Jonas Kaufmann est un ténor allemand, né le 10 juillet 1969 à Munich.
Dans le monde de l’opéra, la voix masculine la plus prisée est fort probablement celle du ténor dramatique, ou de son équivalent allemand, le heldentenor. Une espèce rare, le ténor dramatique avec son timbre sombre est parfaitement adapté aux rôles tels Otello (Giuseppe Verdi), Calaf (dans le Turandot de Giacomo Puccini), Enée, (Didon et Énée d'Henry Purcell), Don José, (Carmen de Georges Bizet) Florestan (Fidelio de Ludwig van Beethoven), Bacchus (Jules Massenet), ou les nombreux grands héros wagnériens, tels Lohengrin, Tannhäuser, Tristan, Walther von Stolzing dans Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, Parsifal, Siegmund et Siegfried.
Un ténor héroïque capable de chanter à la fois les répertoires allemand et italien vaut son pesant d’or.
Le ténor allemand Jonas Kaufmann possède justement cette voix.
À 45 ans et au sommet de son art, Jonas Kaufmann est doté d’une voix à la beauté virile et au lyrisme juvénile, soutenue par une solide technique, une musicalité exemplaire et un grand pouvoir de communication.
Né dans une famille de mélomanes de la classe moyenne à Munich, Jonas Kaufmann prend des leçons de piano. Dès son jeune âge, il débute dans une chorale où il est encouragé à s'inscrire à la Hochschule für Musik de Munich, dont il est diplômé en 1994.
Il lance sa carrière en tant que ténor lyrique léger.
En 1995, Jonas Kaufmann perd sa confiance et perd sa voix. Le baryton américain Michael Rhodes lui vient en aide, et lui révèle une “nouvelle façon de chanter” et comment mieux gérer son art, tant vocalement que personnellement. Jonas Kaufmann lui rend hommage dans Meinen die wirklich mich ? une biographie que lui a consacré l’auteur de langue allemande Thomas Voigt.
Jonas Kaufmann acquiert une couleur vocale plus sombre et lourde qui lui convient mieux. En l’espace de quelques années, il devient l’un des ténors les plus recherchés dans le monde.
Il se perfectionne ensuite dans les master-classes de James King, Joseph Metternich ou de Hans Hotter et débute réellement sa carrière au Théâtre national de la Sarre où il chante pendant deux ans.
Il fait la tournée de plusieurs théâtres allemands où il interprète Berg, Bizet, Mozart, Offenbach, Ramírez, Strauss ou encore Verdi.
Il obtient son premier grand rôle d'opéra au Festival de Salzbourg 1999 en interprétant Le Docteur Faust de Ferruccio Busoni, testament musical et malheureusement inachevé.
Ensuite au MET à plusieurs reprises dans Carmen, la Tosca, Faust, la Walkyrie, Parsifal, Werther, à la Scala où il triomphe dans Lohengrin et dans le Requiem de Verdi sous la baguette de Daniel Barenboim et surtout à l'opéra de Bavière à Munich.
Sa carrière prend alors un essor fulgurant, Jonas Kaufmann est invité sur toutes les plus grandes scènes lyriques mondiales. Stuttgart, Bruxelles, Turin, Londres, Hambourg, Francfort, Berlin, Chicago, Festival de Salzbourg, Genève, Opéra Bastille à Paris dans un magnifique Otello, en 2004, Covent Garden de Londres, Liceo de Barcelone.
Sa remarquable prestation au Metropolitan Opera de New York dans la Traviata en 2006, avec Angela Gheorghiu a accéléré sa réputation mondiale et les engagements internationaux.
Il est dirigé tout au long de sa carrière par les plus grands chef d'orchestres, parmi lesquels Riccardo Muti, Wolfgang Sawallisch, Nikolaus Harnoncourt, Ivor Bolton, Frieder Bernius, Sir Jeffrey Tate, Christoph Eschenbach, Edo de Waart et Antonio Pappano.
Avec Cecilia Bartoli, Anna Netrebko, Placido Domingo, il est désormais de ceux qui remplissent une salle sur son seul nom, et quel que soit l'ouvrage. On se souvient de la fébrilité de l'Opéra Bastille en 2010, avant son premier Werther, et du manque d'intérêt manifeste d'une poignée de groupies pour le drame de Massenet, quand leur vedette fit leur entrée sur scène : oui, après une méchante grippe et une présence incertaine, Jonas Kaufmann était bien là, il n'avait pas annulé ! On en gloussait de plaisir ! Quoi qu'il eût chanté, l'affaire était dans le sac. On en connaît, des admirateurs et admiratrices prêts à entamer le voyage à l'autre bout de l'Europe pour lui et rien que pour lui, pour un Lohengrin, un Faust, un gala en paillettes, peu importe.
"Le succès, on le croit impossible quand on est étudiant, mais on continue à en rêver inconsciemment. Quand il arrive une fois, vous vous dites que ça ne peut pas être vrai. Et puis si, ça continue. Une deuxième fois, une troisième... Et ça ne semble plus s'arrêter. Mais attention, il ne faut pas s'y habituer. Au moment où vous pensez "succès" et où vous vous dites qu'il coulera de source quoi que vous fassiez, vous êtes dans le faux car vous ne tra- vaillez plus que pour ça. Vous n'êtes plus passionné, vous n'avez plus peur, et vous vous perdez." déclare Jonas Kaufmann
Jonas Kaufmann a fêté Le bicentenaire de la naissance de Wagner avec un Parsifal magistral au MET et un CD qui a raflé tous les prix internationaux disponibles, notamment l'opera Award International et le Diapason d'Or de l'année.
René Pape, Jonas Kaufmann, et Katarina Dalayman
Parsifal - Metropolitan Opera production of Wagner’s
Photo: Ken Howard
Il a poursuivi l'année 2013 en fêtant le bicentenaire de Verdi avec deux créations d'anthologie. Pour commencer le Trouvère, une prise de rôle dans une nouvelle mise en scène du français Olivier Py au Bayerisches Staatsorchester.
Jonas Kaufmann s’avère l’interprète idéal de cette vision, car si la prestance et la virilité du guerrier vont de soi, les fêlures qui l’infantilisent doivent tout à l’art du comédien. Cette prise de rôle marque aussi le triomphe d’une voix pour laquelle la partition semble taillée, tant s’imposent l’aisance dans la tessiture, la vigueur de l’émission, la délicatesse des lignes et de la dynamique. Qui a donné à une fin de phrase pianissimo une telle intensité dramatique depuis… depuis ?
Jonas Kaufmann, et Anja Harteros
Le Trouvère - Bavarian State Opera's le 27 juin 2013
Pour suivre la Force du destin, au Bayerische Staatsoper de Munich.
L’action de La force du destin se joue en Espagne et en Italie au milieu du XVIIIème siècle. À Séville, l’histoire d’amour entre Leonora di Vargas et Don Alvaro tourne au tragique lorsque ce dernier tue accidentellement le père de la jeune fille, le marquis de Calatrava. Craignant la vengeance de son frère, Carlo, Leonora se réfugie au couvent de Hornachuelos. Alvaro, engagé dans l’armée espagnole en Italie, sauve la vie d’un adjudant qui se révèle être Carlo; ils ne se reconnaissent pas tout de suite. Cinq ans plus tard, Carlo retrouve son ennemi, devenu homme d’église à l’ermitage de Hornachuelos...
Dans cet opéra de Verdi, ceux qui se retirent dans le crépuscule réconfortant d'une paix divine semblent tenter d'échapper à cette "force du destin".
Jonas Kaufmann et Anja Harteros
La Force du destin - Bayerisches Staatsorchester.
La mise en scène très contemporaine est signée par l’Autrichien Martin Kušejse. Jonas Kaufmann dan le rôle de Don Alvaro donne chair et sang à son personnage d’amant maudit, pourchassé par le frère de celle qu’il a osé aimer puis à laquelle il a du renoncer. Aux côtés de Jonas Kaufmann, Anja Harteros dans le rôle de Donna Leonora et Ludovic Tézier dans celui de Don Carlo di Vargas.
Séparément, Ludovic Tézier et Jonas Kaufmann sont de magnifiques chanteurs, le premier affirmant rôle après rôle un tempérament théâtral autrefois trop réservé, tandis que le second brûle littéralement les planches. Ensemble, stimulés l’un par l’autre, porté par une tension commune qui décuple l’intensité de leur engagement individuel, ils "font la paire", indéniablement. Dans La Force du destin, Verdi orchestre la confrontation entre Carlo et Alvaro, offrant à ses personnages jusqu’au-boutistes (notamment le frère assoiffé de vengeance et aveuglé par la rage) des duos d’une puissance et d’une beauté quasi insoutenables. Frappés par le désespoir, poussant la douleur à son paroxysme et franchissant sans retour les frontières de la raison, les héros verdiens n’en demeurent pas moins vraisemblables, familiers et touchants. Encore faut-il des interprètes à leur mesure, possédés par la flamme, habités par la musique, mêlant les trésors de leur talent dans le creuset du travail d’équipe.
Jonas Kaufmann confie "Ça a été une expérience exceptionnelle, grâce avant tout à Anja Harteros et Ludovic Tézier. Comment retrouver une distribution aussi parfaite? Aucun baryton à l'heure actuelle ne possède une ligne vocale comparable à celle de Ludovic ! Et pourtant, il me tarde de reprendre Alvaro... même s'il est redoutable vocalement."
Parallèlement à sa carrière de chanteur d'opéra, il se produit régulièrement lors de récitals où il excelle en tant que chanteur de lied, accompagné de son ami pianiste Helmut Deutsch.
Ses qualités musicales n'expliquent peut-être pas tout. Jonas Kaufmann possède de vrais dons d'acteur; il est juste en scène mais aussi très séduisant, avec un physique de latin lover— lui, le Munichois pure souche — qui le prédispose au cinéma. Son côté "play-boy de l'opéra", il n'en peut plus. "Au début de ma carrière, avouait-il l'an passé au magazine Elle, c'était déprimant: moi qui travaillais comme un fou, moi qui n'ai jamais franchi les portes d'un club de sport, je n'entendais parler que de mon physique. Mais depuis un an ou deux, je crois que ma voix intéresse davantage que ma silhouette."
Renée Fleming s'est moquée de lui un jour, arguant qu'avec son physique, on allait tôt ou tard le pousser vers la variété. Ce à quoi, souriant, il a répondu que ses trois enfants accrochaient moins à Wagner qu'à des chanteuses comme Adele et Beyoncé, et qu'il ne s'interdirait rien... On attend de voir. Car le cross-over ne semble pas sa tasse de thé. En 2012, quand il a chanté l'hymne de la Ligue de l'UEFA sur la pelouse du stade de football de Munich devant des millions de téléspectateurs, main dans la main avec le violoniste star David Garrett, c'était une gourmandise en chemin, rien d'autre : il s'est bien amusé, et ça se voit.
"Bien sûr, c'est un privilège de star de pouvoir dire oui ou non et de choisir. Ses théâtres. Ses opéras. Ses projets. Organiser son temps à sa façon et n'en rendre compte à personne. Avant, j'étais ravi de remplir mon agenda et de signer des engagements plusieurs saisons à l'avance. Dire oui à tant de choses ! Il s'est avéré que ça pouvait être une grosse erreur. Le Met, Covent Garden, Barcelone aiment vous retenir cinq, six ans à l'avance. Mais le moment venu, les projets d'hier ne sont plus aussi appropriés qu'ils l'étaient à la signature. Vous avez suivi un autre chemin, vous aimeriez faire autre chose, mais vous ne le pouvez plus. Désormais, mon calendrier compte donc beaucoup de trous. Y compris la prochaine saison. Je veux rester ouvert, disponible pour des projets qui s'imposent." a déclaré Jonas Kaufmann.
Peu de chanteurs sont capables d’une telle variété de couleurs tonales, du plus doux mezza voce aux fortissimos retentissants. Combinant ses prouesses vocales avec un physique à faire rêver, il n’est guère étonnant que Jonas Kaufmann soit considéré comme le ténor spinto-dramatique par excellence de notre époque.
Au cinéma Jonas Kaufmann apparaît dans le film Casanova Variations sorti en salles le 19 novembre 2014.
Le 23 mai 2015 Jonas Kaufmann était en concert,
avec le Munich Radio Orchestra sous la Direction de Jochen Rieder
au Théâtre des Champs Elysées à Paris.
Sources :
http://www.opera-online
http://www.jkaufmann.info/presse_fr
http://www.francemusique.fr