quotidien les choses plus graves et j’avais envie de la filmer dans ce registre. Olivia a été mon petit soldat durant tout le tournage : elle qui est si extravertie dans la vie s’est comportée en véritable sphynx !


Un mot d’un autre personnage formidable de
Elle l'adore : il s’agit d’Arlette, la femme de ménage de Vincent Lacroix, interprétée par Muriel Mayette.


Qui a juste été l’administratrice de la Comédie Française ! C’est en effet un personnage qui prend au final beaucoup d’importance dans le récit. Arlette incarne le quotidien des chanteurs, la solitude des gens très entourés, choyés… Muriel Mayette a été une de mes intervenantes au Conservatoire. J’ai eu à l’époque un vrai coup de coeur un peu adolescent pour elle, un côté fan de cette artiste qui m’a en partie inspiré l’histoire de
Elle l'adore. Je me souviens qu’à cette époque, je m’étais dit que si Muriel me demandait d’apporter une paire de chaussettes à Marseille en faisant l’aller-retour en voiture dans la nuit, je le ferais ! Je trouve cette femme très inspirante. Elle est très intense et juste dans sa présence, ses regards, les mouvements du corps… Elle a parfaitement capté ce que je souhaitais : plus le personnage d’Arlette veut se montrer rassurante et complice, plus elle semble menaçante.

 

 

Elle-l-adore---Laurent-Lafitte-copie-3.gif.Elle-l-adore---Laurent-Lafitte---Sandrine-Kiberlain.gif

Elle-l-adore---Sandrine-Kiberlain-copie-3.gif.Elle l'adore - Laurent Lafitte

 

 

 

Mon opinion

 

Une image du show-biz et de l'envers du décor. Une intrigue policière qui ne s'impose pas vraiment. Mais plus que tout l'histoire du Muriel.

 

"C’est rien, c’est juste une fan".

 

Cette fan, à l'imagination débordante, c'est Sandrine Kiberlain absolument épatante. À la fois drôle et émouvante, d'un naturel déconcertant elle est quasiment de toutes les scènes et démontre, une fois encore toute l'étendue de son talent.

 

Le face à face avec Pascal Demolon dans une scène d'interrogatoire est à la fois jubilatoire et parfaitement efficace.

 

"Moi qui ai vécu à une place privilégiée pour observer tout cela, j’ai vite su que mon histoire serait basée sur la banalité des gens connus et sur l’originalité des gens banals…" déclare Jeanne Herry.  

 

Connaissant parfaitement ce monde, la réalisatrice le dépeint avec une certaine tendresse, mais surtout un vrai talent et  propose un très bon moment de détente. Une vraie comédie.

 

Les dialogues sont justes et les situations les plus invraisemblables ne sombrent jamais dans le ridicule.

 

 

 

Sources :

http://www.unifrance.org

24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 20:50

 

Date de sortie 24 septembre 2014

 

Saint-Laurent---Affiche.gif


Réalisé par Bertrand Bonello


Avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Louis Garrel,

Amira Casar, Léa Seydoux, Helmut Berger, Aymeline Valade

Jasmine Trinca, Valeria Bruni Tedeschi, Valérie Donzelli

 
Genre Biopic


Production Française

 

- César 2015 - Meilleurs costumes  pour Anaïs Romand

 

Si le biopic de Yves Saint Laurent paru en janvier 2014 sur les écrans français a reçu l'aval de Pierre Bergé, il n'en est pas de même pour cette autobiographie signée Bertrand Bonello.

 

L'homme d'affaires et compagnon du couturier décédé, strictement opposé au tournage, aurait tenté d'en empêcher la production. Le film s'est également heurté à quelques difficultés de financement, et n'a pas eu droit aux faveurs dont a pu bénéficier le long-métrage sorti début 2014. Il se consolera néanmoins avec une sélection en compétition officielle au Festival de Cannes.

 

D'où vient, dans ce cas, l'opposition de Pierre Bergé à votre projet ?


"Je ne voulais pas rencontrer Pierre Bergé avant d'avoir une vision claire du film que je voulais faire. Il y a eu certainement une maladresse de ma part qui a donné suite à des malentendus. De maladresse en malentendu, on en arrive vite à des lettres d'avocats. Il y a eu un moment de tension à cause de ça. On s'est rencontré par la suite, trop tardivement, et il m'a souhaité un bon tournage en me disant qu'il était certain que j'arriverai à faire un film de qualité. On a eu quelques échanges pendant le montage et avant Cannes. Maintenant, j'ai hâte qu'il le voit."

 

Extrait d'enretien recueilli par Sorin Etienne pour http://www.lefigaro.fr

 

Synopsis :

 

1967 / 1976.

 

La rencontre de l'un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n’en sortira intact.

 

Gaspard-Ulliel---Saint-Laurent.gif

 

 

Extraits d'entretien avec  Bertrand Bonello relevés sur  unifrance.org

 

Comment le projet est-il né ?


En novembre 2011, peu après la sortie de L’Apollonide, Eric et Nicolas Altmayer m’ont demandé s’il m’intéresserait de réaliser un film sur Saint Laurent. À priori je n’aime pas beaucoup les biopics mais il n’y avait ni scénario ni traitement, juste le nom de Saint Laurent. Du coup j’ai été tenté. J’ai écrit un pitch précisant surtout que je ne voulais pas d’un biopic traditionnel traitant toute la vie de manière informative… Je ne voulais pas que le spectateur se contente de regarder Yves Saint Laurent, mais qu’il soit le plus proche possible de lui. Je souhaitais, comme pour L’Apollonide, non pas me mettre à la place des personnages, mais me coller à eux. Privilégier l’aspect visuel, romanesque, viscontien de Saint Laurent, et laisser de côté l’aspect très français du biopic, même si Saint Laurent est aussi une figure très française et que cela a son importance. Les frères Altmayer m’ont laissé libre. Ils m’ont simplement demandé de ne pas écrire seul et j’ai rencontré Thomas Bidegain.

 

Pourquoi, à votre avis, est-ce précisément à vous qu’ils ont pensé pour la réalisation d’un tel projet ?


Ils avaient envie de retrouver la sophistication visuelle et la dramaturgie de L’Apollonide. Il existe des liens entre les deux sujets : un monde très beau et très dur, fermé sur lui-même comme par de lourds rideaux et qui touche à sa fin, le XIXème d’un côté, les années 1970 de l’autre…

 

De votre côté, d’où venait le désir de travailler avec eux ?


Je pense depuis longtemps que les producteurs qui accordent le plus de liberté à un auteur sont paradoxalement ceux qui produisent les plus grands succès. Et je suis convaincu que chaque projet a son économie propre : un film sur Saint Laurent appelait de tels producteurs.

 

Le personnage vous intéressait-il, avant de vous lancer dans un projet de film sur lui ?


J’avais quelques connaissances, par ma mère qui l’admire et m’a passé plusieurs livres sur ses maisons et ses objets, notamment l’énorme catalogue en cinq volumes de la vente du Grand Palais en 2010. J’avais une familiarité avec l’univers et avec l’époque, plus qu’avec la mode. J’étais surtout attiré par les possibilités de cinéma liées à ce côté fastueux et décadent qu’il était possible de mettre en avant grâce au filtre de la réalité. Inventer cela serait impossible ! J’avais envie de prolonger l’idée, présente dans L’Apollonide, d’un enfermement magnifique qui se délite.

C’est pour cela aussi que j’ai tourné en 35 millimètres. Les couleurs, les textures, les tissus ont ainsi une volupté que le numérique ne donne pas. Les célébrités auxquelles sont consacrés des biopics, Claude François, Edith Piaf, etc., sont souvent des gens pauvres qui finissent par réaliser un rêve d’enfance, sans renier leur extraction populaire. Ça marche toujours avec le public.

 

Saint Laurent, lui, naît entouré de l’amour de sa mère et de ses soeurs; sa famille a de l’argent; à 17 ans il est premier prix d’un concours; à 20 il est star chez Dior; à 22 il a sa maison; à 25 c’est une célébrité mondiale. Ce handicap par rapport aux normes du biopic me passionnait.

 

 

 

Comment avez vous réagi lorsque vous avez appris qu’un autre film sur Saint Laurent était lancé ?


J’ai été très surpris évidemment. Nous étions au travail depuis plusieurs mois lorsque l’annonce du film de Jalil Lespert a eu lieu. Ça a forcément rendu les choses très compliquées et nous avons du franchir beaucoup d’obstacles pour arriver à ce que le film se fasse. Malgré le fait que nous avions beucoup d’avance, la priorité des producteurs de l’autre film était de passer en premier. Je n’avais aucune envie de bâcler mon film pour rentrer dans une guerre stérile dont je ne voulais pas. J’en ai pris mon parti, en me disant que l’existence d’un film plus officiel allait prendre en charge les passages obligés du biopic, et donc que j’en étais dédouané. Quelque part, le film de Lespert m’a offert plus de liberté.

 

A quel moment la question du choix de l’acteur pour interpréter Saint Laurent s’est-elle posée ?


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Le casting a commencé début 2012, bien avant l’achèvement du scénario. Très vite est apparu le nom de Gaspard Ulliel. Je tenais à ce que sa ressemblance avec Saint Laurent ne soit pas l’unique facteur. J’ai donc rencontré Gaspard au même titre qu’une vingtaine d’acteurs. Nous avons fait des essais pendant trois mois, principalement pour voir si nous pouvions travailler et avoir un dialogue ensemble.

 

La voix de Saint Laurent, fluette et autoritaire à la fois, est un aspect capital du personnage. Comment l’avez-vous travaillée ?


Gaspard vous en parlerait mieux que moi. Je me suis pour ma part contenté d’une remarque : je ne voulais pas qu’on puisse confondre fébrilité et chevrotement. Et tout comme les actrices de L’Apollonide ne devaient pas imiter la gouaille 1900, mais mettre chacune d’elle-même dans son personnage, il fallait qu’il y ait dans le film autant de Gaspard que de Saint Laurent. Si je ne vois plus l’acteur que je filme, cela n’a pas d’intérêt. C’est le mélange qui est beau. Gaspard me passionne autant que Saint Laurent, et Louis Garrel autant que Jacques de Bascher. Un cinéaste n’a pas le choix, il doit s’intéresser à ce qu’il a devant les yeux.

 

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Comment avez-vous choisi les autres acteurs pour jouer les membres de l’entourage de Saint Laurent ?


Le deuxième choix stratégique était celui de l’acteur pour interpréter Pierre Bergé. La différence d’âge entre Gaspard et Jérémie, avec qui j’avais travaillé pour Le Pornographe, est assez juste, étant donné les six ans d’écart entre Saint Laurent et Bergé. Il se trouve aussi qu’ils sont très amis depuis longtemps. Une complicité entre eux, notamment sensuelle, est apparue dès les essais. Et comme le film commence plusieurs années après leur rencontre, j’aimais que cela apparaisse d’emblée et qu’on ne se demande pas pourquoi ces deux hommes sont ensemble.

 

Betty Catroux était un grand mannequin Chanel pour qui il était difficile de trouver une actrice, même grande. Aymeline Valade est une suggestion d’Amira Casar, à qui je rends grâce. Nous avons fait des essais. J’ai tout de suite aimé l’image de Gaspard et elle côte à côte. Elle danse de façon très bizarre. J’adore la scène d’impro sur le canapé, pendant que Jacques lit Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl et qu’elle fait de drôles de gestes de la main. Il se passe vraiment quelque chose, à l’écran, entre Gaspard et elle.

 

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Léa Seydoux, Gaspard Ulliel et Aymeline Valade

 

Léa Seydoux avait envie d’un rôle plus léger, plus dynamique que d’habitude. C’est évidemment un second rôle, mais nous souhaitions nous retrouver, six ans après De la guerre, et je l’imaginais parfaitement se fondre dans cet univers, dans ces couleurs, cette atmosphère. Il fallait quelqu’un de très habile pour jouer le rôle de M. Jean-Pierre, le premier d’atelier, et Micha Lescot possède la finesse pour l’interpréter sans en faire un cliché.

 

Quant à Amira, à chaque fois que je disais que je préparais un film sur Saint Laurent, tous ceux qui avaient cotoyé la maison me disaient "Mme Munoz, c’est Amira Casar !".

 

Louis Garrel amène de la légèreté et du contemporain à la figure complexe de Jacques de Bascher, une aisance naturelle à dire les phrases d’un personnage qui, aujourd’hui, n’existe plus. Louis ne tire pas Jacques vers le glauque, ce qui serait possible avec un personnage aussi bizarre et décadent. L’histoire d’amour entre Yves et Jacques s’est développée au montage : les scènes, pour la plupart d’atmosphère, se sont étirées, parce qu’il s’est passé quelque chose de beau entre Gaspard et Louis. Il suffisait presque de poser la caméra et de les regarder. Louis-Garrel---Saint-Laurent.gifIl faut savoir faire dévier le film quand apparaissent des choses spécialement grâcieuses. J’aime le côté théâtral et sans lendemain de Bascher : l’artifice de l’artifice… Il incarne une insouciance de l’époque, les années pré-Sida, sans crainte économique…

 

Mais au fond, c’est moins de Bascher lui-même qui m’intéresse que, comme Bergé l’a expliqué, le fait qu’il a appuyé sur le bon bouton pour permettre à Saint Laurent de toucher le fond. Cela aurait pu être quelqu’un d’autre.

 

De quelle manière vous êtes-vous documenté ?


J’ai beaucoup lu. Trois ou quatre livres avant de commencer à écrire et le reste ensuite. Se documenter ne sert pas à être informé, mais à savoir pourquoi on prend des libertés pour mieux revenir ensuite à la vérité.

 

Pourquoi avez-vous décidé de vous en tenir à dix ans de la vie et de la carrière de Saint Laurent, entre 1967 et 1976 ?


On aurait pu resserrer davantage, c’est une décennie tellement forte… On aurait pu aussi commencer en 1965, avec la robe Mondrian, qui marque le moment où Saint Laurent cesse d’être post-Dior pour devenir Saint Laurent. La création du prêt-à-porter vient juste après, décision pionnière qui le rend populaire et le fait, comme il dit avec un peu d’exagération, "descendre dans la rue". En prenant de nombreuses choses en charge, notamment la rencontre avec Pierre Bergé et la création de la marque, le film de Jalil Lespert m’a dédouané. Il m’a permis de me rapprocher d’autant plus du personnage. J’ai pu radicaliser ma vision, entrer dans l’histoire plus tard et avec moins d’explications. Thomas et moi avons très tôt choisi de nous en tenir à deux collections emblématiques, la collection "Libération" de 1971 et le "Ballet russe" de 1976. La première fait scandale : en 1971, en plein hippie chic, Saint Laurent habille les femmes comme leurs mères, puisant dans sa passion pour la sienne, pour les actrices des années 1940, etc. C’est un scandale journalistique, mais six mois plus tard, tout le monde s’habille aux fripes. Le deuxième défilé est quant à lui sous influence orientale, Gauguin, Delacroix, Matisse, jusqu’à l’orient russe.

 

Saint-Laurent

 

Nous avons chapitré le scénario en trois parties. La première, qui va jusqu’au défilé 1940, juste avant la fameuse photo où Saint Laurent pose nu, nous l’avons appelée "Le Jeune Homme". La deuxième, de la photo à la fin de l’histoire avec de Bascher, c’est "La Star". Et la troisième, 1976, "YSL" : Yves devient une marque, il ne sait plus qui il est… C’est là que le contraste est le plus important entre le haut et le bas. Un psychiatre — qui connaissait son psychiatre — l’appelait "le liftier" : il ne cesse de monter et de descendre… Ces trois parties avaient pour sous-titres "Le Jour", " La Nuit" et "Les Limbes . C’est en 1976 qu’a lieu le saut en 1989, où on découvre Helmut Berger en Saint Laurent : le corps a changé, mais la voix reste celle de Gaspard.

 

C’est l’une des grandes audaces du film, ce saut dans le temps et ce changement d’incarnation.


Yves dit qu’il ne supporte plus de se voir. On passe alors à 1989 et à Helmut Berger.

Helmut Berger - Saint LaurentLe film n’est plus ensuite qu’un montage parallèle, une succession d’allers et retours. C’était une des premières idées : montrer ce corps qui change, jusqu’à aboutir à Saint Laurent dans sa tour sublime de la rue de Babylone, seul mais encore vigoureux…

 

L’introduction de Helmut Berger, même si elle crée d’abord un décrochage, permet d’ouvrir une porte par laquelle le spectateur rentre encore plus dans l’affect et dans l’esprit de Saint Laurent. Le film devient alors vraiment mental.

 

Pourquoi précisément cette année, 1989 ?


Saint Laurent est encore au travail…L’année n’est pas précisée, mais elle permet d’introduire les années 1980, qui marquent le basculement vers un autre monde : Jean-Paul Gaultier, la vente en bourse… Au début des années 1990, le basculement aura déjà eu lieu.

 

Où les décors ont-ils été recréés ?

 
Nous avons loué un immense hôtel particulier que nous avons utilisé comme studio pour presque toutes les scènes, sauf celles de défilés et de boîtes de nuit : la rue Spontini, Baylone, les ateliers, Libération, la chambre de Proust …

 

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Comment avez-vous évité les passages obligés du biopic, genre aujourd’hui omniprésent ?


C’est l’idée du biopic qui pose problème. "Yves Saint Laurent a transformé la femme", "Yves Saint Laurent a du succès "… Comment montrer cela ? Sûrement pas avec des plans sur des gens dans la rue habillés en Saint Laurent. Ou avec des manchettes de magazines. Ou en faisant crépiter des flashes. Autant d’idées à mettre à la poubelle. Nous sommes passés par la lettre d’Andy Warhol : "Toi et moi nous sommes les deux plus grands artistes d’aujourd’hui ". Warhol et Saint Laurent. L’Amérique et l’Europe. Le succès est dit, pas la peine d’y revenir. Le smoking, lui, passe par un enregistrement de la voix de Marlene Dietrich et un mannequin, c’est tout.


Comment faire passer des informations ?

 
Gaspard-Ulliel---Saint-Laurent-.gifC’est le problème du biopic. Avec cette difficulté supplémentaire que, dans la mode, tout va très vite. Comment montrer que Saint Laurent veut casser quelque chose, que ça ne marche pas, puis que ça marche ? C’est compliqué, à moins d’être très explicatif. Je me suis servi de la réponse à Warhol, dans laquelle Saint Laurent dit qu’il a voulu être moderne mais qu’à présent il veut juste être Saint Laurent. Ce genre de formule accélère les choses. L’amour que j’ai pour les films de Robert Bresson m’a appris à destabiliser le temps en utilisant la voix off. "Yves Saint Laurent transforme la femme". Comment filmer cela ? J’ai pensé à Vertigo vous connaissez ma passion pour Vertigo, pour la scène avec Valeria Bruni Tedeschi : un homme manipule une femme qui tout à coup se transforme sous nos yeux. Valeria est géniale dans cette scène. Juste par le jeu, elle perd 15 ans en trois minutes.

 

Une autre difficulté liée au biopic est celle de la légende ou du mythe…


En général, un biopic démantèle le mythe d’une personne pour la rendre plus proche, expliquer comme elle est devenue célèbre… Le film ne montre pas comment Saint Laurent est devenu Saint Laurent, mais ce qui lui en coûte d’être Saint Laurent. C’était avec Thomas notre axe principal depuis le début. Ce que cela lui coûte de passer du noir et blanc à la couleur, du figé à l’aérien, de devoir livrer quatre collections par an, d’être une star… Il ne s’agissait pas du tout de démythifier. Le choix de Helmut Berger, qui est un mythe du cinéma des années 1970, participe de cela. Le film se rapproche de Saint Laurent pour se rapprocher de son affect, pas pour le rendre banal ou compréhensible. À la fin, le spectateur n’a pas compris comment ça marche. Le mythe reste un mythe. C’est dans cette perspective
que s’est posée la question de l’ouverture. Le film commence en 1974, avec la scène de l’hôtel de la Porte Maillot. J’attaque au coeur du succès mais aussi au coeur de la dépression. Je tenais à soigner l’entrée de Saint Laurent. On le voit de dos, de loin, puis de dos sur son
lit. On parle de lui dans l’atelier, on voit ses mains, et enfin son visage. C’est "monsieur Saint Laurent ". On ne le banalise pas.

 

"Yves Saint Laurent….. très intimidant de devoir habiller ce rôle et tout son entourage, alors je me suis accrochée au scénario et à ce que Bertrand voulait raconter de cet être doué et torturé, de l’époque, ces années 60 et 70 dans un petit milieu élitiste parisien à l’avant garde de la mode, avant les années sida dans une France encore très conservatrice. Il fallait que la mode soit présente, mais comme une évidence, que les acteurs puissent intégrer leurs costumes avec naturel, la recherche de la beauté comme une part de leur personnalité et pas comme une démonstration figée d’esthétique. C’était pour moi le coeur du film, réussir à ce que les acteurs se glissent dans ces vêtements et nous séduisent en 2014. Le plus difficile techniquement a été de devoir fabriquer deux collections de haute couture mythiques d’YSL à partir de rien ou presque, sans avoir accès aux archives et robes authentiques de la fondation Bergé Saint Laurent. Ça a été un véritable travail de fourmi que de décrypter la documentation pour trouver les bons volumes, les bonnes matières, les couleurs les plus justes et ne pas trahir l’esprit d’YSL, tenter de porter à l’image la nouveauté, la fraîcheur et la somptuosité de ces collections, et pour ça le cinéma aide beaucoup !", révèle la costumière Anaïs Romand."

 

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Saint Laurent a été choisi pour représenter la France aux Oscars dans la catégorie meilleur film étranger. "Il y a encore beaucoup d'étapes à franchir avant d'être désigné, mais je sais que le distributeur américain est très motivé et qu'il compte entretenir le buzz autour de la sortie outre-Atlantique", précise Gaspard Ulliel. Il faudra attendre le 15 janvier avant de savoir si Saint Laurent est retenu ou pas parmi les concurrents à ce prix prestigieux. "Nous sommes conscients que le côté sulfureux du film peut le desservir en Amérique et qu'il y a beaucoup de concurrents prestigieux qui peuvent être privilégiés par l'académie, mais c'est déjà formidable d'avoir cette opportunité", a déclaré Gaspard Ulliel. dans un entretien accordé à Caroline Vié pour 20minutes.fr.

 

Mon opinion

 

 

Un film fort, luxueux, un rien démoniaque, magnifique de bout en bout en ce qui me concerne.

 

"Il faut parfois savoir être infidèle pour que ça dérape, pour que ça revive, en fait " déclare Bertrand Bonello. La réussite est totale. Le réalisateur s'appuie sur le trio formé par Yves Saint Laurent, Pierre Bergé et Jacques de Bascher. Le montage sophistiqué, mais captivant, nous plonge dans une époque reconstituée avec brio, finesse, une certaine folie, aussi, mais toujours dans une grande élégance.

 

Des parcelles de l'univers de Saint Laurent se glissent astucieusement dans le film. Proust bien entendu. La voix de La Callas ou encore Marrakech, ville dans laquelle l'inspiration venait plus facilement. De Marguerite Duras à Visconti. Une allusion à Catherine Deneuve. Les fameux et fabuleux costumes de la revue du Casino de Paris. Mais aussi la rue Saint Anne et le Palace du temps de Fabrice Emaer, entre autres, rien ne manque.

 

Les références historiques pour ponctuer les années se font par un astucieux montage. Les évènements, d'un côté de l'image pendant que de l'autre défilent les mannequins avec les dates des collections.

 

La remarquable photographie de Josée Deshaies magnifie l'ensemble. Belle sans être pesante. Raffinée, mais jamais trop appuyée, elle illumine parfaitement les différentes périodes qui constituent le film. Du grand art.

 

Ce film se regarde comme on découvre avec passion un magnifique album de photos.

Une distribution impeccable contribue à cette réussite.

 

Amira Casar prête ses traits et son talent à la célèbre Anne-Marie Munoz.

 

Jérémie Renier dans le rôle de Pierre Bergé est étonnant. Amoureux mais aussi remarquable homme d'affaires, il est à la fois protecteur et tyrannique.

 

Gaspard Ulliel, au charisme ravageur, est parfait dans la tourmente, l'égoïsme, ou la légèreté souvent capricieuse. Sans rechercher la ressemblance physique à tout prix, il est tout simplement impressionnant.

 

Louis Garrel manipulateur à souhait, sombre et destructeur est tout aussi impeccable.

 

La scène dans laquelle Valeria Bruni Tedeschi se retrouve rajeunie et transformée en quelques minutes, par le seul regard et les recommandations du génial Saint Laurent est, à mes yeux, le plus bel hommage que le réalisateur rend au couturier.

 

À la toute fin du film des journalistes de Libération veulent être les premiers pour annoncer le décès du couturier et trouver le titre accrocheur. Bertrand Bonello est l'un d'eux.

 

 

Sources

http://www.unifrance.org

22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 20:00

 

Date de sortie 3 septembre 2014

 

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Réalisé par Patric Chiha


Avec Florian Carove, Raphaël Bouvet, Jonathan Capdevielle,

Inge Maux, Gisèle Vienne, Simon Morzé

 
Genre  Comédie


Production Française, Autrichienne

 

Synopsis :

 

Rudolf (Florian Carove) homosexuel en pleine crise existentielle, décide de repartir en Autriche, son pays natal, pour s’adonner à sa passion : l’écriture. Ses deux amis, tous aussi névrosés, ne comprennent pas son attitude et décident de l'accompagner.


Gabriel (Raphaël Bouvet) est un comédien obnubilé par son ex qu’il n’arrive pas à oublier et Nicolas (Jonathan Capdevielle), reste un éternel adolescent.

 

Mais bientôt Rudolf ne supporte plus la présence de ses amis : s'il a quitté Paris, c'est aussi un peu pour les fuir.

 

Chacun remet sa vie en question lors de ce voyage loufoque...

 

 

Entre sommets vertigineux et gouffres abyssaux, il est peut-être temps de faire le point sur leurs vies, leurs amours et leur amitié…

 

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Jonathan Capdevielle, Florian Carove et Raphaël Bouvet

 

D'origines libanaise et hongroise, Patric Chiha est né en 1975 à Vienne en Autriche. À 18 ans, il s’installe à Paris où il étudie le stylisme de mode à l’ESA Duperré. Il suit ensuite des études de montage à l’INSAS à Bruxelles. Après la réalisation de plusieurs courts-métrages, moyens-métrages et documentaires dont Home, Où se trouve le chef de la prison ? et Les Messieurs, sélectionnés dans de nombreux festivals, il réalise en 2009 son premier long-métrage, Domaine, avec Béatrice Dalle et Isaïe Sultan, qui est sélectionné à la Mostra de Venise.

 

Boys Like Us est son deuxième long-métrage.

 

Entretien avec Patric Chiha

Propos recueillis par Bertrand Loutte - Paris, juin 2014.

 

 

On te retrouve ici sur un territoire où on ne t’attendait pas vraiment : non pas l’Autriche bien sûr, mais la comédie.


On est tous multiple, on est tous différents d’un jour à l’autre, d’un mois à l’autre, avec diverses facettes. Je ris énormément avec mes amis et j’avais envie de mettre ça en forme. Même dans mes films précédents, je trouvais qu’il y avait des éléments comiques, des prémices qui n’étaient peut-être pas évidents pour tout le monde, quelque chose qui a à voir avec l’excès - même l’excès de froideur parfois - ou la brutalité des personnages. Un soir, ma productrice Charlotte Vincent me fait remarquer : "c’est étrange, mais qu’est-ce qu’on rit avec toi en Autriche ". Je partage étroitement avec elle une certaine forme d’humour et je voyais très bien ce dont elle voulait parler. Le soir même, ça a commencé à germer : revenir sur l’Autriche, entre excès d’ordre, le bordel qui en résulte, et nervosité. Jonathan Capdevielle, Florian Carove & Raphaël Bouvet - BoTous ces éléments ont fait que lentement je me suis dirigé vers une forme plus comique. L’autre chose nouvelle, c’est que dans mes films précédents, il y avait toujours deux personnages, et là j’ai senti très vite que je voulais travailler avec trois. Quelle histoire raconte-t-on avec "trois", quel ton donne-t-on à "trois" ?


Autour de cette idée de triangulation, le "us" du titre renvoie-t-il aux trois personnages, aux trois scénaristes (Raphaël Bouvet, Nicolas Ducray et toi-même) qui ont écrit le film ou bien se veut-il plus générique ? En français, cela pourrait donner "Nous sommes tous des garçons (névrosés)".

 
J’aimerais qu’il soit générique. Ce titre vient d’une chanson de Haussmann, le groupe qui a composé la musique originale, et "us", s’y met qui veut. À l’écriture du scénario, on a énormément travaillé à partir d’improvisations avec d’autres gens, dans des cafés, dans des bars, dans la rue. Comment partir de soi et en faire un objet où d’autres s’y retrouvent ? L’amitié n’est pas uniquement le sujet du film, elle génère aussi sa forme. Deux des comédiens, Raphaël Bouvet et Jonathan Capdevielle, sont de vieux amis avec qui je tenais absolument à travailler. Il y a clairement là un ressort documentaire. Florian Carove, je l’ai rencontré lors du casting, mais j’avais immédiatement le sentiment de le connaître depuis très longtemps. Maintenant, chacun a inventé un personnage, des mouvements et des rythmes loin de lui. Je crois que la fiction, le fait que chaque personnage soit très dessiné, permet d’ouvrir et que d’autres s’y retrouvent.


Boys like us : des garçons, pas encore des hommes ?


Evidemment, ils sont habillés un peu comme des gamins, et évidemment, il y a un vrai lien entre comédie et amitié, le temps qui passe et l’enfance que l’on veut retenir. L’amitié est vécue comme quelque chose d’avant l’amour, comme quelque chose de plus archaïque et pas uniquement comme un palliatif à la solitude. C’est vraiment une forme de société, d’être ensemble, et une tentative de retenir le temps. C’est lors du montage que j’ai été frappé par le grand nombre d’enfants dans le film. J’ai le sentiment qu’ils sont un peu cruels, qu’ils éjectent les adultes de leur monde, les poussent vers la sortie. Et il a fallu 35 ou 37 ans aux adultes pour remarquer que l’enfance est si lointaine.

 

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L’enfant est là avant tout parce qu’on peut le garder contre une contrepartie financière. On veut bien faire du baby-sitting mais "on ne va quand même pas nous forcer à adopter !". Dans une France agitée ces dernières années par les questions d’homo-parentalité, la réaction de tes personnages va à contre-courant d’une certaine tendance gay.


Dans le cinéma français mais aussi international, il y a un très beau mouvement – synchrone à ce qui se passe dans la société – de normalisation, ou de banalisation de l’homosexualité, et c’est pour nous très important qu’on soit, dans les films, face à des personnages homos intégrés. Ici aussi, l’homosexualité n’est pas du tout un problème pour les personnages, et en même temps j’avais envie de refaire un tour pour voir ce qui reste des particularités et des clichés homos (qui n’en sont évidemment pas toujours), et ce qu’on peut encore faire avec.

 

À un moment, eux-même l’exposent : "on a été un peu homo-cliché aujourd’hui". C’est quoi alors le cliché gay dans le cinéma français contemporain, et comment faire pour le contourner, en jouer ou s’en débarrasser ?


Au départ, je pensais m’en débarrasser vraiment, je voulais faire un film sur trois mecs, quel que soit leur sexualité. Et puis, petit à petit, c’est remonté, je voyais bien que quelque chose m’amusait là-dedans, dans le hors-norme et les stéréotypes. Ce qui m’importait surtout, c’était d’éviter la douleur. Il n’y a pas de douleur propre à l’homosexuel, liée à leur vie sexuelle ou à leur identité sexuelle (pour reprendre cette expression affreuse). Si douleur il y a, c’est la même que la tienne et la mienne, elle est liée à l’espace et au temps. Et en même temps dans l’amitié homo, il y a quelque chose de très particulier, Raphaël Bouvet, Jonathan Capdevielle & Florian Ca-copie-1dû sans doute au fait qu’on partage des souvenirs douloureux – bon, tout le monde a du mal à découvrir sa sexualité, je l’ai vu chez les hétérosexuels, c’est le même chemin – des choses intimes et en même temps on ricane beaucoup là-dessus, on s’approprie les stéréotypes dans lesquels d’autres voulaient nous enfermer, pour les surmonter.

 

Devant la séquence du supermarché Billa, j’ai repensé à un sujet de « Cinéma, cinémas », réalisé dans les années 80. On y voit Patrick Modiano revenir sur les lieux du cinéma de son enfance, transformé en supérette. Il ânonne alors, avec sa diction si particulière, des phrases comme « j’avais pour habitude de m’asseoir là… au milieu des yaourts. » Ici aussi, la topographie a été redistribuée, le commerce a pris la place de choses qui n’appartenait qu’à nous.


Chacun a sa propre topographie intime d’enfance – d’ailleurs dans le film ils courent tous dans tous les sens, comme s’ils cherchaient leur place dans l’espace et le temps, une topographie à eux. Je ne connais pas la séquence dont tu parles. Mais il y a dans le cinéma français une symbolique très forte de la maison : c’est là où il faut revenir, c’est ce qui unit la famille, etc. La grande question de la maison familiale, qui a donné des films très réussis et d’autres beaucoup moins. Je n’ai jamais eu de maison de famille, sans doute cela laisse des traces, et j’avais aussi un peu envie de me moquer de cette place écrasante de la maison dans le cinéma français. Ce personnage devient un peu grotesque à vouloir retrouver à tout prix la maison de son enfance.


Ça m’amuse assez que tu dises ça, toi qui a fait un film qui s’appelle "
Home" et un autre "Domaine", et qui ne cesse de tourner et retourner en Autriche…


On se moque toujours de ce qui nous préoccupe le plus… Bon, je n’ai pas grandi à Ramsau mais à Vienne, et non, je n’ai pas de maison de famille. Mais en cinéma, même si mon rapport à l’Autriche est très compliqué, je me sens très à l’aise là-bas, dans ces paysages montagneux où enfant je passais mes vacances, beaucoup plus qu’à Paris, et il est certain que je dois y chercher quelque chose. Dans Home comme dans ce dernier film, mais sur un ton très différent, la question qui revient c’est "comment on rentre chez soi ?" et avec l’âge, je vois désormais mieux le grotesque de ce retour qui n’a pas lieu – ou pas lieu d’être.

 

Tu filmes la montagne en plans très larges, puis des espaces nettement plus confinés, comme l’appartement de Rudolf. Cette dichotomie dehors / dedans, haut / bas (avec le symbole du saut à ski qui conjugue le vertige du gouffre et l’ivresse des cimes), tout cela t’as permis de disposer d’une palette plus large, de jouer avec différents régimes d’images.


Boys-Like-Us.gifC’est le trio qui induit ça aussi. J’avais moins besoin d’affirmer une ligne que d’éprouver l’envie de ce bordel que constitue un trio. Je souhaitais que le film soit intuitif, léger, rapide. Et puis nous étions une très petite équipe, souple et rapide, et cela a évidemment aussi influé la forme du film.

 

 

La montagne, c’est un choix et un enjeu de mise en scène, parce qu’elle est trop grande et les êtres humains trop petits à côté. Se pose donc la question de ce que j’y vois, de la taille que j’ai par rapport à elle, et plein de questions de caméra, plongée / contre-plongée, comment mettre en scène le vertige en évitant de le jouer …

L’autre question qui me préoccupait, c’est celle du rythme, la vitesse de jeu de trois mecs stressés dans un endroit où il ne se passe rien. Et j’avais très envie d’aller à l’encontre du rythme de mes autres films, même si la montagne est immuable.

 

C’est un pays un peu particulier, l’Autriche. Certains, tel Thomas Bernhard, se sont fait un plaisir de le détester. Je fais appel à lui à cause de ce plan furtif où Gabriel est dans un champ de souches. Immédiatement, cela convoque "Des arbres à abattre".

 

Dans tout le film, je me suis énormément amusé avec ça : le symbolisme. Et je n’y suis pas allé de main morte. J’avais envie d’images comme ça, et je suis allé les chercher. C’est tellement signifiant qu’au bout d’un moment, une couche après l’autre, ça ne signifie plus rien ! Du sur-symbolisme dans une Autriche elle même sur-signifiante, ça peut générer du comique. Sinon, Thomas Bernhard, évidemment, d’autant qu’il n’est pas qu’atrabilaire, il peut aussi être très drôle et très émouvant. La dernière page de "Des arbres à abattre" est une des plus belles mais aussi des plus romantiques que Thomas Bernhard ait écrites. La nuit, le narrateur court à travers Vienne. Et il se rend compte que même s’il rejette ce pays et ces gens, c’est son pays et ses gens. Perdu dans les rues vides, il a le sentiment d’appartenir à cet endroit.

 

Il y a une vraie jouissance du verbe, de la répartie, de l’échange, et la figure du ping-pong est du coup bienvenue et cohérente avec l’énergie ludique du film.


Une fois de plus, le trio appelle des directions, des rythmes et des formes de parole différents. Il fallait aussi laisser le film respirer à sa guise, voir ce dont il a besoin plutôt que d’appliquer une grammaire que j’aurai déjà utilisée.

Il n’y a pas de ma part cette volonté de jouer à "l’auteur", mais plutôt de laisser aussi les autres emmener le film dans des directions non pré-établies. Et puis il y a deux choses que j’adore filmer : les gens qui parlent et le sport !


Aux côtés des trois comédiens principaux, tu as à nouveau fait appel à la chorégraphe Gisèle Vienne qui, en plus d’un joli glissement sémantique, amène d’autres ruptures de ton - ainsi qu’un chouette lot de t-shirts.


Gisele-Vienne---Inge-Maux---Boys-like-us.gifJ’ai connu Gisèle à l’âge de 16 ans, on partage énormément de choses, un certain goût du romantisme allemand, et je pense qu’elle apporte à son personnage, et au film, quelque chose de très beau. Contrairement à nos collaborations précédentes, je l’ai plus filmée à son image, je ne l’ai pas rendue extravagante ou étrange.

 

Elle dégage une douceur très généreuse, et apporte un contrepoint intéressant au trio. D’autre part, elle s’est chargée de la chorégraphie de la scène de la boîte de nuit, cette danse qui est une espèce de course sur place, un essoufflement de soi-même. Maintenant, un post-ado gay de 35 ans qui arbore un t-shirt du groupe de drone metal Sunn O))), c’est aussi une façon de tordre le cou aux clichés. C’était très important dans la scène de drague à Ramsau Beach.

Cela permet également à Stephen O’Malley, un autre ami dont j’admire beaucoup le travail, d’être d’une certaine façon présent dans le film. D’ailleurs, la musique de la boîte de nuit est de lui et Mika Vainio.

 

Cette scène de drague, ou de transmission, à Ramsau Beach est dans une tonalité beaucoup plus nostalgique.


C’est le moment où Nicolas se rend compte qu’entre lui et le jeune garçon, il y a désormais une génération, une distance – qu’il pourrait d’ailleurs surmonter, même s’il ne le fait pas. J’ai dû lire "Mort à Venise" de Thomas Mann à l’âge de 16 ans, voir le film de Visconti dans la foulée, et soudainement, au moment de la préparation du film, cela m’est revenu, comme si mes propres goûts d’adolescent remontaient à la surface. C’était donc pour moi une façon d’incarner le temps, de montrer son passage. J’ai le souvenir d’un très beau jour de tournage, je pense qu’on avait tous l’image de Visconti ou Dirk Bogarde en tête, et qu’elle infuse un peu dans la séquence.


Si flotte ici l’image d’Aschenbach, en revanche c’est un véritable fantôme qui vient à leur rencontre une fois que les trois garçons se retrouvent à l’aéroport.


Il fallait une fin délirante, lyrique et ouverte. Ils se retrouvent après toutes ces disputes (qui frôlaient parfois le théâtre de boulevard) et voilà qu’il y a ce revers farcesque et complètement disjoncté qui signifie peut-être qu’ils peuvent revivre. Le fantôme est à la fois une figure du passé et leur imaginaire à tous les trois. Ce n’est pas Nina Hagen stricto sensu, mais leur Nina Hagen, ce qu’on partage comme fantasmagorie entre amis. Et peut-être qu’elle leur indique la direction à prendre. On retrouve aussi ce cliché homo de la star, de la reine punk qu’on peut rêver ensemble. Mais ce n’est qu’un fantôme et il va leur falloir se confronter à leur propre vie.

 

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Jonathan Capdevielle

 

Jonathan Capdevielle est un comédien français. Après ses études de théâtre à Tarbes, il intègre en 1996 l’École supérieure Nationale des arts de la marionnette. Collaborateur de Gisèle Vienne depuis ses premières mises en scènes, il est interprète au sein de toutes ses pièces, dont beaucoup ont été créés au Festival d’Avignon. Parallèlement il travaille avec différents metteurs en scène, dont Yves-Noël Genod, Marlène Saldana et Jonathan Drillet et dernièrement avec Vincent Thomasset dans la pièce Bodies in the Cellar.

 

Depuis 2009, il crée ses propres pièces, notamment Adishatz/Adieu, un autoportrait délirant et émouvant, qui tourne en France et dans le monde entier.

 

En février 2015 il présentera sa nouvelle pièce,  Saga, un Roman Familial.


 

Mon opinion

 

 

Une mise en scène inaboutie et des dialogues qui n'atteignent pas le but fixé.

 

Dommage l'idée de départ était séduisante. "La vitesse de jeu de trois mecs stressés dans un endroit où il ne se passe rien" précise Patric Chiha. C'est bien là le problème il ne se passe pas grand chose dans son film. Toutefois le réalisateur évite de sombrer dans trop de clichés qui auraient pu devenir lourds et insupportables. Certains passages arrivent à décrocher un sourire.

 

L'histoire se passe au milieu des magnifiques montagnes autrichiennes, qui jouent ici, un rôle essentiel. Elles auraient été un écrin idéal pour traduire la peur de la solitude, le déchirement de la séparation ou le mal être ressenti par la perte de l'innocence et de la jeunesse. Il n'en est rien.

 

Si le film m'a paru bancal je reconnais volontiers une certaine émotion ressentie dans les toutes dernières minutes. Pas suffisantes pour faire oublier trop de longueurs et un manque manifeste de fantaisie qui aurait été bienvenue, voire compréhensible.


 

Sources

http://www.unifrance.org

http://www.imdb.com

18 septembre 2014 4 18 /09 /septembre /2014 20:00


Date de sortie 17 septembre 2014

 

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Réalisé par Anton Corbijn


Avec Philip Seymour Hoffman, Rachel McAdams, Grigoriy Dobrygin,

Willem Dafoe, Robin Wright, Nina Hoss, Daniel Brühl, Homayoun Ershadi


Titre original A Most Wanted Man


Genre Espionnage, Thriller


Production Américaine, Britannique, Allemande

 

Un Homme très recherché est l'adaptation du thriller homonyme du Britannique John Le Carré. Titré en version originale A Most Wanted Man, ce roman a été publié en Grande-Bretagne et aux États-Unis en octobre 2008. L'auteur s'est rendu sur les lieux du tournage pour conseiller et encourager l'équipe, sans pour autant imposer son avis quant au travail d'adaptation.

 

Durant les années 1950 et 1960, David John Moore Cornwell a travaillé pour le MI-5 et le MI6 et a commencé à écrire des romans sous le pseudonyme de John Le Carré.


Simon Cornwell, l'un des producteurs d'Un Homme très recherché, n'est autre que le fils du romancier britannique John Le Carré.

 

Un Homme très recherché est l'un des films posthumes de Philip Seymour Hoffman, décédé le 2 février 2014, soit peu de temps après sa présentation à Sundance.

 

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Philip Seymour Hoffman

 

Synopsis

 

Plus de dix ans après les attentats du 11 Septembre 2001, la ville de Hambourg a du mal à se remettre d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center.

 

Lorsque Issa Kharpov (Grigoriy Dobrygin), immigré d’origine russo-tchétchène, ayant subi de terribles sévices, débarque dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père, les services secrets allemands dirigés par Günther Bachmann (Philip Seymour Hoffman) sont en alerte, tout autant que les services secrets américains.

 

Une course contre la montre s’engage alors pour identifier cet homme très recherché : s’agit-il d’une victime ou d’un extrémiste aux intentions destructrices ?

 

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Rachel McAdams et Grigoriy Dobrygin

 

 

La première partie d'Un Homme très recherché a été tournée à Hambourg en septembre 2012 durant trente-huit jours. C'est dans cette même ville que se situe l'intrigue du roman publié par John Le Carré. L'auteur connait d'ailleurs bien cette ville puisqu'il y fut un temps consul et agent au début des années 1960. Pour le reste du film, deux jours de tournage à Berlin ont été nécessaires.

 

Le scénario est signé par Andrew Bovell. Le directeur de la photographie, Benoît Delhomme,  et Herbert Grönemeyer, en tant que compositeur complètent une belle distribution.

 

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Robin Wright et Philip Seymour Hoffman

 

Pour adapter le livre de la meilleure manière possible, le réalisateur tenait à filmer en automne, une idée qui fut approuvée par Philip Seymour Hoffman : "Je voulais que le film soit empreint de teintes automnales, et évoque la couleur des feuilles des arbres qui roussissent. Philip, lui, voulait qu’on tourne à la fin de l’été. Du coup, je lui ai dit d’insister sur ce point auprès des producteurs !", plaisante Anton Corbijn.

 

C'est en lisant le scénario d'Un homme très recherché que la compagne d'Anton Corbijn évoqua le nom de Philip Seymour Hoffman pour incarner le héros principal, Günther Bachmann.

 

Pour Anton Corbijn, se fut une évidence : "Quand j’ai visionné les premiers montages du film avec Phil, je n’arrivais pas à croire que l’homme à mes côtés dans la salle de projection était le même que je voyais à l’écran. Il s’était totalement approprié le personnage. Et quels que soient ses problèmes personnels, sa prestation n’en a jamais pâti", se souvient le réalisateur.

 

Les actrices Carey Mulligan et Jessica Chastain ont un temps été pressenties pour camper le rôle féminin principal d'Annabel Richter, finalement distribué à Rachel McAdams, qui, pour l'occasion, prit des cours d'allemand pour travailler son accent.

 

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Grigoriy Dobrygin et Willem Dafoe

 

Pour le rôle d'Issa Karpov, Anton Corbijn cherchait un acteur peu connu et idéalement originaire d'Europe de l'Est. "Lorsque Grigoriy Dobrygin est arrivé pour son audition, le magnétisme et l’intensité de son regard nous ont sauté aux yeux. Nous étions tous scotchés", se souvient la productrice Gail Egan.


 

Extrait d'entretien du réalisateur recueilli par Sorin Etienne

pour http://www.lefigaro.fr/cinema

 

Sur le tournage, votre relation avec Philip Seymour Hoffman n'a pas toujours été idyllique…

 
Philip était un homme torturé. Il trouvait qu'il n'était jamais assez bon. Quand on a filmé à Berlin, je suis tombé sur George Clooney, qui tournait dans la même ville. Il m'a demandé si je n'avais pas eu trop d'engueulades avec Philip sur le plateau (George Clooney a dirigé Philip Seymour Hoffman dans Les Marches du pouvoir, NDLR). Si George lui-même avait eu des frictions avec Philip, je me sentais un peu moins débutant… Philip pouvait être difficile mais toujours au bénéfice du rôle, pas pour me faire enrager. Il a eu le temps de voir le film et il en était très fier. Nous avions prévu de tourner un autre long-métrage…

 

Hambourg est l'autre personnage central du film…


Anton-Corbijn---Philip-Seymour-Hoffman---Un-Homme-tres-rec.gifComme dans mon travail de photographe, j'aime filmer des lieux réels plutôt que de m'enfermer dans un studio. Le fait que l'histoire se situe à Hambourg comptait beaucoup pour moi. J'y ai réalisé mon premier clip pour le groupe Palais Schaumburg en 1983 et j'y suis retourné plusieurs fois depuis, notamment pour faire des photos de Depeche Mode.

 

J'aime beaucoup les villes portuaires, comme Rotterdam. Hambourg est un territoire presque vierge au cinéma, on ne peut pas y projeter des émotions anciennes, contrairement à Paris, par exemple, qui a déjà servi de décor à de nombreux films. Le seul film tourné à Hambourg est L'Ami américain de Wim Wenders, avec Dennis Hopper. J'ai eu l'occasion d'en parler avec Wim Wenders et il est lui-même surpris que les cinéastes ne s'inspirent pas plus de Hambourg.

 

 

 

Mon opinion

 

 

Une excellente adaptation d'un roman de John Le Carré. Ancien responsable de la sécurité intérieure du Royaume-Uni et du contre-espionnage, il est aisé de deviner d'où vient son inspiration. Si tirée d'une certaine vérité, c'est déjà redoutable. Imaginer qu'elle ne représente que la partie visible de l'iceberg fait froid dans le dos.

 

Comme dans l'œuvre littéraire l'action se passe à Hambourg. La ville, bien connue du réalisateur, n'est pas filmée sous son meilleur angle. Ce parti pris présente le grand mérite d'augmenter la pression, la noirceur et l'angoisse tout en s'appuyant sur un certain réalisme.

 

Pour un thriller, les dialogues passionnants prennent le pas sur l'action en tenant le spectateur en haleine de bout en bout. Minutieux, et soignés ils dénoncent un jeu de manipulation cruel, et terrifiant.

 

La mise en scène est efficace. Avec un autre grand plus, une extraordinaire distribution.

 

Le jeune acteur russe, Grigoriy Dobrygin est exceptionnel. Son talent et son magnétisme devraient être pour lui un vrai "passeport". Robin Wright, belle et excellente, nous le savions déjà. Rachel McAdams juste et touchante. Willem Dafoe, Nina Hoss et Daniel Brühl complètent un casting impeccable à la tête duquel Philip Seymour Hoffman offre une prestation d'une incroyable force.  

 

"J'ai toujours vu Günther Bachmann comme une âme perdue, concentrée sur son travail. Il boit, il fume mais il est le contraire de James Bond. Les vrais espions ne sont pas comme l'agent 007. Günther est intelligent, cultivé, mais sa manière de chercher des informations n'a rien de divertissante". A déclaré Anton Corbijn dans un entretien.

 

Un grand rôle pour Philip Seymour Hoffman qui restera dans les mémoires comme un immense acteur.

 

 

Sources :

http://www.allocine.fr

http://www.imdb.com

 

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mais beaucoup s'échinent à la transformer

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