Date de sortie 1er mai 2013
Réalisé par Nick Quinn
Avec Pierre Arditi, Jean-Pierre Marielle, Julie Ferrier,
Audrey Fleurot, Artus de Penguern, Radivoje Bukvic,
Thibault Vinçon, Pierre Vernier, Cyril Gueï
Genre Comédie
Production Française
La Fleur de l'âge est le premier film de Nick Quinn,
plus habitué à réaliser des documentaires pour la télévision
et une série de court métrages.
Depuis vingt ans, on le connaît surtout pour ses documentaires, dont certains, Karaoke Angels, ou plus récemment, une série sur l’histoire des villes à travers leurs ordures ménagères, ont fait un tabac sur Arte.
Synopsis
Gaspard Dassonville (Pierre Arditi) a 63 ans.
Son style de vie en a la moitié : producteur et animateur de télévision réputé et en pleine gloire, il accumule les compagnes trentenaires et s’obstine à ignorer tout signe de vieillissement. Il fonce dans l’existence sans penser un instant que la machine pourrait s’arrêter. Gaspard vit dans un monde où seule prime la jeunesse. Son émission fait de l’audience, il est bien dans sa vie lorsqu’on lui fait soudain comprendre que tout cela est terminé. C’est un peu comme si son poing se refermait sur de l’eau alors qu’il croyait avoir tout le pouvoir entre ses mains
Il va devoir affronter une double peine, la chaîne de télévision qui l’emploie veut se séparer de lui, et son père, Hubert (Jean-Pierre Marielle), jusqu’ici valide ne peut plus vivre seul après s’être cassé la hanche.
Vieillard indomptable, Hubert vient perturber l’arrangement de son fils avec une jeunesse illusoire.
Le duo se transforme en trio avec l’arrivée de Zana Kotnic (Julie Ferrier), aide-soignante aux références douteuses et à l’imagination débridée. Fascinés chacun à sa manière par cette femme peu conventionnelle, père et fils s’affrontent et se redécouvrent.
Pour tourner La Fleur de l'âge, le réalisateur a puisé son inspiration dans des films tels que Beginners réalisé par Mike Mills qui aborde lui aussi l'histoire d'un père et son fils, Monsieur Schmidt d’Alexander Payne réalisé en , qui traite de la vieillesse avec beaucoup d'humour, et dans une moindre mesure, Intouchables réalisé par Olivier Nakache et Eric Toledanopour son incroyable humanité.
Au sujet du rôle de Gaspard, Nick Quinn confie :
"J’aimais l’idée qu’il travaille dans l’audiovisuel.
La télévision est un concentré de la société :
on y refuse la vieillesse, on n’ y accepte pas l’idée de la mort."
Nick Quinn a fait ses études de cinéma en France à la section réalisation de La Fémis. Le hasard et les opportunités de la vie l’ont très vite amené, presque malgré lui, à se spécialiser dans le documentaire. Une formidable école : "on vous demande d’entrer dans la vie de gens que vous ne connaissez pas et de les interroger sur les raisons qui les poussent à agir comme ils le font. Il faut savoir les regarder avec humanité et tendresse mais aussi avec une certaine cruauté; être en mesuredeleurdire:«Voilàcequejevois».ony apprend à capter le réel." confie de réalisateur.
Julie Ferrier et Pierre Arditi
Dès sa sortie de l’école, Nick Quinn a commencé à tourner des courts métrages et à développer des scénarios. Il a même parfois reçu des commandes pour en écrire. Mais ses projets, souvent écrits en anglais alors qu’ils étaient destinés à la France, n’aboutissaient pas. Jusqu’à ce que son producteur, Laurent Lavolé, fasse la rencontre d’Andreïa Barbosa, dans un atelier d’écriture. La scénariste Andreïa Barbosa signe, elle aussi, son tout premier scénario. Sa précédente expérience filmique consistait à assister la réalisatrice Agnès Beaumale sur son court-métrage Bon sang ne saurait mentir réalisé en 2005.
Nick Quinn et Andreïa Barbosa ont développé le scénario de La Fleur de l'âge, pendant un an avec Gloria Films et la collaboration précieuse de Santiago Amigorena.
Le metteur en scène Nick Quinn, de père anglais et de mère française, a passé les dix premières années de sa vie en Angleterre. C'est cette double culture qui lui a permis de traiter les rapports entre Gaspard et son père Hubert avec un humour assez grinçant, car les Anglais sont peu enclins à se toucher et s’embrasser; et que chez eux tout passe par la comédie.
Il a d’abord fallu trouver le comédien qui interpréterait Hubert : c’était le rôle le plus complexe à distribuer. Il n’y a pas beaucoup de vedettes de cet âge et il était impensable d’aller leur demander de passer un casting. Nick Quinn s'est souvenu d’un film qui l’avait beaucoup marqué : L' Amour c'est gai, l'amour c'est triste, réalisé en 1969 par Jean-Daniel Pollet. Jean-Pierre Marielle y joue un maquereau qui met une jeune fille de province, jouée par Chantal Goya, sur le trottoir. Il est drôle, stupide, plein de vie ; extraordinaire. Nick Quinn a très vite pensé à lui. Un jour, au terme d’une longue attente, il le convoque. " J’ai lu votre scénario. Il est formidable. Mais franchement, je ne vois pas ce que je peux faire dedans."
Nick Quinn ne comprend pas très bien pourquoi il lui a demandé de venir s’il ne veut pas faire le film. Mais commence alors une longue discussion. Concernant leurs pères respectifs. Et là, au bout d’une demi- heure : "Je vais replonger mon nez dans le texte", déclare Jean-Pierre Marielle. Après un déjeuner ensemble, le courant était passé. "À partir du moment où Jean-Pierre avait donné son accord, le film a changé de statut." avoue le réalisateur.
À la lecture du script, un des soucis du réalisateur était de voir que le personnage de Jean-Pierre Marielle ne mourait pas à la fin du film, et que le sujet de la mort soit ainsi esquivé. Lorsqu'il en a fait la remarque aux deux scénaristes, ils ont décidé de faire mourir quelqu'un d'autre, le fils du vieil ami que croise le personnage de Jean-Pierre Marielle au restaurant., ce qui permettait d'éviter l'happy ending, tout en gardant les personnages principaux intacts.
Jean-Pierre Marielle fait partie de ces acteurs vétérans qui aiment donner leur chance aux jeunes metteurs en scène. Il a déjà tourné pour Jean-Teddy Filippe dans Le Mystère, toujours inédit en salles, dans le magnifique Rondo d'Olivier Van Malderghem réalisé en 2012 où il interprète un vieillard distant et austère pendant l'occupation Nazie, ou encore avec Stéphanie Murat pour Max en 2012, une comédie au grand coeur.
Julie Ferrier et Jean-Pierre Marielle
A 81 ans, Jean-Pierre Marielle est considéré comme l'un des derniers monstres sacrés du cinéma français. Avec plus d'un demi-siècle de carrière, plusieurs nominations aux César et un nombre bluffant de récompenses cinématographiques, ou d'autres encore pour sa brillante carrière sur les planches, le comédien au regard si particulier est toujours très présent. La Fleur de l'âge, qui le voit à nouveau s'amuser dans un rôle de râleur, est son presque centième film.
Restait Gaspard, un personnage également difficile à jouer puisque, tout au long du film, il observe, il fallait un acteur puissant qui pouvait projeter son univers intérieur. Pierre Arditi se l’est immédiatement approprié. "Gaspard, c’est moi", s’est-il aussitôt enthousiasmé. Il a connu une situation semblable avec son père. éLorsque nous avons tourné, il était vraiment dans les angoisses du personnage, et c’était courageux de sa part de s’y confronter.é rajoute Nick Quinn.
Pierre Arditi s'est beaucoup identifié à Gaspard, son personnage. L'acteur avait vécu une situation similaire avec son propre père, le peintre Georges Arditi, atteint de la maladie d'Alzheimer et décédé peu de temps après la fin du tournage. Les colères et caprices d'Hubert ressemblaient fortement aux états que son père traversait, et Jean-Pierre Marielle lui-même le lui rappelait par son humanité, sa créativité, sa folie un peu enfantine. Jean-Pierre Marielle s'est lui aussi vu touché par le personnage d'Hubert, ayant lui-même vécu le départ de ses enfants et l'éloignement qui en résulte.
Nick Quinn a longtemps hésité avant de tourner la difficile scène où le personnage de Pierre Arditi lave son père dans la douche. Toute l’équipe était horrifiée à cette idée. "Tu n’y penses pas !", répétait-on au réalisateur. Il s'explique : "L’idée n’était évidemment pas de filmer du caca partout. Ce qui m’intéressait, c’était de montrer la détresse de ce vieil homme qui perd ses moyens et la réaction de son fils face à cette situation humiliante. Et que fait le fils ? Il se met à rigoler. C’est ce qu’on fait tous dans ces cas-là. Ce n’est qu’après coup qu’on encaisse. Lorsque Pierre et Jean-Pierre ont tourné le plan, j’étais en larmes devant le combo. À tel point que j’ai failli ne pas tourner la séquence suivante, lorsqu’ils sont sur le lit. J’avais l’impression d’une redite. on a quand même fait la prise. Et c’est encore plus fort. Lorsque Hubert dit à Gaspard : "Tu es mon petit garçon", on comprend que c’est à ce moment-là qu’ils encaissent vraiment ce qui vient de se produire."
Plus encore qu'une histoire de réconciliation entre père et fils, le film aborde aussi les disparités entre générations, cette Fleur de l'âge où l'on se bat encore avant de devoir passer la main, même si, comme l'explique Pierre Arditi, "Une étape douloureuse. Ce moment bouleversant où les choses peuvent violemment changer. Du jour au lendemain, on se retrouve orphelin de choses qu’on pensait naïvement posséder pour toujours. J’ai de l’affection pour mon personnage ce qui lui arrive peut tout à fait m’arriver demain. En l’interprétant, je me suis offert la projection d’événements peu agréables qui peuvent malheureusement survenir dans une existence."
Dans le film, Jean-Pierre Marielle incarne le père du personnage joué par Pierre Arditi. Une relation qui nécessite une différence d'âge certaine. Seulement, à respectivement 81 et 69 ans, les deux comédiens n'ont en réalité... que douze ans d'écart !
Concernant les principaux protagonistes du film, le réalisateur confie : "Ils ont une présence complétement bluffante. Jean-Pierre Marielle a ce côté enfantin, déconneur, qu’il a réussi à garder malgré son âge et son expérience. Pierre Arditi a cette humilité qui est sa marque. Pierre a un métier incroyable mais il a gardé la fraîcheur des gens qui jouent tous les soirs au théâtre : il ne lui viendrait pas à l’idée, par exemple, de ne pas rester pour faire le contrechamp d’un autre acteur qui n’est là que pour une journée. C’est quelqu’un qui respecte profondément le jeu. Sa présence pousse une équipe à élever son niveau. C’est grâce à eux et à Julie Ferrier que le film est réussi."
Julie Ferrier
Nick Quinn avait vu des spectacles de Julie Ferrier et l’avait déjà rencontrée pour un précédent projet qui n’avait pas réussi à se monter. Il la désirait absolument pour le personnage de Zana. Encore un rôle très casse-gueule qui pouvait facilement verser dans le loufoque, le ridicule ou la bêtise. "Je savais que Julie éviterait ses écueils et emmènerait Zana sur le terrain de la poésie."reconnait le réalisateur. Avant de rajouter : "Julie s’est totalement approprié le personnage; on connaît la force comique de son jeu mais beaucoup moins la puissance émotionnelle qu’elle peut dégager. Et il fallait cette émotion pour confronter ces deux monstres sacrés. J’aimais l’idée qu’elle serve de trait d’union entre Gaspard et Hubert. Elle oblige le premier à ralentir et convainc le second d’accélérer. Je la vois un peu comme une sorte de Mary Poppins. Elle a une mission, elle l’accomplit puis elle repart."
Le troisième personnage du film est Zana, l’aide de vie qu’interprète Julie Ferrier. "Zana traverse la vie de ces deux hommes comme une comète ; on sent qu’elle ne restera pas. Toutes proportions gardées, elle me fait penser au Visiteur dans Théorème de Pasolini ; cet homme qui passe dans la vie d’un certain nombre de gens et les transforme en profondeur. Avec sa belle santé, son incroyable humour, sa tendresse, sa patience et sa grâce, Zana fend la cuirasse qu’Hubert et Gaspard se sont construit pour se protéger. Au fond, ils sont comme deux infirmes qu’elle révèle à eux-mêmes en leur faisant redécouvrir des éléments essentiels de leur personnalité. Elle agit comme un catalyseur." déclare Nick Quinn.
Pierre Arditi et Audrey Fleurot
En second rôle, on retrouve les boucles rousses d'Audrey Fleurot, actrice en vogue grâce à ses rôles dans Les Femmes du 6e étage en 2011, Intouchables ou encore la comédie Mais qui a re-tué Pamela Rose ? en 2012. Cette année, elle a eu l'occasion de jouer dans La Vraie vie des profs, dans lequel elle incarne Mme Oufkir, la surprenante professeur de français...
Avant de se revendiquer La Fleur de l'âge, le film de Nick Quinn portait le nom de "Zana", le personnage interprété par Julie Ferrier qui va aider les deux hommes à se découvrir l'un et l'autre...
Sources :
http://medias.unifrance.org
http://www.arte.tv
http://www.imdb.com
http://www.allocine.fr